Pelleter par en avant

Impossible de prendre des nouvelles du monde sans être confrontés aux nouvelles présentant les aléas du climat. Les changements climatiques nous frappent de plein fouet. Pas une journée ne se passe sans qu’on nous annonce des phénomènes météo hors du commun tel chaleur excessive, sécheresse, tornade, pluie abondante, glissement de terrain, fonte des glaciers, augmentation de la température des océans, saisons dérèglées. 

Tous ces changements nous affectent et ont un impact sur notre agriculture, nos habitations, nos infrastructures etc. On ne peut le nier, les changements nous touchent tous et leurs impacts sont importants et seront vécus plus durement pour certains d’entre nous en raison des inégalités sociales.

Les scientifiques du monde (GIEC) ne cessent de nous dire qu’il est plus que temps d’agir et pourtant nous tardons à passer à l’action. Nos gouvernements n’ont plus le choix, ils doivent prendre des mesures immédiates et ambitieuses. Il faut diminuer notre dépendance aux énergies fossiles si nous voulons diminuer nos émissions de gaz à effet de serre (GES), cause importante du réchauffement de la planète.

Nous en sommes conscients et nous persistons à faire comme si de rien n’était. D’ailleurs nos gouvernements font écho à cette idée en cherchant des moyens à courte vue de façon à maintenir l’idée de croissance et d’abondance comme si elle était la seule solution à notre bonheur et à notre prospérité. Prenons pour exemple l’auto électrique versus la voiture à essence. On nous présente la voiture électrique comme LA solution pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre (GES). C’est vrai que pour la durée de vie des deux voitures, l’auto électrique produira en moyenne 65% moins de GES. Parfait, mais la transition du parc automobile à essence vers les voitures électriques nous confronte à un autre dilemme : l’augmentation de la demande d’électricité. On doit trouver 100 TWh d’électricité supplémentaire pour répondre à la demande. Allons-y, pelletons encore par en avant, produisons plus d’électricité. Comment faire ? Créons des projets de parcs éoliens à travers la province, tout ça à vitesse grand V si on ne veut pas qu’il y ait pénurie. Bien sûr les gens seront informés, consultés, ce sera fait, mais vite fait. Les délais sont courts et laissent peu de place à la réflexion et à la discussion. Une autre solution? Rouvrir la centrale nucléaire de Gentilly 2, elle pourrait nous aider à atteindre la carboneutralité. Toujours une vision à courte vue.

Il est temps de se poser la VRAIE question! Sommes-nous prêts à adopter un autre mode de vie axé sur d’autres bases que le profit? Une société où les orientations et décisions seraient prises de façon plus démocratique en tenant compte de la diversité des points de vue. C’est à nous d’y répondre, car à force de pelleter par en avant, nous sommes en train de creuser notre propre tombe.

François Duguay, coordonnateur

Association des groupes d’éducation populaire autonome (AGÉPA) Centre-du-Québec