Jérôme Bédard-Guillemette espère inspirer de jeunes sportifs

Devant composer avec un déficit de l’attention, Jérôme Bédard-Guillemette était loin d’être le meilleur sur les bancs d’école. Il le dit lui-même, il n’était pas destiné à jouer au football universitaire ni collégial. Jeune homme déterminé, il a finalement disputé les quatre dernières années avec les Stingers de l’Université Concordia après quatre saisons passées chez les Vulkins du Cégep de Victoriaville.

«J’ai eu beaucoup de problèmes à l’école puisque j’étais quelqu’un de différent des autres en raison de ma façon d’apprendre. Cela a fait en sorte que je n’ai jamais vraiment aimé l’école. J’étais toutefois plus gros et plus grand que les autres. Quand j’étais en cinquième secondaire, alors que je fréquentais le Collège Notre-Dame-de-l’Assomption, des amis de Victoriaville m’ont invité à venir jouer avec les Vicas. Je me suis dit que je pouvais essayer ça et que mon physique allait servir à quelque chose», a raconté Bédard-Guillemette.

(Photo Kyran Thicke/ Concordia Stingers)

 

Ayant eu la piqure pour ce sport, il a décidé de tenter sa chance au camp d’entraînement des Vulkins, et ce, même s’il n’avait pas été invité. «À ce moment, j’ai décidé d’aller voir l’entraîneur-chef Diego Ratelle pour lui demander à quel moment était le camp. Je m’y suis présenté et j’ai fait l’équipe. J’ai finalement fait mes quatre années comme joueur de ligne défensive avec les Vulkins.»

Si le succès s’est pointé le bout du nez sur le terrain, les difficultés en salle de classe sont demeurées présentes pour Bédard-Guillemette. «J’ai fait plusieurs programmes sans avoir de succès. Je suis allé en ébénisterie et je ne l’ai pas terminé. Je n’ai donc pas eu de DEC ou même de DÉP. J’ai toutefois été en mesure d’aller à l’Université Concordia en tant qu’étudiant majeur à 21 ans. J’ai pu suivre des cours et avoir du succès à l’école dans le programme où je suis présentement», a-t-il souligné.

Recruté par les Stingers au terme de ses quatre années avec les Vulkins, il a entrepris un baccalauréat en sciences du loisir qu’il devrait terminer dans un peu plus d’un an. Le fait qu’il soit en voie d’obtenir un baccalauréat, au sein d’une institution anglophone de surcroit, relève donc pratiquement du miracle. Et s’il y est arrivé, il le doit à sa détermination et à sa passion pour le football. «Le football m’a poussé à devenir une meilleure personne et à aller plus loin à l’école. Ça m’a permis d’apprendre à comprendre. […] Je suis dans le programme de sciences du loisir, car je veux devenir un entraîneur afin de montrer ma route à d’autres jeunes. Je veux leur donner la chance d’aller chercher quelque chose de mieux pour eux à l’université tout en poursuivant dans le sport.»

Le gaillard de 6’0’’ et 278 livres espère donc que son histoire inspirera d’autres sportifs qui, comme lui, ne semblent pas destinés à faire de telles choses en raison de leurs difficultés d’apprentissage. «S’il y a des jeunes qui ont des questions, il y a toujours un moyen pour me contacter sur les médias sociaux. Je suis ouvert à aider les jeunes s’ils ont besoin d’inspiration, d’aide ou d’une façon de se rendre à un autre niveau. Je veux consacrer ma vie à aider les jeunes à devenir meilleurs», a insisté le sympathique jeune homme de 25 ans.

De joueur de ligne offensive à plaqueur défensif

Lorsqu’il s’est amené avec les Stingers, Bérubé-Guillemette occupait la position de joueur de ligne offensive. Devant ses difficultés, il était menacé d’être retranché par la formation. C’est finalement le coordonnateur défensif Patrick Donavan qui, voyant ses qualités, a décidé de l’amener au sein de l’unité défensive des Stingers en tant que plaqueur défensif.

«Lorsque j’étais au Cégep, je me suis fait remarquer par Pete Regimbald même si je n’ai pas les caractéristiques d’un joueur de football universitaire. Je suis un peu trop petit pour ma position. J’ai commencé mon stage universitaire comme joueur de ligne offensive, mais ça ne fonctionnait pas puisque j’étais trop petit et que le niveau de jeu était trop relevé pour moi. Le coordonnateur défensif a alors vu quelque chose en moi. Normalement j’aurais été coupé, mais mon coach Pat a décidé de me prendre en défensive.»

Après une semaine de pratique, il était partant à sa nouvelle position, tout ça contre la puissante machine du Rouge et Or de l’Université Laval au Stade Telus. «À ma première partie comme plaqueur défensif, j’ai joué contre la ligne offensive de l’Université Laval. Des cinq joueurs de cette ligne offensive, quatre ont été repêchés en première ronde au repêchage de la Ligue canadienne de football (LCF). J’ai appris beaucoup à propos du football lors de cette journée», a fait valoir le numéro 58.

Fier de sa carrière

Malgré la défaite de 27-21 des Stingers contre le Vert et Or de l’Université de Sherbrooke pour son dernier match, le Victoriavillois n’est pas amer de voir sa carrière universitaire se terminer. Dans la cause perdante des siens, il a d’ailleurs trouvé le moyen de tirer sa révérence de brillante façon. Récupérant une échappée des Sherbrookois dans leur territoire, il a amené le ballon dans la zone des buts sur une distance de 20 verges afin d’inscrire le touché. «C’était la première fois dans ma carrière que j’inscrivais un touché. C’est la cerise sur le sundae à la fin de ma carrière», a exprimé l’athlète des Stingers.

Globalement, Bédard-Guillemette a savouré les bons comme les moins bons moments qui ont ponctué sa route dans le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ). «Mes plus beaux souvenirs proviennent des moments difficiles. À ma première année, je suis arrivé dans un programme où je n’étais pas si bon que ça. Je n’ai donc pas été habillé à plusieurs reprises, ce qui était difficile. Malgré tout, je m’en souviens comme étant de bons souvenirs, car je suis quelqu’un qui croit que nous apprenons toujours mieux dans l’adversité. Je me dis que si c’est facile, il n’y a rien à apprendre. Je me remémore également la première fois où je suis sauté sur le terrain du Stade Telus à l’Université Laval. De toute ma vie, je crois n’avoir jamais été aussi nerveux qu’à ce moment. De se voir à TVA Sports et y entendre ton nom sont également des choses très spéciales. Malgré plusieurs jeux importants, ce dont je vais me souvenir toute ma vie, ce sont les leçons que j’ai apprises dans ma carrière.»