Transferts en santé: «déséquilibre fiscal», dit Legault, démenti par Trudeau

QUÉBEC — L’entente sur les transferts en santé démontre un «déséquilibre fiscal» entre le fédéral et les provinces, a dénoncé mardi le premier ministre François Legault, rapidement démenti par son homologue fédéral, Justin Trudeau.

L’enjeu du déséquilibre fiscal était censé pourtant avoir été réglé par une entente entre les gouvernements Harper et Charest il y a plus d’une décennie. Or M. Legault a soutenu que «de toute évidence» il y a de nouveau un déséquilibre fiscal entre les provinces et Ottawa.

«Non, je ne suis pas d’accord», a riposté M. Trudeau en après-midi. 

«Les provinces sont maintenant en situation de surplus budgétaire pour plusieurs d’entre elles, alors que nous, on est encore en déficit au gouvernement fédéral.» 

Le premier ministre fédéral a rappelé que durant la pandémie, son gouvernement a investi 72 milliards $ en santé, en plus du «40-45 milliards $ qu’il envoie chaque année aux provinces».

L’opposition à l’Assemblée nationale a reproché à M. Legault d’avoir accepté une «entente à rabais», mais tous les partis ont uni leurs voix en Chambre mardi après-midi en faveur d’une motion du Parti québécois (PQ) dénonçant «l’offre nettement insuffisante» du gouvernement Trudeau.   

L’accord convenu la semaine dernière s’élève au total à 46 milliards $ supplémentaires d’Ottawa sur 10 ans pour les provinces. Mais le Québec obtenu seulement 1 milliard $ supplémentaire par an sur les 6 milliards $ qu’il espérait arracher au fédéral. 

«Pas réglé pantoute»

«Ce n’est pas réglé, pantoute, donc, on a effectivement actuellement un problème structurel», a commenté M. Legault en mêlée de presse avant de se rendre à la période de questions. 

«On voit de toute évidence qu’il y a un déséquilibre fiscal. (…) La population dit: la santé, c’est une priorité. Bien comment on peut accepter qu’on envoie presque la moitié de nos impôts à Ottawa, mais que le fédéral finance seulement le quart (des coûts du système) de la santé? Il y a un problème, là.»

M. Legault a admis avoir du mal à passer son message aux citoyens et a dit espérer qu’ils vont voter en conséquence au prochain scrutin fédéral, c’est-à-dire en punissant le gouvernement libéral fédéral. 

«Malheureusement, M. Trudeau a pu faire élire plus de 38 députés aux dernières élections fédérales» sur 78 au Québec, a déploré M. Legault. 

Les premiers ministres des provinces et territoires ont affirmé, lundi, que l’offre était loin d’être ce qu’ils avaient demandé, mais que de nouveaux fonds ne pouvaient être refusés.

Parti libéral

En point de presse à l’Assemblée nationale mardi, le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, s’est dit «excessivement surpris» de constater la «grande résignation» du Québec dans ce dossier.

«Même le fédéral, je pense, a été surpris par la rapidité avec laquelle l’entente est signée, une entente à rabais pour le fédéral», a déclaré M. Tanguay. 

Parti québécois

Le PQ a déposé une motion au Salon bleu déplorant l’insuffisance des sommes, pour que toute l’Assemblée nationale fasse front commun devant le fédéral.

Le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon reproche à François Legault d’avoir fait croire aux Québécois qu’il était possible de faire des gains au Canada. 

«Tout ce qu’il nous offre, c’est quelques jours où il est fâché pour ensuite essayer d’enterrer ces questions-là comme si elles n’avaient pas eu lieu. La vérité, c’est que s’il manque 5 milliards $ par année dans le système de santé, on ne peut pas faire semblant que la question n’existe pas.»

Selon M. St-Pierre Plamondon, le résultat de ces négociations démontre qu’un front commun des provinces et le Conseil de la fédération ne fonctionnent pas et qu’ils sont impuissants.

Québec solidaire

«Dans mon livre à moi, ça a un nom puis ça s’appelle un échec, un échec qui creuse un trou de 5 milliards de dollars dans le budget du Québec», a renchéri la co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Manon Massé, en mêlée de presse au parlement. 

Elle exige que le gouvernement prenne «fermement l’engagement» de ne pas réduire le financement des services publics «pour combler le trou» dans son prochain budget qui devrait être déposé en mars.