«Je suis aujourd’hui un meilleur entraîneur» – Louis Robitaille

À sa troisième année à la barre des Tigres de Victoriaville, l’entraîneur-chef Louis Robitaille a guidé les siens à une saison bien meilleure qu’anticipée. Les prouesses de son équipe lui ont d’ailleurs valu d’être considéré par certains, dont les journalistes Mikaël Lalancette (TVA Sports) et Roby St-Gelais (Journal de Québec), comme un candidat au titre d’entraîneur par excellence de la dernière saison.

«C’est plaisant (d’être reconnu), mais c’est un travail d’équipe. J’ai la chance d’être excessivement bien entouré avec Carl (Mallette), Maxime (Desruisseaux), Maxime (Joyal) et Matthew (Lombardi). Il faut aussi donner crédit aux joueurs. Nous faisons un schéma, mais c’est à eux d’y adhérer. Nos meneurs ont été sensationnels pour l’équipe en général. De voir cette reconnaissance se veut une belle tape dans le dos, mais il faut vivre dans le moment présent dans le monde du hockey. Je vais prendre les fleurs, mais le pot va finir par venir», a répondu Robitaille avec un demi-sourire lorsque questionné à ce sujet.

Alors que la plupart des observateurs s’attendaient à voir les Félins terminer dans les bas-fonds de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), ils ont finalement trouvé le moyen de terminer au 4e rang de l’Association de l’Ouest tout en maintenant une fiche de près de .500. Cela a ainsi mis le travail et la progression de Robitaille de l’avant. «Je dirais que la confiance joue un grand rôle. Quand tu es un jeune entraîneur qui n’a pas dirigé dans la ligue, tu es toujours sur le qui-vive à tenter de prouver que tu as ta place. Avec l’expérience vécue avec les Tigres ou Hockey Canada, je suis aujourd’hui un meilleur entraîneur. Je fais des erreurs, chose qui va se poursuivre, mais je vais grandir dans mon rôle. Je crois beaucoup que pour être un bon entraîneur, tu dois travailler en équipe.»

Ayant fait le saut dans le programme national canadien de hockey il y a quelques années, l’ancien joueur des Capitals de Washington s’est retrouvé dans le rôle d’entraîneur en chef d’Équipe Canada Rouges au dernier Championnat mondial des moins de 17 ans. En côtoyant cet univers, celui qui fêtera ses 37 ans le 16 mars juge que cela lui a permis de faire quelques pas en avant, bien que cela n’explique pas l’entièreté de son ascension. «En allant sur la scène internationale, tu dois diriger des matchs sans lendemain où tu dois être prêt le plus possible. Il y a aussi ma première série éliminatoire contre les Saguenéens de Chicoutimi. Est-ce que je referais les mêmes choses? Peut-être que non. Je pense aussi au succès de l’an passé où, après un lent début de saison, la pression était élevée. Nous étions au 14e rang du classement à un moment. Le fait de surpasser ces obstacles nous a permis de bâtir une identité et une culture.» L’ancien agitateur croit d’ailleurs que la stabilité instaurée au sein de la direction aide les joueurs et le personnel d’entraîneurs à avoir du succès.

Un réseau de contacts garni et des sources d’inspiration

Joueur professionnel pendant neuf ans et entraîneur depuis huit saisons, Robitaille a rencontré une panoplie de personnes, garnissant son téléphone cellulaire de nombreux contacts et nouant les amitiés au passage. Dans un petit monde comme celui du hockey, l’importance d’avoir un vaste réseau de contacts est non négligeable. «Je suis un gars social qui aime discuter. Je souhaite me faire remettre en question, recevoir des opinions et questionner. Ça m’aide à construire ma propre opinion. Quand je parle à des recruteurs ou à des entraîneurs professionnels, c’est pour avoir des réponses à mes questionnements. J’adore aller à l’école en participant à des séminaires pour apprendre. Ça me permet de m’améliorer et de développer mon réseau de contacts. C’est ça le monde du hockey. En faisant ça, je veux surtout aider mes joueurs pour qu’ils se développent. Même chose avec mes adjoints.»

Parmi l’ensemble de ses connaissances, certaines sont évidemment plus précieuses que d’autres. Il suffit de penser à son ancien entraîneur chez le Rocket de Montréal Alain Vigneault, l’une de ses principales sources d’inspiration, ou encore à Martin Raymond, son mentor et grand ami. «Alain était très près de ses joueurs. Il remettait ses joueurs en question tout en ayant du plaisir avec eux. Alain se montrait toutefois très autoritaire. C’est donc un modèle pour moi. Mon mentor, c’est Martin Raymond. Je suis en constante communication avec lui, que ce soit pour le hockey ou la vie de tous les jours. Quand j’ai eu des épreuves, il a été là et moi j’ai été là pour lui. J’ai bâti une belle relation avec Martin. Le fait d’avoir été congédié ensemble nous a rapprochés encore plus. Nous sommes toutefois deux hommes à l’opposé. Si vous nous voyez dans une même salle, vous ne croirez pas que nous avons tant de plaisir ensemble. C’est l’une des personnes que je respecte le plus au monde.»

Quand faire le saut chez les professionnels?

Bien que les salaires que font les entraîneurs de la LHJMQ permettent de bien gagner leur vie, il ne faut pas se cacher que leur but, dans la majorité des cas, est d’éventuellement faire le saut chez les professionnels. Certains doivent attendre un bon moment avant de saisir cette chance tandis que d’autres ne la verront tout simplement jamais arriver. Pour Robitaille, tout est une question de timing.

«Il n’y a pas de bons ou de mauvais moments pour faire le saut chez les professionnels. À mes yeux, il y a 18 bons entraîneurs dans la LHJMQ qui pourraient tous être dans la Ligue américaine de hockey (LAH), que ce soit en chef ou comme adjoint. Le fait d’aller chez les professionnels est souvent une question familiale. Il faut se demander si nous sommes prêts à perdre la sécurité du circuit Courteau, là où nous sommes très bien. Sommes-nous prêts à faire les sacrifices nécessaires? Il faut accepter de prendre le chemin de gravelle dans ces moments, un peu comme l’ont fait Éric Veilleux ou Jean-François Houle. Il s’agit d’une décision que tu ne prends pas seul. Comme gars de hockey, nous ferions pratiquement tous le saut, mais nous avons des familles. Dans mon cas, j’ai trois enfants, donc ces décisions deviennent un peu plus difficiles. Il ne faut pas forcer les choses.»