Maxime Comtois, la fierté de Louis Robitaille et des Tigres

Lorsque Maxime Comtois a fait bouger les cordages après 49 secondes de jeu à son premier match dans la Ligue nationale de hockey (LNH), le commentateur des Ducks d’Anaheim John Ahlers a fait référence aux Tigres de Victoriaville, le club qui a formé Comtois. Pour Louis Robitaille et l’organisation des Félins, c’était un grand moment de fierté.

«D’entendre que Maxime Comtois, un produit des Tigres de Victoriaville, a marqué son premier but dans la LNH, est comme une belle fleur pour l’organisation. Ça permet à notre équipe de rayonner à ce niveau. Ce ne sont pas toutes les formations qui amènent des joueurs à ce niveau à l’âge de 18 ou 19 ans. Oui, il a été échangé aux Voltigeurs, mais jusqu’à ce qu’il joue une partie là-bas, il demeure un Tigre», a exprimé l’entraîneur-chef des Tigres.

Ayant travaillé avec lui lors des deux dernières saisons, Robitaille a été l’un des principaux témoins du travail qu’a dû accomplir Comtois pour arriver jusqu’à Anaheim cette année. «Nous avions un plan précis. Quand je suis arrivé ici, Maxime avait eu une excellente année recrue. Je lui ai fait comprendre que s’il voulait avoir du succès dans la LNH, il allait devoir être un attaquant de puissance. Il devrait jouer de manière physique, de la bonne façon défensivement tout en produisant offensivement. Ça a pris un petit peu de temps, mais il a embarqué dans ça. Il a pris son envol l’an passé. […] Il mérite tout ce qui lui arrive aujourd’hui, car il travaille avec acharnement. Maxime avait confiance en lui et son but était de faire la LNH, ce qu’il a fait.»

La route vers le vestiaire des Ducks n’a toutefois pas été comparable à un long fleuve tranquille. Après une saison prometteuse de 62 points en 60 parties dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), Comtois a dû composer avec une forte pression médiatique et des résultats offensifs moindres à l’âge de 17 ans. «À tort ou à raison, il y avait beaucoup de pression autour de lui. Aujourd’hui, nous le voyons produire de la sorte à 19 ans seulement. Nous regardons tous les joueurs qui sont sortis avant lui l’année de son repêchage et plusieurs sont encore dans le junior. Je pense notamment à Cody Glass (Las Vegas) qui a été repêché au sixième rang et qui a joué une partie hors-concours. De l’autre côté, il y a Maxime qui est sorti au 50e rang et qui a trois points en trois matchs. Tout le mérite lui revient.»

Le Championnat mondial comme tremplin

Cet envol s’est cristallisé lorsque le patineur natif de Longueuil s’est taillé une place avec la formation canadienne des moins de 20 ans au Championnat du monde junior. S’il jouait déjà de la bonne façon auparavant, son expérience internationale lui a permis de comprendre encore certaines choses nécessaires afin d’embrayer en cinquième vitesse. «Avec Hockey Canada, il a bien vu que nous n’étions pas nonos. […] Les dirigeants canadiens ont renforcé les points que nous partagions avec Maxime. Il jouait au sein du troisième trio, lui qui produisait beaucoup offensivement. Ils ont fait la différence sur le plan physique et défensif en plus d’aller marquer de gros buts. Il a ainsi compris que tu pouvais être valorisé dans ces rôles», a fait valoir Robitaille.

Cela a donc permis à Comtois de maintenir le cap sur la bonne façon de jouer sans prendre de mauvais plis au sein du premier trio des Tigres en compagnie de Vitalii Abramov et d’Ivan Kosorenkov. «Dans notre ligne, c’est certain qu’il allait jouer sur les deux premiers trios, mais nous voulions qu’il joue sur notre premier trio comme sur un deuxième ou un troisième. À nos yeux, c’était l’un des seuls joueurs qui pouvait avoir un impact physique, défensif et offensif. Il était le hockeyeur le plus complet de la LHJMQ l’an passé. C’est comme ça qu’il a joué en deuxième moitié de saison l’an dernier. Nous y sommes allés étape par étape dans son cas et aujourd’hui, il poursuit sa progression.»

Une demi-surprise

Au moment d’écrire ces lignes, Comtois totalisait deux buts, dont un but gagnant inscrit lors de sa deuxième rencontre, une passe et une fiche de +2 à ses trois premières rencontres. Son temps de jeu est également passé de 11 minutes et 16 secondes à 17 minutes et 45 secondes durant cette séquence. Questionné à savoir ce qu’il aurait pensé si on lui avait dit lors de l’été que Comtois serait à Anaheim pour débuter la saison 2018-2019 et qu’il allait connaître un tel départ, Robitaille n’a pu cacher son sourire.

«Si je suis surpris? Je vais dire oui et non. Je ne m’attendais pas à ce qu’il demeure dans la LNH. C’est un concours de circonstances de jouer dans cette ligue. Des fois, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Si les Ducks n’ont pas cinq ou six joueurs blessés, probablement qu’il revient dans le junior. Cela étant dit, connaissant le désir et l’éthique de travail du petit gars, je ne suis pas surpris. Son plan, c’était de faire la LNH. Il est très orgueilleux et fier. Quand il veut quelque chose, il l’a. Dans sa tête, considérant les blessures à Ryan Kesler et à Patrick Eaves, il voyait une ouverture. Je suis fier de ça, car ça démontre que quand tu as une vision, tu as juste à travailler et les bonnes choses vont arriver», a révélé celui qui a enfilé le chandail des Capitals de Washington le temps de deux rencontres.

Rester dans le moment présent

Malgré ses plus récents succès, Comtois n’est pas encore assuré de demeurer dans la meilleure ligue au monde pour la totalité de la saison. Outre Corey Perry qui sera absent pour cinq mois, l’ensemble des blessés de la formation californienne ne devrait pas tarder à revenir au jeu. Pour arriver à demeurer avec les Ducks, son ancien entraîneur estime que la clé sera d’être dans le moment présent, jour après jour. «Il devra faire fi des distractions. Il va avoir beaucoup d’amour de la part des médias, de sa famille et de ses amis. Tout le monde va l’encenser. Il faudra donc qu’il reste lui-même et qu’il ne change pas. S’il reste dans le moment présent, je n’ai aucun doute qu’il va s’établir dans la LNH dès cette année. Chaque jour, je suis convaincu qu’il se présente sur la patinoire avec le désir qu’il veuille demeurer longtemps dans cette ligue. Comme Patrice Bergeron l’a fait à 18 ans, il doit forcer la main de l’équipe tous les jours.»