Tigres : un retour inattendu pour Yanick Jean

VICTORIAVILLE. La scène avait des allures surréalistes. Rarement on a vu cette situation dans le monde du hockey, particulièrement dans celui de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Congédié par Jérôme Mésonéro et l’ex-président Éric Bernier deux jours après l’élimination des Tigres le 30 mars dernier, Yanick Jean effectue un retour dans l’organisation, non pas à titre d’entraîneur, mais plutôt comme… directeur général!

Moins de trois mois après son congédiement, Jean a été promu par le nouveau président Johnny Izzi. Il a été préféré, entre autres, au vice-président aux opérations hockey des félins, Carl Mallette. Ce dernier était présent lors de la conférence de presse, vendredi matin. Bruce Richardson, successeur de Jean à la barre des Tigres, était aussi sur place.

D’entrée de jeu, M. Izzi a énuméré les nombreuses raisons qui ont mené à l’embauche surprenante de Yanick Jean. D’ailleurs, c’est le président qui a approché l’ex-entraîneur-chef de l’équipe pour s’enquérir de son intérêt pour le poste.

«Je cherchais quelqu’un qui connaissait la ligue et qui possédait de l’expérience. Mon choix s’est arrêté sur Yanick. Il connaît bien l’équipe. Il connaît aussi la ligue. Avec Carl (Mallette) à titre de vice-président aux opérations hockey, et Bruce (Richardson) comme entraîneur, nous aurons l’un des meilleurs personnels hockey du circuit. Bruce connaît bien le circuit midget AAA, Yanick maîtrise bien la LHJMQ. C’est tout un atout, a-t-il dit. Yanick est un homme de cœur, c’est ce que je recherchais. La famille figure aussi parmi ses priorités. Je partage sensiblement les mêmes valeurs que lui. C’était important pour moi. Pour toutes ces raisons, j’ai décidé que Yanick était le meilleur candidat à mes yeux.»

Jean, de son côté, admet qu’il a été surpris d’avoir été approché pour ce poste. De sa longue et riche expérience dans le monde du hockey, tant à titre de joueur que d’entraîneur, il n’a jamais été témoin d’une situation semblable, à la limite du farfelu, qu’est celle de revenir dans la même organisation qu’il a été forcé de quitter il y a trois mois. Il n’a toutefois pas hésité à accepter ce défi. Il précise qu’il connaît déjà les rouages administratifs du circuit puisqu’il s’est occupé de bien des aspects de la gestion d’une équipe de hockey junior lorsqu’il était l’entraîneur-chef du Rocket de l’Île-du-Prince-Édouard.

«Je ne vous cacherai pas que j’ai trouvé un peu bizarre de recevoir l’appel de M. Izzi. C’est une situation un peu hors du commun. Après quelques minutes de réflexion, j’ai confirmé mon intérêt pour le poste. Je suis bien ici. Ma famille est implantée. C’est important à mes yeux», a-t-il commenté.

Jean reconnaît qu’il est un entraîneur dans l’âme. Il précise qu’il ne fait pas une croix sur un éventuel retour derrière le banc, mais pas celui des Tigres. Quoi qu’il en soit, il dit aussi apprécier le recrutement. D’ailleurs, il envisageait d’occuper cette fonction à temps partiel l’hiver prochain s’il ne s’était pas déniché d’emploi derrière un banc.

Au cours des dernières semaines, le nouveau directeur général des Tigres dit avoir été approché par quelques formations du circuit Courteau et professionnelles. Il a préféré décliner ces propositions, souhaitant demeurer dans la région pour l’instant. Le défi des Tigres est donc arrivé à point. Il a conclu une entente de trois saisons avec l’organisation.

Les compteurs à zéro

En acceptant le poste de directeur général, Yanick Jean est devenu le patron de son successeur à la barre de l’équipe, Bruce Richardson. Les deux hommes, accompagnés du président Izzi, se sont d’ailleurs rencontrés pour apporter une éclairage sur cette situation délicate. Jean, a-t-il insisté, n’a pas l’intention de jouer à la belle-mère avec Richardson, et ce, même s’il pourrait être tentant de lui tirer les ficelles.

«On recommence à zéro. On ne ramènera pas le passé sur la table. On regarde en avant. Bruce a mon entière collaboration et ma confiance. Il pourra travailler en paix. D’ailleurs, je vais beaucoup apprendre de lui. Dans le hockey, on a tous quelque chose à apporter aux autres. Il faut être ouvert et réceptif pour progresser. Je veux faire avancer l’équipe. Je suis ici pour gagner et partager mon expérience. Nous travaillerons ensemble. Ce n’est pas une question de hiérarchie. Dans ma nouvelle fonction, je n’ai par ailleurs pas affaire aux joueurs. Je vais laisser les entraîneurs s’occuper d’eux», a martelé Jean.

Le nouveau directeur général, à cet égard, souhaite donner le temps à Richardson de s’installer avant de prendre d’importantes décisions. «Je connais les joueurs par cœur. Bruce doit maintenant faire le même exercice. À partir de ce moment, on pourra mettre des choses en place. Son opinion et sa vision seront très importantes», a-t-il indiqué.

Habitué aux feux de la rampe et à l’action qu’apporte la fonction d’entraîneur-chef, Jean estime qu’il n’aura pas de difficulté à s’adapter à sa nouvelle fonction. Il ne croit pas, non plus, qu’il s’ennuiera de son poste d’entraîneur-chef.

«Je vais le découvrir avec le temps, mais après tant d’années à agir à titre d’entraîneur, ça ne peut qu’être bénéfique de prendre du recul dans un poste comme celui-là. Je souhaite, entre autres, faire du recrutement. À cet égard, je ne compte pas apporter de changements au sein de notre équipe de recruteurs», a-t-il expliqué. Pierre Cholette demeurera donc coordonnateur du recrutement chez les Tigres. Tous les recruteurs de l’organisation ont vu leur contrat être renouvelé pour deux ans.