Sa patience et sa persévérance le mènent dans les Maritimes

En dépit du fait qu’il ait été sporadiquement utilisé lors de son passage chez les Vulkins du Cégep de Victoriaville, le maraudeur victoriavillois Alex Lamontagne-Verville a su en faire assez pour être remarqué par les X-Men de l’Université Saint-François-Xavier. Il demeure le seul joueur de sa cohorte à avoir atteint les rangs universitaires.

(Photo tirée de Facebook)

«C’est quelque chose qu’il y a beaucoup d’importance à mes yeux. Je regarde le parcours que j’ai eu et je n’ai jamais été une vedette. J’ai toujours eu de la difficulté à avoir du temps de jeu. Par exemple, à ma dernière année collégiale, j’ai changé de position trois fois avant de trouver du temps de jeu. Ça a pris des blessures avant que je joue. J’ai joué quatre matchs et je me suis fait recruter sur ces rencontres. Je pense que ça prouve que même si j’avais moins de talent que plusieurs joueurs de mon âge, j’ai continué de travailler et de croire en mon rêve, ce qui m’a amené à me faire payer une éducation. J’aurai un diplôme universitaire (baccalauréat en arts avec spécialisation en psychologie) et je suis maintenant partant à l’université. J’ai cru en moi quand d’autres personnes n’y croyaient pas. Ça me rend fier», a relaté le jeune homme de 23 ans.

Le maraudeur considère avoir progressé passablement depuis ses débuts à l’université située à Antigonish, en Nouvelle-Écosse. «Lors de la première saison, c’était de l’adaptation. J’arrivais dans une nouvelle province, un nouveau calibre de jeu et à l’université. Physiquement, je n’étais pas nécessairement prêt à évoluer à ce niveau, car j’ai eu plusieurs blessures qui m’ont ralenti tout au long de l’année. Je n’ai pas été habillé de l’année. À la deuxième saison, j’étais en meilleure forme et je savais à quoi m’attendre. Je me suis trouvé un rôle sur les unités spéciales et j’étais le premier remplaçant à plusieurs positions. J’ai vu le terrain passablement et notre équipe a remporté le championnat. Ça a vraiment été une belle saison.»

Évidemment, il arrive que le lendemain de veille après une conquête soit difficile étant donné que des vétérans clés quittent l’équipe. C’est ce qui s’est passé pour les X-Men alors que la saison qui vient de se terminer a été plus difficile. «Ça a été plus difficile pour l’équipe cette fois puisque nous avons eu seulement deux victoires. C’était plus difficile pour le moral. Personnellement, ça a été une bonne saison. J’ai été partant pratiquement tout au long de l’année. J’ai cependant subi une fracture au pied à l’avant-dernier match.»

Un choix songé

Lorsque son parcours collégial a pris fin à l’automne 2016, Lamontagne-Verville a eu droit à quelques appels pour visiter certaines universités. L’Université Saint-François-Xavier a cependant mis le paquet pour le convaincre de venir s’aligner avec eux. «Les entraîneurs m’ont fait venir en avion et j’ai été là pendant trois jours. J’ai pu visiter les installations et rencontrer les joueurs. Cette expérience m’avait ouvert les yeux sur les possibilités que nous avions à l’extérieur du Québec. L’atmosphère est plutôt particulière ici. Ça m’avait marqué. Ça avait l’air d’un programme où je pourrais vivre une belle expérience et me développer assez rapidement en tant que joueur», a raconté l’ancien des Mauves.

En choisissant de s’aligner avec les X-Men, le Victoriavillois savait qu’il aurait l’occasion de jouer rapidement et de faire partie d’une équipe dominante dans sa conférence. Son instinct ne l’a pas trompé puisqu’à sa deuxième année, l’équipe basée à Antigonish s’est emparée du titre de champions des Maritimes, ce qui lui a valu une présence à la coupe Uteck (demi-finale canadienne universitaire).

Un calibre sous-estimé dans les Maritimes

Au football universitaire, il existe un important fossé entre les équipes de pointe et les autres. Par exemple, au Québec, les Carabins de l’Université de Montréal et le Rouge et Or de l’Université Laval dominent la scène depuis belle lurette. Lamontagne-Verville a pu le constater lorsqu’est venu le temps de disputer la fameuse coupe Uteck contre le Rouge et Or. Cette rencontre s’est terminée par la marque de 63 à 0 en faveur de l’Université Laval. Cet exemple parmi tant d’autres fait en sorte que les stéréotypes stipulant que le football de la conférence des Maritimes est plus faible s’avèrent donc bien ancrés dans l’esprit des amateurs de football d’ici. D’un point de vue interne, Lamontagne-Verville croit qu’il faut cependant relativiser les choses. «Il y a probablement un peu de vrai dans ce que les gens disent. Je crois que c’est démesuré par contre. Je regarde des programmes comme ceux de l’Université Concordia (Stingers) et de l’Université de Sherbrooke (Vert et Or) et ils alignent de bonnes équipes. Cependant, même face aux Carabins ou au Rouge et Or, c’est très rare que ces équipes gagnent.»

Pour continuer sur l’exemple de Concordia et de Sherbrooke, ces deux formations ont la chance d’affronter à quelques reprises durant l’année les puissances que sont les Carabins et le Rouge et Or. Quand l’équipe représentant les Maritimes se pointe contre eux à la coupe Uteck, c’est sa première confrontation. «Nos équipes ne connaissent pas ces adversaires. La seule fois que nous les affrontons, c’est en demi-finale canadienne, donc on performe moins bien que les autres formations québécoises. Je crois donc que le niveau est assez similaire entre le Vert et Or ou les Stingers et les meilleures équipes de notre conférence.»

Le maraudeur victoriavillois estime que le fait que les joueurs des Maritimes n’aient pas à passer par le cégep avant d’aller à l’université les rend moins matures physiquement que les joueurs québécois qui ont eu trois ans pour se développer au niveau collégial. «Les recrues arrivent à l’âge de 17 ou 18 ans. Quand tes partants se blessent, tu te retrouves avec un jeune qui n’a aucune expérience plutôt qu’un gars qui a joué dans le collégial et qui a plus d’années de développement physique derrière la cravate. C’est là que je vois la plus grosse différence dans le calibre. La profondeur est différente.» Cette année, les Carabins ont remporté la coupe Uteck 38 à 0 face aux Axemen de l’Université Acadia.

Une proximité entre l’équipe et la communauté

Comptant sur près de 5000 étudiants, l’université néo-écossaise n’est pas très fréquentée. Antigonish, située à deux heures de route d’Halifax et de Sydney, avec seulement 4364 habitants, est également une petite ville. «Tu te retrouves un peu au milieu de nulle part. La communauté étudiante est le principal intérêt de la région. Tout tourne autour de l’université, ce qui rend l’atmosphère vraiment superbe. L’université, c’est un peu comme la chose la plus importante dans la vie des gens. Ça fait en sorte que tout le monde se connait jusqu’à un certain point. Il y a un gros esprit de famille qu’il n’y a pas nécessairement ailleurs.

Évoluant à l’Oland Stadium, un stade fraichement rénové qui peut accueillir 4000 personnes, les X-Men s’exécutent habituellement devant de bonnes foules. «C’est pas mal toujours rempli, mais la météo ne coopère pas tout le temps. Généralement, quand les rencontres se déroulent avec les étudiants qui sont présents, c’est pas mal plein.»

(Photo tirée de Facebook)

«Quand je suis arrivé, c’était avec Christian Perron et nous étions en division 2. À ma première saison, nous avions seulement eu deux victoires. L’année suivante, puisque j’étais inadmissible académiquement, je n’ai pas joué, mais ça a été la dernière année des Vulkins en division 2. Lors de ma dernière année, c’était la première fois que les Vulkins se retrouvaient en division 3.»

Ayant toujours un œil sur ce qui se passe chez les Vulkins, Alex Lamontagne-Verville croit que le programme football des Mauves va dans la bonne direction. «Je suis très proche de l’entraîneur-chef Stéphane Rivard, car je m’entraîne avec lui quand je suis à Victoriaville. Je crois que le programme va dans la bonne direction. C’est difficile de prendre son élan, mais tranquillement, les fondations sont là pour avoir un programme dominant et constant. Il y a présentement plus d’entraîneurs qu’à mon époque. Ce sont des passionnés qui veulent le meilleur pour les joueurs et l’équipe. Je n’ai aucun doute que cette équipe va avoir du succès dans les prochaines années.»