Québec veut permettre aux infirmières de prendre des vacances méritées

MONTRÉAL — Avec un réseau de la santé toujours surchargé qui flirte souvent avec les bris de service, l’approche des vacances estivales demeure une période critique. La FIQ a réclamé un mot d’ordre clair du ministre et celui-ci a affirmé qu’il ne ferait «pas de compromis» sur les congés bien mérités du personnel.

La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) a interpellé le ministre Christian Dubé, mercredi matin, en lui demandant de dissiper les inquiétudes des professionnelles en soins. Le syndicat déplorait un «silence radio» du ministre alors que l’on a déjà franchi la mi-mai.

La présidente de la FIQ, Julie Bouchard, a rapporté que ses membres s’inquiètent de la possibilité de voir leurs vacances annulées alors qu’elles ont été confirmées depuis le mois dernier. Elles craignent aussi de subir une hausse du temps supplémentaire obligatoire ou de voir leurs demandes de congés autres que des vacances être refusées.

Selon la FIQ, les établissements de santé n’auraient toujours pas communiqué de plan de match en vue de la saison estivale et l’on craint «la catastrophe» si le réseau choisit l’improvisation.

«On le sait très bien qu’il n’y a pas assez de professionnelles en soins pour donner tous les soins dans l’ensemble des secteurs et des services dans le réseau de la santé», a déclaré Mme Bouchard en ajoutant que cette lucidité mène au découragement des troupes.

Dans une déclaration écrite transmise à La Presse Canadienne, le cabinet du ministre assure que «c’est vraiment une priorité que nos travailleurs aient leurs vacances. On ne fera pas de compromis là-dessus».

Par ailleurs, la présidente de la FIQ, Julie Bouchard, a demandé que l’on mette fin «aux mesures coercitives contre le personnel» pour favoriser des mesures incitatives. Elle demande aussi que l’on «ouvre le dialogue avec les syndicats locaux» et finalement que l’on offre «une prévisibilité d’horaire» au personnel de soins.

Du côté du ministre Christian Dubé, son cabinet répond qu’il a toujours favorisé la collaboration plutôt que la confrontation. En ce qui concerne la prévisibilité des horaires, on s’en remet aux PDG des établissements qui doivent jongler avec l’organisation du travail et la responsabilité «d’assurer une stabilité des soins offerts cet été».

Le ministre reconnaît tout de même que c’est en travaillant «en collaboration avec le syndicat» que l’on parviendra à «trouver les meilleures solutions».

L’été dernier, aucune restriction n’avait été imposée aux infirmières concernant la période des vacances malgré un fort taux d’occupation dans les hôpitaux du Québec.

Dans la déclaration fournie par le cabinet du ministre, on rappelle toutefois qu’il faut être réaliste et que les défis de main-d’œuvre sont quotidiens dans le réseau.

«On le sait, la période estivale amène des défis supplémentaires chaque année, car on veut continuer d’offrir les services, tout en donnant des vacances bien méritées à l’ensemble de notre personnel», souligne-t-on.

En s’adressant à la population, le ministre invite les gens à utiliser toutes les options disponibles avant de se rendre dans les urgences cet été. On demande de communiquer d’abord avec le 811, avec la ligne pédiatrique ou encore avec le Guichet d’accès à la première ligne.

«Ça permet d’enlever de la pression sur nos centres hospitaliers, donc sur notre personnel», insiste-t-on.

De mal en pis

Selon Julie Bouchard, bien que l’été revienne chaque année et que la situation soit toujours difficile, le réseau n’apprend pas et semble chaque fois pris au dépourvu. Elle ajoute que la situation va d’ailleurs de mal en pis d’année en année.

«La pénurie de professionnelles en soins est toujours en augmentation. On a encore plus de patients sur les étages à soigner et le taux d’absentéisme est très élevé», a décrit la présidente de la FIQ.

D’après les échos entendus de ses membres sur le terrain, les horaires d’été n’auraient toujours pas été confectionnés malgré la confirmation des vacances réglée depuis avril. Des établissements auraient aussi prévu des fermetures temporaires de services ainsi que des fermetures de lits.

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