Une fin abrupte aux espoirs du V. Boutin

En plein cœur de sa série demi-finale face au Cité Construction de Disraeli, le V. Boutin de Plessisville, tout comme le reste de Ligue de hockey junior AA Chaudière-Appalaches, a vu ses activités prendre fin abruptement en raison de la menace de la COVID-19. Avec l’annonce officielle de l’annulation de sa saison, le V. Boutin a dû essuyer le choc.

Si la formation plessisvilloise comprend tout à fait les motifs derrière cette décision, la gifle n’a pas pour autant été facile à encaisser. La troupe de l’entraîneur-chef Carl Habel ne croyait pas que son revers de 3 à 2 face à Disraeli lors de son dernier match allait être sa dernière sortie de la saison. La série tombait à égalité 1 à 1 après cette rencontre. C’est lorsque Hockey Québec a annoncé mettre officiellement un terme à la saison 2019-2020 que les membres du V. Boutin ont compris que leur ligue était la prochaine à mettre la clé dans la porte en attendant l’an prochain. «Jeudi et vendredi ont été des journées assez difficiles. C’est décevant, on ne se le cachera pas. Nous n’avons pas de contrôle et c’est ce qui est possiblement plus décevant. Quand nous avons joué à Disraeli, nous ne croyions pas que ce serait notre dernier match. Je pense à nos joueurs de 21 ans qui évoluaient chez nous depuis trois ans et qui espéraient gagner cette année. Ils ont appris qu’ils ne rejoueraient plus à ce niveau. C’était un choc pour tout le monde», a relaté Habel.

Évidemment, la formation plessisvilloise aurait préféré une simple suspension de la saison, et non une annulation. Cependant, avec toutes les mesures drastiques qui s’enchainent, il devenait complètement inenvisageable pour les autorités de la ligue d’entretenir l’espoir de reprendre la saison. «Saint-Georges a annoncé que leur aréna fermait jusqu’à la fin du mois de mars puis Plessisville a fait de même. L’aréna va demeurer fermé, donc on n’aurait pas joué plus. Est-ce que ça pouvait reprendre dans un mois et demi, deux mois? On ne sait pas.»

Dans tout ça, ce qui fait le plus mal aux yeux de l’entraîneur, c’est la fin de la carrière junior de ses vétérans de 21 ans. Ceux-ci n’ont pas eu la chance de pleinement savourer leurs derniers moments à ce niveau, car ils étaient persuadés qu’ils auraient la chance de jouer au moins deux autres parties en temps normal. «C’est ce qui fait le plus mal. Quand tu te fais éliminer, ça fait mal, mais tu as perdu cette rencontre. Là, nous avions notre dernier match, mais la série était à égalité 1-1. Nous savions également que nous allions à la coupe Dodge, à Alma en avril. Il restait donc encore un mois et demi de hockey. C’est ça qui fait mal. Notre but était de nous rendre en finale. Cela dit, la bonne décision a été prise. Nous aurions peut-être pu jouer la fin de semaine dernière, mais est-ce que ça aurait donné quelque chose?»

Un bilan positif

Bien qu’on ne sache jamais jusqu’où aurait pu aller cette équipe, il faut reconnaître que la saison 2019-2020 du V. Boutin s’est avéré une réussite. Terminant au 3e rang du classement général avec 61 points, la troupe dirigée par Habel a présenté la meilleure défensive du circuit (70 buts contre) et la 3e meilleure attaque (144 buts pour). Sa fiche de 20-6-0-2 était en réalité la deuxième meilleure du circuit, mais la perte de nombreux points franc-jeu l’avait fait reculer jusqu’au 3e échelon. «Nous avions de grosses attentes et je crois que nous avons répondu. Nous avons obtenu 20 victoires en 28 rencontres, ce qui est assez exceptionnel. Nous étions au second rang de la ligue au chapitre des victoires, mais ce sont nos points franc-jeu qui ont fait en sorte que nous n’avons pas terminé au second rang. Côté performance, nous sommes satisfaits en saison. Nous avons perdu des rencontres que nous aurions dû remporter en cours de route. Nous avions une très bonne attaque et la meilleure défensive. Nos deux gardiens ont tenu le fort. C’était incroyable. Nous avons bien fait en tournoi, mais nous avons perdu les deux fois en demi-finale. C’était crève-cœur. […] Nous avions l’équipe pour aller jusqu’au bout.»

Le V. Boutin verra maintenant ses vétérans de 21 ans quitter l’équipe tandis que les places seront limitées pour ceux qui avaient 20 ans cette année. Cela fera donc en sorte que Plessisville perdra de gros morceaux, ce qui pourrait entraîner passablement de changements dans l’échiquier de l’équipe. «Ce qui est plate, c’est que nous avions la formation la plus complète des quatre dernières années cette saison. Est-ce que ça va être encore le cas l’an prochain? Ce qui est certain, c’est que j’ai quatre joueurs de 21 ans qui partent. Il s’agissait de quatre gros joueurs. Je pense notamment à mon capitaine Alex Kuster. Si nous avions une bonne défensive dans cette ligue, c’est qu’il en était en grande partie responsable. En attaque, Maxime Chabot et Alex Lessard ont connu de bons moments, notamment en séries. Il va y avoir de grosses pertes. Certains devront rehausser leur niveau de jeu. La ligue sera encore très forte l’an prochain. Ça risque d’être serré.»