Un centre sportif et communautaire du Centre-Sud devient le Centre Yvon Deschamps

MONTRÉAL — C’est un jeune de 87 ans qui a donné, mercredi, son nom au centre sportif et communautaire du Centre-Sud (ASCCS), inscrivant ainsi le nom déjà immortel d’Yvon Deschamps dans le patrimoine immobilier montréalais.

Le centre de 23 millions $ qui comprend piscine, gymnase et une salle de psycho-motricité portera désormais le nom de Centre Yvon Deschamps. 

«C’est très touchant, c’est troublant», s’est exclamé l’octogénaire, qui s’est présenté dans une forme remarquable pour l’événement. «C’est pas facile à prendre, un building qui porte ton nom, tu dis: pourquoi moi, pourquoi ils m’ont fait ça? Pourquoi ils n’ont pas attendu que je sois mort?» 

Et pour que personne n’ait de doute quant au fait qu’il blaguait, il en a rajouté une couche. «Pensez-y, là, les problèmes. Les mères vont toutes m’appeler: M. Deschamps, votre centre, mon p’tit gars est revenu en braillant. Je ne pourrai plus dormir, moi. Je suis à la retraite. Je voulais vivre la tranquillité. C’est pas une manière de mettre mon nom gros de même en avant. C’est pas de même que je vais être tranquille», a-t-il déclamé devant son auditoire qui s’esclaffait.  

Le président du conseil d’administration de l’Association, Gaétan Forcillo, a expliqué qu’on avait voulu ainsi souligner l’apport d’Yvon Deschamps et de la Fondation qui porte son nom pour le financement de l’organisme depuis des décennies.

«Au bout de ces années avec Yvon, on a un centre qui vaut 23 millions $ et on ne doit pas une cenne à personne», a-t-il fait valoir, ajoutant qu’«un centre Yvon Deschamps, il devrait y en avoir un dans tous les quartiers, ce serait merveilleux».

L’humoriste, lui, a beaucoup insisté sur le travail de M. Forcillo et n’a pu s’empêcher de revenir à la charge, démontrant qu’il n’avait rien perdu de son humour caustique. «Le centre aurait dû s’appeler le Centre Gaétan Forcillo parce que c’est Gaétan qui est le maître d’oeuvre, mais aujourd’hui – je vais dire une niaiserie – avec les sensibilités des gens, on s’est dit: un centre avec un nom à connotation italienne, un gars qui a réussi à ramasser 23 millions $ en moins de 15 ans, où est-ce qu’il a pris cet argent-là? C’est pour ça, on a dit: c’est mieux de laisser faire», a-t-il déclaré, déclenchant à nouveau l’hilarité générale.

L’objectif de l’ASCCS, qui a vu le jour en 1974, est d’offrir des occasions aux jeunes du quartier Centre-Sud de pratiquer des sports et des loisirs dans un environnement encadré et sécuritaire. «L’objectif a toujours été de sortir les enfants de la rue», a simplement expliqué M. Forcillo. Le Centre Yvon Deschamps accueille des jeunes défavorisés, handicapés ou aux prises avec toute autre difficulté.

Yvon Deschamps s’est joint à l’Association en 1985 à titre de président de la campagne de financement et son engagement ne s’est pas démenti depuis. Son épouse, Judy Richards, qui est vice-présidente de la Fondation Yvon Deschamps, a fait valoir que «quand on est visionnaire, on a beaucoup de projets et beaucoup de projets, ça demande beaucoup d’argent et pour trouver beaucoup d’argent, ça prend des gens de coeur». Mme Richards s’est dite très émue de voir que l’édifice porterait dorénavant le nom de son mari.

Un des principaux moyens de financement au fil des ans a été l’organisation par l’humoriste de spectacles bénéfices et il a profité del’occasion pour annoncer que le prochain spectacle bénéfice, intitulé Yvon Deschamps Intemporel, qui aura lieu au Casino de Montréal le 19 septembre prochain, sera également disponible en web diffusion sur la plateforme www.comediha.tv. 

Ce spectacle, animé par Benoît Brière, mettra en vedette une quinzaine d’artistes, dont Martin Matte, Stéphane Rousseau, Lise Dion et Emmanuel Bilodeau, qui interpréteront des monologues et chansons d’Yvon Deschamps. Les profits de l’événement seront versés à la Fondation. 

Parlant de ses textes, Yvon Deschamps a soutenu que ceux-ci sont «très difficiles à apprendre parce que c’est pas logique. Les personnages commencent à parler de quelque chose et ils passent ailleurs.»

Il a conclu avec ces mots: «Félix Leclerc disait: oubliez pas ça les jeunes, les gens ne viennent pas nous voir, ils viennent se voir. Alors moi, je vais aller m’entendre!»