De longues discussions et certains doutes avant l’embauche

HOCKEY. Si les négociations contractuelles entre les Tigres et Éric Veilleux se sont déroulées relativement rondement, ce dossier s’est avéré, dans son ensemble, épineux. Il aura fallu plusieurs semaines avant qu’il aboutisse.

Sous contrat avec l’organisation des Oilers d’Edmonton pour une autre saison, assorti d’une année d’option, Veilleux avait les mains liées. Les Tigres ont dû contacter le directeur général adjoint des Oilers, Bill Scott, pour demander l’autorisation d’entreprendre des démarches auprès du Victoriavillois. Ça a considérablement ralenti le processus d’embauche.

«Tout n’est pas si simple dans ce genre de situation. Tu n’appelles pas les Oilers un après-midi pour obtenir une réponse dans les minutes qui suivent. C’est plus compliqué que ça», a expliqué Veilleux.

Celui-ci a d’abord été rencontré par la direction des Oilers pour s’enquérir de ses intentions. Veilleux a alors manifesté le désir de retourner au sein de la Ligue canadienne de hockey. Ne voulant pas le retenir contre son gré, les Oilers ont finalement accepté.

«Je ne ferai pas de cachette à personne. Ils n’ont pas dû célébrer mon départ…», a-t-il lancé.

Veilleux ne se défile pas lorsqu’on lui demande les raisons de son départ de Norfolk. La Ligue de hockey de la Côte-Est est exigeante pour les entraîneurs. Difficile de bâtir quelque chose puisqu’il y a peu de stabilité. Veilleux a dirigé pas moins de 62 joueurs la saison dernière. «Je crois que les équipes de la Ligue canadienne de hockey sont plus scrutées par les recruteurs et les directeurs généraux de la Ligue nationale. C’était la meilleure chose à faire pour ma carrière», a-t-il confié.

Veilleux a d’abord été pressenti pour le poste d’entraîneur-chef il y a plus d’un mois, Daniel Fréchette étant toujours en poste. Or, à la suite de la démission du directeur général, Johnny Izzi, peu enclin à adopter la formule des doubles fonctions, a changé son fusil d’épaule. Veilleux est demeuré un très sérieux candidat.

Au cours du processus, le président des Tigres reconnaît qu’il a cru, à certains moments, que Veilleux choisirait d’autres horizons. Son statut d’entraîneur vedette, lui qui a notamment remporté une coupe Memorial, qui a pris part à trois finales de la coupe du Président et qui a mis la main sur le titre d’entraîneur de l’année dans la LHJMQ et dans la LCH, favorisant la surenchère.

«À un certain moment, on se parlait tous les jours. J’ai toujours senti qu’Éric avait un réel désir de venir à Victo. Il reste que ça m’a traversé l’esprit quelques fois qu’il pourrait accepter une autre offre. On ne s’en parlait évidemment pas, mais il a certainement eu des entrevues avec d’autres équipes», a expliqué le président.

D’autant plus que c’était rendu un secret de polichinelle que Veilleux avait l’intention de revenir au sein du circuit Courteau malgré le fait qu’il n’a pas voulu accorder d’entrevue aux médias à ce propos avant sa nomination par les Tigres.

«Sa disponibilité est tombée dans le domaine public rapidement. Chaque fois que je voyais un poste s’ouvrir dans la LHJMQ, je me disais qu’un autre venait de rentrer dans la course pour ses services. Malgré cela, il ne fallait pas jouer toutes nos cartes. Il ne fallait pas lui donner le ciel. On se devait de respecter les capacités financières de l’organisation. J’avais des points de repère à ce chapitre avec les contrats de Yanick Jean, Daniel Fréchette et Bruce Richardson, notamment. J’ai aussi parlé à d’autres organisations pour savoir ce que vaut une double fonction de nos jours dans la LHJMQ», a poursuivi le président.

Ne voulant pas être pris de court, il a ciblé quelques candidats, outre Veilleux, pour occuper les doubles fonctions. André Tourigny a été l’un de ceux-là. Il a finalement accepté l’offre des Mooseheads d’Halifax. Mario Duhamel a tout juste été devancé par Veilleux au fil d’arrivée.

«Éric n’était pas le seul. On a toujours considéré plusieurs options, car on aurait pu se faire surprendre. Gatineau, par exemple, aurait pu arriver et lui faire une offre extraordinaire. Il fallait d’autres options. Si on n’avait pas été en mesure de rivaliser, on avait d’autres plans. Je sentais cependant qu’Éric avait l’intention claire de venir à Victoriaville si les conditions étaient suffisamment alléchantes. Pour lui, revenir dans son patelin semblait important», a-t-il dit.

Johnny Izzi estime qu’il aurait possiblement été difficile pour son organisation de rivaliser avec des formations issues des gros marchés si Veilleux s’était prêté au jeu de la surenchère. «Ce qui n’est pas mon genre», a lancé sans ambages le nouveau directeur général.

«On peut nommer facilement 12 marchés dans la LHJMQ qui ne seront naturellement pas le premier choix s’il y a une surenchère… On doit composer avec cela», a reconnu le chef d’orchestre du conseil d’administration.

Heureusement pour les Tigres, l’argent n’a pas été la seule motivation de Veilleux dans le processus. Celui-ci n’a pas caché que la qualité de l’alignement avait joué un rôle dans sa décision. Les Tigres veulent aspirer aux grands honneurs au cours des deux prochaines saisons. Veilleux pourrait entre temps retourner chez les professionnels. Comme c’est toujours le cas, une clause de son contrat lui permet de graduer. Il s’agit d’un risque que les Tigres ont été prêts à prendre lorsqu’ils l’ont choisi.

«On sait que s’il a une offre de la LNH ou ailleurs chez les pros, on pourrait le perdre, mais c’est vrai pour tous les entraîneurs. Je suis confiant qu’on misera sur ses services durant la totalité de son contrat. On verra bien», a conclu le président des Tigres.