Stelpro a entravé les activités des Métallos; le Tribunal ordonne un scrutin secret

MONTRÉAL — Un vote au scrutin secret est ordonné par le Tribunal au sein des salariés de Stelpro design, après que l’employeur eut entravé les activités du syndicat des Métallos et congédié une militante syndicale qu’il a été forcé de réintégrer et d’indemniser.

Le litige, qui comprend plusieurs plaintes, prend place dans le cadre d’une campagne de maraudage du syndicat des Métallos, affilié à la FTQ, contre un syndicat interne pour représenter les 350 salariés.

D’abord, le Tribunal administratif du travail a jugé que Stelpro design avait entravé les activités du syndicat des Métallos, notamment par de la «surveillance indue» et de la prise de photos des recruteurs. Il lui a aussi ordonné de cesser de le faire.

«La surveillance indue des représentants de l’employeur, les propos tenus par une représentante syndicale eu égard aux Métallos en présence d’un superviseur, le congédiement de la plaignante, la prise de photos et de film des recruteurs, les autorisations données aux représentants du syndicat d’aller à l’extérieur avant la fin de leur quart de travail lorsque les Métallos sont présents et l’interdiction totale de discuter d’affaires syndicales sur les heures et les lieux de travail. Tous ces éléments font en sorte qu’il apparaît fort plausible que cela ait eu pour effet d’empêcher un nombre suffisant de salariés de donner librement et volontairement leur adhésion aux Métallos», résume le Tribunal.

Le juge administratif Guy Blanchet a aussi annulé le congédiement de la salariée qui militait pour le syndicat des Métallos, alléguant que les reproches à son sujet étaient «minces» et que l’employeur a voulu ainsi en faire un exemple. 

«L’employeur a congédié une sympathisante connue des Métallos parce qu’elle a discuté de la campagne de maraudage sur les heures et les lieux de travail et parce qu’un salarié lui a remis une carte d’adhésion signée des Métallos», résume-t-il.

Il a aussi contraint l’employeur à réintégrer dans son emploi la militante des Métallos et à lui verser, à titre d’indemnité, l’équivalent du salaire et des avantages dont le congédiement l’avait privé, avec intérêts.

Le syndicat interne avait aussi porté plainte contre les Métallos, affirmant qu’ils avaient fait de l’intimidation envers certains salariés. Mais le Tribunal a rejeté cette plainte, en concluant, par exemple, qu’«aucun salarié n’a même témoigné s’être senti intimidé».

Le Tribunal ordonne finalement un vote au scrutin secret pour permettre aux salariés actuels de choisir entre le syndicat des Métallos et ce Syndicat des employés de manutention et de services.

L’issue est incertaine vu le temps écoulé et le haut taux de roulement au sein de l’entreprise. «La preuve administrée a démontré qu’il y a un fort taux de roulement de personnel au sein de l’employeur. De janvier à avril 2022, le taux de roulement au sein de l’entreprise était de 60 % et la situation ne s’est pas améliorée», note le Tribunal.

«Plus d’une année s’est écoulée depuis le dépôt de la requête en accréditation des Métallos. Dix journées d’audience et 20 témoins ont été entendus, ce qui explique ce long délai. En aucun temps, les parties ne peuvent être blâmées pour les nombreux délais dans le présent dossier», conclut le Tribunal.