Protection de la jeunesse: 1 enfant sur 10 a fait l’objet d’un signalement

MONTRÉAL — Les Directions de protection de la jeunesse du Québec ont traité en 2022-2023 135 839 signalements, ce qu’elles trouvent «très préoccupant».

C’est dire que pratiquement 1 jeune sur 10 âgé de 0 à 17 ans a fait l’objet d’un signalement. Et la proportion est similaire à Montréal, a souligné mardi Assunta Gallo, directrice de la protection de la jeunesse au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’île-de-Montréal, au cours d’une rencontre avec la presse.

«Les signalements sont toujours en hausse dans la métropole», a souligné Mme Gallo. Dans son Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) seulement, la hausse est de 13 %, soit 14 649 signalements traités. 

Les DPJ attribuent la situation à différents facteurs, comme la violence conjugale et intrafamiliale, la détresse familiale, les problèmes de logement, les difficultés économiques. La Commission Laurent, qui avait été mise sur pied à la suite de la mort tragique de la fillette de Granby, a aussi sensibilisé le public à la question de la violence envers les enfants, ont fait valoir les DPJ.

Une «bonne nouvelle» toutefois: beaucoup de signalements ne sont finalement pas retenus après analyse du dossier. Mme Gallo note que dans son seul CIUSSS, plus de 10 000 signalements n’ont ainsi pas été retenus.

Parfois, la personne qui fait le signalement ne sait tout simplement pas à quel organisme s’adresser face à ce qu’elle voit ou constate, alors elle contacte la DPJ. Or, beaucoup d’organismes peuvent ainsi offrir de l’aide alimentaire ou des vêtements, par exemple, ou diriger les personnes vers des ressources plus appropriées pour trouver un logement.

Manque de personnel

De façon générale, les DPJ sont actuellement aux prises avec une pénurie de personnel, ont rapporté Mme Gallo et son homologue Linda See, du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal.

Et la  situation est particulièrement problématique à l’étape dite de l’orientation-évaluation.

«Ça fait en sorte que la liste d’attente s’allonge», ajoute Mme Gallo. Elle relate que dans son seul CIUSSS, «nous avons 30 postes non comblés d’un bassin de 101».

Québec a d’ailleurs annoncé une mesure incitative dans ce contexte, en versant temporairement une somme de 900 $ pour compenser l’adhésion à un ordre professionnel pour les travailleurs qui font cette évaluation-orientation.

Jeunes délinquants

Dans le cadre de leur bilan annuel, les DPJ ont choisi cette année de mettre l’accent sur un autre aspect de leur travail: celui avec les jeunes contrevenants, les délinquants juvéniles.

Mme Gallo a précisé que 8554 adolescents ont ainsi reçu des services en vertu de la loi fédérale sur le système de justice pénale pour les adolescents au Québec. 

«À Montréal, c’est 1222 adolescents qui reçoivent du soutien pour que leur futur ne soit pas cristallisé dans la délinquance. Leur rétablissement est souvent un chemin complexe avec plusieurs détours et obstacles», a expliqué Mme Gallo.

«L’ensemble de la société doit prendre posture, ne pas banaliser la violence. On ressent un sentiment de banalisation de la violence, même la glorification de la violence, entre les jeunes adolescents aujourd’hui. Par exemple, ils vont avoir un gun en main et ils vont se faire filmer et ils vont le déposer sur le site intranet. C’est important de porter attention à ça, parce qu’au début, ça commence avec des petits délits et tranquillement ça devient des délits importants, dans lesquels il n’y a aucun point de retour», a décrit Mme Gallo.