Selon Danièle Sauvageau, le hockey féminin entame une ère nouvelle

OTTAWA — Debout en bordure de la patinoire de la Place TD mardi midi, Danièle Sauvageau a dit avoir eu des frissons. Pas à cause de sa proximité de la glace, mais simplement à l’idée de devoir exprimer tout ce qu’elle pouvait ressentir à quelques heures de la grande première de la formation de Montréal dans la nouvelle Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF).

Pourtant, s’il existe une personne au Québec et au Canada qui a vécu de grandes émotions associées au hockey féminin, c’est bien Danièle Sauvageau. Mais mardi, le duel entre l’équipe dont elle est la directrice générale et la formation d’Ottawa représentait, enfin, la concrétisation d’un beau rêve.

«C’est complètement différent», a d’abord répondu Sauvageau lorsqu’elle s’est fait demander de décrire ses sensations au moment où elle s’est réveillée mardi matin, par rapport à d’autres grands moments dans ce pan de sa vie professionnelle. «Juste le fait que l’on me pose la question, ça me fait frissonner», a-t-elle ensuite avoué, lors d’une mêlée de presse.

«Quand je me suis levée ce matin, c’était comme ‘Est-ce que c’est bien aujourd’hui ou si je suis encore en train de rêver?’ Lorsque l’on dit qu’il faut penser à des choses, qu’il faut les imaginer, aujourd’hui, c’est la réalité du rêve», a-t-elle enchaîné.

Ce premier match de la formation montréalaise – le deuxième de l’histoire de la ligue et le premier entre deux formations canadiennes en LPHF – est, selon Sauvageau, le début d’une ère complètement nouvelle pour le hockey féminin.

Et son optimisme est à ce point élevé qu’elle croit que la progression à venir de la ligue, lors des cinq prochaines années, est sans limites.

«Le moment magique que l’on vit aujourd’hui et qu’on va vivre particulièrement avec le match, j’ai le goût de dire que où on va être dans cinq ans, c’est infini», estime-t-elle.

«J’ai l’impression que dans cinq ans, on ne parlera pas de six équipes. J’ai l’impression que dans cinq ans, on va parler de plus de pays, on va parler de plus de joueuses de l’international, on va parler, peut-être, d’un positionnement géographique beaucoup plus grand en Amérique du Nord avec, justement, de la représentativité d’un peu partout», a-t-elle aussi avancé.

Le moment, mardi soir, allait être d’autant plus magique que l’on attend environ 8500 spectateurs à la Place TD. Cette salle comble dans ce qui a été le premier amphithéâtre des Sénateurs d’Ottawa en 1992 sera un record pour un match de hockey professionnel féminin.

Sauvageau n’était nullement étonnée de savoir qu’aucun siège ne sera disponible pour ce match historique.

«Les gens veulent voir nos meilleures Canadiennes, Américaines jouer sur une base régulière. C’est ce qu’on entend depuis trois, quatre et cinq ans», a-t-elle d’abord fait remarquer.

«On sait qu’ici, à Ottawa, et de l’autre côté de la rivière, avec Gatineau, c’est un gros bassin de hockey féminin, a-t-elle ajouté. Les gens sont habitués de voir du hockey féminin régulièrement dans les arénas du coin. Alors, c’est la réponse des arénas du coin et des gens qui, au quotidien, font que des jeunes filles jouent au hockey dans nos arénas. Et c’est grâce à ces gens-là que les gens seront ici ce soir.»

La perspective de jouer devant autant de spectateurs emballait au plus haut point Brianne Jenner, la capitaine de l’équipe d’Ottawa, et sa coéquipière, la gardienne Emerance Maschmeyer.

Les deux joueuses ont d’ailleurs employé le même qualificatif pour décrire la réponse de la population.

«Ottawa est une grosse ville de hockey, nous savons que les gens aiment leur hockey féminin et donc, nous savions que l’aréna serait pas mal rempli. Mais 8500 spectateurs, c’est impressionnant», a admis Maschmeyer, après la légère séance d’entraînement de son équipe, qui a duré environ 30 minutes tôt mardi matin.

Maschmeyer était si emballée à l’approche du match qu’elle a comparé ses sensations à celles qu’ont vécues une multitude de jeunes enfants il y a huit jours à peine, mais décuplées.

«C’est difficile de l’exprimer en mots. C’est comme le matin de Noël multiplié par 10!», a-t-elle finalement comparé, un grand sourire aux lèvres.

«Nous sommes tellement excitées d’être ici. Ça fait longtemps que nous attendons ce moment. C’est quelque chose que nous avons toutes mérité. Maintenant, c’est le temps d’aller sur la glace et de pratiquer le sport que nous adorons devant une foule incroyable», a ajouté Maschmeyer.

Pour Jenner, le tout premier match de la ligue, lundi, et celui de son équipe mardi soir sont le début d’une organisation destinée à la pérennité.

«Je pense que ce sera notre LNH. Je pense que (la ligue) va résister à l’épreuve du temps et aussi incroyable qu’elle soit aujourd’hui, elle ne fera que croître, croître et croître.»

Comme Sauvageau, Jenner vit, avec la naissance de la LPHF, la réalisation d’un rêve. Mais ce rêve n’est pas uniquement le sien, précise-t-elle.

«C’est non seulement le rêve des joueuses dans notre formation, dans celle de Montréal et dans les autres équipes dans la ligue. C’est aussi le rêve de tellement de joueuses de hockey féminin, d’instructeurs, de bénévoles et d’arbitres qui sont passées avant nous.»