Une équipe tactique « entre deux contrats» retenue lors de la tuerie en Saskatchewan

SASKATOON — Une équipe spécialisée de la Gendarmerie Royale du Canada (GRC), qui s’occupe des situations à haut risque, n’était pas immédiatement disponible pour intervenir lors d’une attaque au couteau et traquer un tueur de masse en Saskatchewan, l’an dernier, parce qu’elle se trouvait « entre deux contrats (de travail)», révèlent des courriels internes obtenus par La Presse Canadienne en vertu des lois sur l’accès à l’information.

L’équipe d’intervention d’urgence et d’activités spéciales d’Ottawa, également connu sous le nom d’ERT-SAG, offre des réponses tactiques lors d’incidents critiques, a indiqué la GRC dans un courriel. Elle peut fournir un soutien spécialisé aux détachements locaux et a accès à des ressources et à des tactiques spécifiques. L’équipe a été décrite dans des reportages précédents dans les médias comme disposant de techniques spécialisées pour localiser les suspects.

Selon les documents obtenus par La Presse Canadienne, l’aide de l’ERT-SAG avait initialement été réclamée par la GRC, qui répondait au même moment aux attaques au couteau contre la nation crie de James Smith et dans le village voisin de Weldon le 4 septembre 2022.

Ce jour-là, Myles Sanderson, 32 ans, est passé de maison en maison, défonçant les portes et attaquant leurs occupants. Onze personnes ont été tuées et 17 autres ont été blessées. M. Sanderson a été arrêté quatre jours plus tard et est décédé pendant sa détention.

Les courriels échangés entre la commissaire adjointe Rhonda Blackmore, commandante de la GRC de la Saskatchewan, et d’autres officiers de haut rang de la GRC montrent que des agents s’efforçaient de rattraper les mouvements irréguliers de M. Sanderson.

Son frère, Damien Sanderson, était également considéré comme un suspect à l’époque, mais s’est ensuite révélé être l’une des victimes.

«Les deux hommes se déplacent dans un véhicule volé, mais nous n’avons aucune idée de l’endroit où ils se trouvent ni de la direction qu’ils pourraient prendre», a écrit Mme Blackmore à ses collègues.

Aucune négociation collective en cours

Quelques heures après le début de la tuerie, Dennis Daly, alors responsable de la police contractuelle et autochtone, a envoyé un courriel à Mme Blackmore pour demander à l’ERT-SAG de quitter Ottawa pour aider la police montée de la Saskatchewan. M. Daly est maintenant commandant de la GRC en Nouvelle-Écosse.

Peu de temps après, Mme Blackmore a répondu dans un courriel que l’équipe spécialisée ne serait pas disponible. «Dennis a proposé SAG, mais (l’équipe) n’est pas disponible, car elle est apparemment entre deux contrats (de travail)», a-t-elle écrit.

À ce moment-là, la GRC savait qu’il y avait au moins neuf morts, 16 scènes de crime et un tueur en liberté dans un véhicule volé.

La Fédération nationale de la police, le syndicat qui représente les agents de la GRC, a déclaré qu’aucune négociation collective n’était en cours à ce moment-là. Le syndicat a ajouté dans un communiqué qu’il ne «compromettrait pas la sécurité publique au cours des négociations».

Le quartier général de la GRC a déclaré dans un courriel que l’équipe spécialisée avait été déployée à un moment donné en Saskatchewan en réponse aux meurtres. Mais la police montée n’a pas fourni d’informations sur la date d’arrivée du groupe ni sur la durée du retard dû aux négociations contractuelles.

Mme Blackmore a confirmé dans une récente entrevue avec La Presse canadienne que la GRC de la Saskatchewan avait fait la demande d’ERT-SAG et que l’équipe était finalement arrivée, mais a déclaré qu’elle ne pouvait pas fournir plus de détails.

Un courriel interne de la GRC, envoyé après l’arrestation de M. Sanderson, indique que plus de 160 employés de la GRC de la Saskatchewan, du Manitoba, de l’Alberta et de l’Ontario et des agences municipales partenaires ont travaillé sans arrêt pendant la chasse à l’homme. Un centre de commandement en cas d’incident critique a été installé à l’extérieur du bureau de bande de la Première Nation et une équipe régionale d’intervention d’urgence de la GRC a été déployée.

Mme Blackmore a également déclaré que la province avait reçu un soutien aérien de la GRC en Alberta et en Ontario.

Le chef de la nation crie de James Smith, Wally Burns, a déclaré qu’il était toujours ému en repensant au massacre. Selon lui, chaque minute pour retrouver le tueur comptait pour mettre fin au massacre.

Les jours passés sans savoir où se trouvait Sanderson ont laissé la communauté dans un traumatisme et une peur continus, a déclaré le chef. L’attraper plus tôt aurait pu faire une différence, a-t-il ajouté.