Olivier Renard doit jongler entre le projet du CF Montréal et les résultats

MONTRÉAL — Olivier Renard a respecté son plan et son budget et il ne reste qu’à voir si son équipe répondra en participant aux séries éliminatoires.

Le vice-président et chef de la direction sportive du CF Montréal est venu jeter un œil à ses joueurs lors de l’entraînement de jeudi au Centre Nutrilait, alors que la fenêtre des transferts dans la MLS vient tout juste de se refermer.

En une dizaine de jours, Renard a consenti un contrat à l’attaquant et nouveau venu Kwadwo Opoku ainsi qu’au gardien Jonathan Sirois, il a fait l’acquisition du jeune défenseur Fernando Alvarez et, surtout, il a échangé au Crew de Columbus le vétéran Rudy Camacho, un pilier en défensive cette saison.

La transaction de Camacho a peut-être surpris les partisans du Bleu-blanc-noir, mais en coulisses, elle se tramait depuis quelque temps déjà. Le défenseur de 32 ans savait qu’il y avait de l’intérêt ailleurs dans la ligue et que la balle était dans son camp.

«Rudy savait depuis plusieurs jours qu’il y avait deux clubs de la MLS intéressés. Il nous a demandé l’autorisation de partir de Montréal s’il réussissait à s’entendre avec une autre équipe, a mentionné Renard.

«Nous lui avons donné le choix de rester ici parce que nous étions très heureux de l’avoir pour le reste de la saison, mais nous lui avons aussi laissé de choix de discuter avec les deux clubs. Il est revenu nous dire qu’il avait envie de partir pour Columbus et nous avons tenté de trouver le meilleur accord possible pour notre organisation. Si j’avais voulu, j’aurais pu effectuer la transaction de mon côté, mais nous l’avons respecté et nous l’avons laissé choisir.»

Le départ de Camacho a permis à Renard de récupérer 400 000 $US en montant d’argent d’allocation générale, alors que l’acquisition d’Alvarez en provenance du club mexicain Pachuca avait coûté environ un million $, selon certains rapports.

Alvarez, un défenseur de 19 ans qui est ressorti du lot pour la Colombie lors de la Coupe du monde de soccer masculin des moins de 20 ans en Argentine, ce printemps, a immédiatement signé un contrat de trois ans plus deux années d’option avec la formation montréalaise.

Renard a en quelque sorte respecté une partie de son mandat en obtenant les services d’Alvarez. Il a mis la main sur un jeune joueur talentueux avec un bon potentiel de revente et il est allé chercher un défenseur à l’aise du côté gauche, une position où le CF Montréal possède moins de profondeur.

«Nous avons fait un choix en tant que club en sachant ce que nous pouvions récupérer dans la transaction de Rudy, plus l’économie de salaire. Je peux vous dire honnêtement que les deux tiers du transfert d’Alvarez ont été remboursés, a souligné Renard. C’est un jeune qui détient un grand potentiel et nous espérons qu’il continue à grandir ici. Rudy aurait très bien pu rester avec nous pour le reste de la saison, mais nous avions aussi l’envie d’investir sur Alvarez.»

Depuis son arrivée à Montréal, il y a près de quatre ans, Renard a réussi quelques bons coups comme directeur sportif, comme en ont notamment témoigné les dispendieuses ventes du défenseur Alistair Johnston et des milieux de terrain Djordje Mihailovic et Ismaël Koné.

Ce désir d’acquérir des jeunes joueurs, de les développer et ensuite de les revendre à profit représente la philosophie du CF Montréal. Le plan est clair et ce n’est pas un secret pour personne. Encore faut-il qu’il y ait également des résultats sur le terrain.

Lors de la dernière saison, alors qu’il était dirigé par Wilfried Nancy, le Bleu-blanc-noir a fait plaisir à ses partisans en battant plusieurs records d’équipe et de la MLS avant de s’incliner en demi-finale de l’Association Est.

Cette saison, la première sous la tutelle de Hernan Losada, les Montréalais vivent plus de difficultés et ils sont actuellement exclus du portrait des séries.

Est-ce que les nouvelles acquisitions comme Opoku et Alvarez et le retour de quelques blessés, dont Romell Quioto, seront suffisants pour permettre au CF Montréal de retourner en séries? Renard ne peut le garantir, mais il sait qu’il a travaillé dans les limites de son budget et que les résultats nécessiteront peut-être de la patience.

«Nous avons plusieurs joueurs d’à peine plus de 20 ans, voire même plus jeunes. C’est ça le projet, a-t-il insisté. Il faut accepter que parfois, un jeune ait plus de mal à s’adapter, mais c’est à nous comme club de rester patients. Nous avons investi beaucoup d’argent pour de jeunes joueurs. J’ai un budget à respecter, mais financièrement, je ne peux pas faire des miracles et aller chercher un joueur désigné si je n’ai pas l’enveloppe budgétaire pour le faire. Et ce n’est pas une critique de la direction au-dessus de moi, c’est simplement la réalité.»

L’arrivée d’un joueur comme Lionel Messi à coup de dizaines de millions $ est peut-être plus inhabituelle dans la MLS, mais il reste que les équipes qui aspirent aux grands honneurs n’hésitent pas à dépenser pour être dans le portrait jusqu’au dernier match.

Le projet du CF Montréal fait en sorte que c’est plus difficile pour lui de rivaliser contre ces équipes et qu’il doit absolument profiter de ses occasions lorsqu’il est dans la course aux séries. L’ambition reste toujours la même malgré tout: gagner des matchs.

«J’ai dit en début de saison que le premier objectif n’était pas de gagner la coupe MLS et ç’a choqué des gens, mais c’est de gagner tous les matchs. Je veux être humble parce que si je dis au début de la saison que le CF Montréal vise les grands honneurs, je trouve que je ne suis pas honnête avec les partisans. Vous avez vu notre masse salariale alors il faut être réalistes. Nous ne sommes qu’à un point d’une place en séries et c’est aussi important d’être compétitifs», a observé Renard.

Le vice-président et chef de la direction sportive a indiqué que le retour de Quioto était prévu en début de semaine prochaine, mais qu’il faudra encore attendre quelques semaines avant de le revoir sur le terrain.