Alexis Gravel aux États-Unis : vérité ou stratégie?

LHJMQ. La semaine du repêchage dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec s’avère riche en rebondissements, en spéculations… et en énigmes.

L’encan annuel du circuit Courteau se tiendra, samedi, à Charlottetown. L’un des meilleurs gardiens de but disponible, l’Asbestrien Alexis Gravel, fait saliver les recruteurs du haut de ses 6’02 ». Il est le deuxième meilleur cerbère en lice selon le Centre de soutien au recrutement de la LHJMQ. Dans le dernier rapport, on estime qu’il est le dixième plus bel espoir des assises.

Or, l’ancien porte-couleurs des Cascades des Bois-Francs laisse planer le doute quant à son avenir dans les rangs juniors. Par l’entremise de son agent, le clan Gravel laisse entendre qu’il poursuivra son cheminement aux États-Unis. La saison dernière, il défendait les couleurs des Sénateurs de Mississauga, dans le Greater Toronto Hockey League, sa famille ayant déménagé dans la Ville Reine pour lui permettre de poursuivre sa progression au niveau bantam AAA.

Son père, François, a jadis été un gardien d’impact dans la LHJMQ dans les années 80. Réclamé en troisième ronde par le Canadien de Montréal en 87, il a roulé sa bosse dans la Ligue américaine de hockey et en Europe, notamment. Il ne s’est jamais caché pour dire que le programme de développement ontarien est nettement supérieur à celui du Québec. Dans une entrevue accordée à Martin Leclerc, de Radio-Canada en septembre 2014, il laissait déjà planer le doute dans les intentions de son fils relativement au hockey junior québécois.

«Le fait de jouer en Ontario permet à mon fils de profiter d’un meilleur encadrement, mais aussi de devenir parfaitement bilingue. Cet atout lui permettra donc d’avoir l’option de choisir entre le hockey junior majeur et les «prep schools» ou universités américaines. Je trouve ça important qu’il puisse avoir l’opportunité de choisir. Alors qu’au Québec, il n’y a qu’une seule voie qui est privilégiée : on joue midget AAA et ensuite junior majeur», avait-il dit, notamment.

À quelques jours des assises, l’agent d’Alexis Gravel insiste auprès des recruteurs et directeurs généraux que son client poursuivra sa route aux États-Unis. Il s’agit d’une affirmation quelque peu surprenante, considérant que peu de gardiens de but québécois ont atteint la Ligue nationale de hockey en prenant cette direction.

«Combien de gardiens québécois, qui ont opté pour les États-Unis, ont eu une carrière dans la Ligue nationale de hockey au cours des 100 dernières années?», a lancé un recruteur d’expérience au www.lanouvelle.net sous le couvert de l’anonymat.

Il a plutôt été permis d’apprendre que Gravel serait ouvert à défendre les couleurs d’une équipe de la LHJMQ, mais pas n’importe laquelle. On murmure que les Mooseheads d’Halifax et l’Armada de Blainville-Boisbriand seraient ses destinations de choix. La formation de la Nouvelle-Écosse possède trois choix de premier tour. L’Amarda, de son côté, parlait au septième rang au total, au moment d’écrire ces lignes. Le dossier Gravel sera donc à surveiller lors des assises.

Ce n’est pas d’hier que certains espoirs de pointe tentent de choisir leur destination. Pas plus tard que l’an dernier, Shane Bowers, réclamé quatrième au total par les Screaming Eagles du Cap-Breton, s’était présenté sur l’estrade lors de sa sélection et avait enfilé le chandail de l’équipe. Or, il évolue aujourd’hui aux États-Unis.

Vincent Lecavalier, durant les assises tenues à Victoriaville en 1996, avait fait la même manœuvre. Il avait abouti à Rimouski. Des histoires du genre, on en dénombre tous les ans dans la LHJMQ.

Pour réduire les conséquences liées à ce phénomène, les autorités de la LHJMQ ont bonifié les compensations offertes aux équipes qui prenaient le risque de réclamer ces réfractaires. Les Screaming Eagles, à titre d’exemple, recevront le neuvième choix au total à Charlottetown en guise de dédommagement pour la désertion de Bowers.