De l’adversité au menu pour Sarah-Maude Lachance en sol français

Puisque la saison universitaire de rugby a été annulée, la Victoriavilloise Sarah-Maude Lachance a mis le cap sur la France afin de poursuivre son développement et de demeurer dans les bonnes grâces des dirigeants canadiens. L’aventure avec le Lons Rugby Club est cependant mise sur pause alors que l’athlète de 21 ans a dû être opérée à une épaule. Et c’est sans parler de la fulgurante montée des cas de la COVID-19 en sol français.

Victime d’une luxation de l’épaule à la 78e minute du troisième match de sa saison, Lachance savait que son épaule était déjà quelque peu instable. Pour corriger la situation, elle a pris la décision d’être opérée le 21 octobre dernier, ce qui la tiendra à l’écart du jeu jusqu’au printemps. «Tout avait très bien commencé, mais je me suis blessée au troisième match de la saison. J’ai subi une luxation de l’épaule. Dans le rugby, une telle blessure amène souvent une opération. Je me suis donc fait opérer le 21 octobre», a expliqué la sympathique athlète de 21 ans.

C’est donc bien loin de la maison qu’elle a entrepris sa route vers la guérison. Pour le moment, elle porte une attelle et elle n’est pas trop souffrante. «Je me croise les doigts pour que ça se poursuive ainsi. Cependant, avant de retrouver un terrain de rugby, j’en ai pour cinq à sept mois. Réalistement, on me dit que j’en ai pour six mois, ce qui me met au mois d’avril pour un retour.»

En attendant, l’étudiante en physiothérapie à l’Université Laval assure que le Lons Rugby Club s’occupe d’elle de brillante façon, ce qui l’aide à traverser cette épreuve. «Je suis très bien encadrée. Je me suis blessée le 19 septembre et j’étais sur la table d’opération le 21 octobre. Ça a vraiment été rapide. J’ai été en contact rapidement avec le médecin de l’équipe et il m’a mis rapidement en relation avec le meilleur chirurgien de Pau.»

Garder le moral malgré l’adversité

Ayant traversé l’Atlantique afin de poursuivre son développement et de conserver ses chances de prendre part à la Coupe du monde de rugby 2021, Lachance espérait de belles choses en s’amenant dans le département français des Pyrénées-Atlantiques. Elle se retrouve finalement sur les lignes de côté à regarder ses coéquipières poursuivre leur saison. Plutôt que de se laisser abattre, la joueuse de centre préfère garder le moral et miser sur le positif. «Ce n’est pas la meilleure partie du rugby dans laquelle je suis présentement dans ma carrière. Je savais que j’avais déjà un peu d’instabilité à l’épaule. Ça allait toutefois bien. Présentement, je mets toute mon énergie sur ma réhabilitation, car il y a des objectifs après ça. Je vais me concentrer sur moi afin de récupérer le plus rapidement possible. Ça ne sert à rien de penser à après. Oui, c’est décevant, mais je devais passer par là.»

En plus d’être motivée à faire ce qui est le mieux pour son épaule, celle qui défend habituellement les couleurs du Rouge et Or poursuit ses études en physiothérapie à distance, ce qui l’aide à chasser le négativisme de son esprit.

Satisfaite par le niveau de jeu

Certes, l’échantillon n’est pas des plus volumineux, mais de ce qu’elle avait vu, la ligue Élite 1 proposait un excellent niveau de jeu. Elle concède cependant que la façon de jouer différait à certains égards par rapport à ce qu’elle a vu en Amérique du Nord. «La façon de voir les choses est quelque peu différente. Ici, le jeu est plus physique. Nous allons chercher l’affrontement, le contact. Au Québec, c’est plus un jeu d’évitement. Nous allons essayer de miser sur la vitesse et sur la largeur du terrain. Ça nous oblige à travailler fort. C’est un aspect du jeu que je dois travailler. Ça me sortait de ma zone de confort et m’incitait à jouer un peu différemment. Je réfléchissais et j’analysais plus. J’aime vraiment le niveau de jeu. Il est bon», a-t-elle raconté.

En théorie, Lachance aura l’occasion de goûter à nouveau à ce calibre de jeu puisque la saison 2020-2021 ne sera pas encore terminée. Au moment d’écrire ces lignes, il ne restait qu’une partie à la première phase de la saison. Cette première étape permet un tri entre les huit meilleures et les huit pires équipes. Par la suite, la deuxième phase de la saison doit s’amorcer au mois de décembre. Celle-ci sera toutefois entrecoupée d’une trêve de février à mars afin de permettre aux joueuses internationales françaises de s’aligner au Tournoi des Six Nations. La saison de la ligue Élite 1 reprend ensuite d’avril à mai pour les phases finales, moment qui correspond au retour au jeu anticipé de la Victoriavilloise. «Il y a toujours cet espoir de jouer à nouveau avec l’équipe pour terminer cette expérience. C’est mon objectif.»

Par ailleurs, si la pandémie de la COVID-19 peut ralentir, le premier camp d’entraînement du Canada, en prévision de la Coupe du monde 2021, est prévu pour le mois d’avril ou de mai. Elle devrait donc en théorie pouvoir y participer. «Je vais être juste. Ce sera à voir. Je vais devoir discuter avec les entraîneurs du Canada afin de déterminer si je suis en mesure de prendre part ou non au camp. Je ne voudrais pas revenir au jeu trop tôt et recommencer un autre six à huit mois de réhabilitation.»

Flambée des cas de COVID-19 en France

Comme si l’adversité sur les terrains de rugby n’était pas assez, voilà que Lachance se retrouve au cœur d’un pays où les cas de COVID-19 explosent. Le lundi 26 octobre, 50 000 cas avaient été recensés en moins de 24 heures au sein des frontières de l’Hexagone. Pour essayer de ralentir la propagation du virus, le gouvernement d’Emmanuel Macron a implanté certaines mesures, dont un couvre-feu à compter de 21 h. «C’est géré plutôt différemment comparativement au Québec. Même s’il y a beaucoup de cas, c’est moins sévère qu’au Québec.»

Pour l’instant, les activités du rugby se poursuivent, à l’exception du moment où il y a des cas déclarés dans les équipes. «Si nos entraînements se terminent à 21 h, nous pouvons nous rendre à notre domicile, car nous avons une dérogation puisque nous sommes considérées comme une ligue professionnelle. Nous prenons ça une semaine à la fois. Nous nous doutons que des mesures seront mises en place. Il y a eu des cas dans certaines équipes et les parties ont été reportées.»

Un premier cas de la COVID-19 a été déclaré dans l’équipe de Lachance, ce qui force un isolement préventif pour tout le monde. Bien qu’elle soit jeune et en santé, elle est bien consciente que ce virus n’est pas à prendre à la légère. «Je crois que je suis consciente des risques, mais je ne suis pas nécessairement stressée par ça. Ce n’est pas parce que je suis en santé que je suis invincible, mais je fais attention.»