Une exposition écoresponsable pour des lendemains plus verts

MONTRÉAL — Les changements climatiques et leurs conséquences sur l’avenir de la planète sont source d’anxiété chez plusieurs, mais ils peuvent aussi en inspirer d’autres à créer. Miser sur la beauté du monde, tel est l’objectif de l’exposition internationale Pour demain, conçue par le centre Barbican de Londres et coproduite par le Musée de la civilisation de Québec, qui l’accueillera à compter de mercredi et jusqu’au 7 janvier 2024.

«C’est une exposition née dans l’esprit de l’équipe du Barbican de Londres, un centre d’arts multidisciplinaires, explique Anouk Gingras, chargée de projet au Musée de la civilisation. Ils souhaitaient réaliser une exposition sur les changements climatiques, mais sous un angle positif. Ils ont donc demandé à différents artistes de réfléchir à un futur meilleur, autour de l’an 2040, qui mettrait en place des solutions aux changements climatiques.»

À ces œuvres d’art numériques arrivées du Royaume-Uni après avoir été exposées pendant plusieurs mois au Barbican, le Musée de la civilisation a greffé une section portant sur les enjeux québécois liés à la crise climatique.

Le parcours proposé est divisé en cinq thèmes, à savoir la protection de la biodiversité, l’agriculture et l’alimentation, la consommation, la construction et le transport, la mobilité et l’énergie. On retrouvera plus de 120 objets liés à des solutions locales, créatives et concrètes pour remédier à différentes problématiques causées par les changements climatiques. 

«Chaque objet témoigne d’une solution, explique Lydia Bouchard, conservatrice du musée. Par exemple, dans la section portant sur la consommation, le message principal est de dire qu’il faut diminuer notre consommation globale, que ce soit en réutilisant, réparant ou recyclant. On présente des exemples concrets comme la compagnie Paverco, de Shawinigan, qui fabrique des dalles de pavé à partir de matière recyclée. Chaque pied carré est fait avec 25 bouteilles de vin et plus de 500 sacs de plastique.»

On reconnaîtra ainsi des projets et des initiatives d’ici déjà en cours, dont l’utilisation de l’asclépiade, la filière de la batterie électrique, des bâtiments écologiques, un pot de sauce réalisée à partir de légumes imparfaits, un laissez-passer pour le transport en commun et on en passe.

Encourager le changement

L’exposition sera parsemée de propositions de gestes bienveillants à poser pour engranger un changement positif face à la situation. Le tout ne se veut pas alarmiste, mais plutôt porteur d’espoir et de positivisme, soutient Anouk Gingras

«On prend les gens où ils en sont dans leur démarche, indique la chargée de projet. On a conçu un jeu interactif pour les visiteurs, qui leur permet de déterminer leur profil vert. À travers la salle d’exposition, ils sont amenés à répondre à des questions sur des stations constituées à partir d’anciennes machines distributrices. À la toute fin du parcours, on révèle au visiteur son profil vert, ses points forts et ceux qu’il doit travailler, avec des solutions adaptées. C’est sans culpabiliser les gens, mais plutôt de leur montrer des possibilités qui sont à leur portée.»

Au coeur de l’exposition, on retrouvera également une œuvre autochtone locale réalisée par l’artiste mohawk Skawennati. Intitulée «Les Trois Sœurs: nous réapproprier l’abondance», l’œuvre rappelle le mode de consommation des Premières Nations, qui ont toujours pris uniquement ce dont elles avaient besoin afin que les générations futures ne manquent jamais de rien. Les fameuses trois soeurs, ce sont les cultures de maïs, de courge et de haricots, incarnées par l’artiste comme des superhéroïnes de l’agriculture. 

Des murs champignonnés

En ligne avec le sujet de l’exposition, celle-ci a été conçue avec des matériaux recyclés ou usagés. De plus, le mobilier original du Barbican a été emprunté afin de ne pas fabriquer de nouvelles plateformes pour les œuvres.

Les murs sont pour leur part fabriqués de matière recyclée et de mycélium, des racines de champignons.

«Le mycélium sépare les œuvres et agit comme coupe-son, précise Mme Bouchard. Celui-ci a été cultivé et nourri à partir de résidus comme de la sciure de bois et du marc de café. Ce sont donc des murs de déchets récupérés.»

Les créateurs de Pour demain, version française et améliorée de son pendant anglais Our Time on Earth, souhaitent que la visite de l’exposition permette au public de réfléchir aux changements climatiques en mettant de côté, le temps d’un moment, leur écoanxiété.

«Le côté positif qu’on a voulu donner à l’exposition fait en sorte qu’on en ressort en ayant le coeur plus léger, relève Mme Gingras. On met l’accent sur ce qui est possible de faire, aussi bien individuellement que collectivement, et ça fait du bien.»

«Je pense qu’on ressort de là un peu rassurés de voir qu’il y a tant de gens partout au Québec et dans le monde qui sont à la recherche de solutions, qui développent, que ces solutions existent, qu’il nous appartient de les déployer», renchérit Lydia Bouchard.

———

Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.