Il a vécu un rêve en défendant les couleurs des Tigres

À une époque où le hockey junior était une véritable guerre de tranchées, l’attaquant victoriavillois Jean-François Béliveau s’est forgé une place au sein de l’équipe de sa jeunesse en tant que joueur d’énergie de 1995 à 1998. Près de 25 ans plus tard, Béliveau est toujours aussi fier d’avoir accompli cet exploit.

«C’était un rêve de petit gars de jouer pour les Tigres. Je me souviens, quand je jouais dans le bantam BB, notre équipe portait le même nom. Nous allions voir les parties tous les vendredis soirs en équipe. Percer la formation quelques années plus tard a vraiment été incroyable. Je vais m’en rappeler toute ma vie, notamment les premiers matchs et le premier but que j’ai marqué au Colisée Desjardins», a confié l’homme de 43 ans.

Jamais repêché, c’est chez les défunts Harfangs de Beauport que Béliveau a eu sa première chance dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) en étant invité à leur camp d’entraînement. Malgré une bonne performance, il avait été cédé dans le junior A ontarien. C’est pendant qu’il était là-bas que les Harfangs l’ont envoyé chez les Tigres. «Je me souviens de mon père qui m’a appelé pour me dire que j’avais été échangé à Victoriaville et qu’il venait me chercher. Je n’en revenais pas! Je suis arrivé quelques jours plus tard et ça a pris quelques semaines avant que je joue mon premier match. Alain Rajotte était l’entraîneur à l’époque et il était très strict sur la condition physique. Il voulait me remettre en forme, car le junior A n’offrait pas le même calibre.»

Évoluant pour un entraîneur qui adorait la robustesse et les bagarres, Béliveau pratiquait un style qui lui convenait. En 129 parties dans le junior majeur québécois, il a cumulé 564 minutes de punition. C’est en pratiquant ce style «papier sablé» que Béliveau a pu jouer dans ce circuit jusqu’à l’âge de 20 ans. À cette époque, il avait notamment réussi à jouer avec les Tigres jusqu’à la mi-saison avant d’être échangé au Drakkar de Baie-Comeau, équipe avec laquelle il avait amassé 15 points en 28 rencontres. «J’étais vraiment un joueur d’énergie qui évoluait sur le troisième ou le quatrième trio. Notre équipe jouait avec beaucoup d’intensité à l’époque. Le hockey à ce moment était beaucoup plus robuste qu’aujourd’hui. Je jouais avec cœur avant tout et je voulais déranger l’adversaire tout en protégeant mes coéquipiers. Il n’y avait pas de parties plates dans ce temps-là.»

Ce rôle n’était assurément pas facile. Devoir jeter les gants soir après soir demande une grande dose de courage. Béliveau savait cependant que c’était sa mission et il s’en acquittait chaque fois que c’était nécessaire. «Dans ces années, je vivais mon rêve de jouer pour les Tigres et dans le junior majeur. Je voulais y rester, donc j’ai fait en sorte de devenir un joueur qui avait sa place dans l’alignement. Je ne mentirai pas, ce n’était pas facile tous les jours. Je me rappellerai toujours des voyages en Abitibi où nous avions trois parties en trois soirs. C’était parfois plus dur le retour. Avec le recul, on peut se considérer chanceux de ne pas avoir eu de séquelles. À 18 ans, tu ne penses pas à ça. Tu veux profiter du moment.»

Les sacrifices déployés lui ont finalement permis de jouer au hockey universitaire avec les Aigles bleus de l’Université de Moncton pendant quatre années, terminant ce séjour avec un diplôme en communications, avec une mineure en marketing. «Ça a été de belles années là-bas! Dans ma famille, les études ont toujours été importantes. J’avais eu des offres pour aller jouer aux États-Unis, mais j’avais décidé d’aller à l’école. J’aimais ça et c’était important.»

Après son séjour au Nouveau-Brunswick, Béliveau est allé s’établir à Rivière-du-Loup dès septembre 2002. Il a continué de jouer dans le hockey semi-professionnel, terminant sa carrière avec le 3L de Rivière-du-Loup en 2012. Le père de quatre enfants occupe aujourd’hui un emploi à TVA Nouvelles dans sa ville d’adoption. Il occupe également le poste de vice-président hockey du 3L depuis qu’il a accroché ses patins en plus de s’occuper d’équipes dans le hockey mineur puisque trois de ses enfants pratiquent son sport de prédilection.