L’incendie étant éteint près d’Halifax, l’heure est au constat des dégâts

HALIFAX — «Aussi capricieux que destructeur», voilà comment un responsable de la lutte contre les incendies a qualifié mardi l’imposant feu de forêt qui a détruit 150 maisons en banlieue d’Halifax, en Nouvelle-Écosse, la semaine dernière. Pour la première fois, les journalistes ont pu aller constater les dégâts de plus près.

C’était la première fois que les représentants des médias étaient autorisés à entrer dans une zone d’évacuation depuis que l’incendie s’est déclaré, le 28 mai, forçant plus de 16 000 personnes à fuir leur domicile. Encore mardi, 4100 Néo-Écossais attendaient toujours de pouvoir rentrer chez eux.

Le chef adjoint des pompiers, Dave Meldrum, a accompagné les journalistes afin de mieux leur expliquer comment le tout s’est déroulé.

«Il faut comprendre qu’en se déplaçant, le feu rejetait des tisons dans les airs, qui pouvaient retomber au sol seulement des centaines de mètres plus loin. Et à ce moment-là, de nouveaux foyers d’incendie pouvaient se déclencher», mentionne M. Meldrum lors de la sinistre visite des lieux.

Les tisons, portés par des vents violents lors d’une journée chaude et sèche, ont nourri des incendies selon un schéma apparemment aléatoire. Ainsi, de nombreuses maisons ont brûlé jusqu’à leurs fondations, tandis que d’autres, à peine quelques mètres plus loin, sont demeurées intactes.

La trajectoire aléatoire des flammes dépendait de petits changements dans la topographie et le vent, selon M. Meldrum.

Dans le secteur de Highland Park, les boisés ne manquent pas d’arbres noircis, qui sont maintenant plus nombreux que ceux au feuillage vert.

Dans les rues, plusieurs voitures ont été laissées là où elles ont brûlé, n’étant plus que des carcasses à peine reconnaissables.

Et pourtant, le chant des oiseaux est omniprésent.

Avancée rapide

L’incendie majeur s’est déclaré à environ trois kilomètres à l’ouest de l’endroit où a lieu la visite. Il s’est rapidement déplacé jusqu’à Highland Park, où il a finalement escaladé une colline pour détruire presque toutes les maisons, sauf quelques-unes.

«Le feu s’est déplacé très rapidement dans ce quartier et a gravement endommagé de nombreuses propriétés ici. C’est vraiment tragique», a avoué le chef adjoint des pompiers.

Dire que le feu s’est déplacé rapidement tiendrait même de l’euphémisme. Les premiers pompiers arrivés sur les lieux se sont retrouvés envahis par les flammes à plusieurs reprises, au point où ils ont dû battre en retraite.

Et la tournée dans le secteur regorge de preuves que les résidents ont dû partir à la hâte. Dans une cour, une brouette remplie de plantes a été laissée là, avec une pelle tout juste à côté.

Les plantes, comme la maison, n’ont pas échappé au passage destructeur de l’incendie.

Sur la rue Yankeetown, où des agents de la GRC contrôlent toujours l’accès, la scène est à peu près pareille. D’un côté, plusieurs maisons intactes, de l’autre, des tas de décombres.

Le caporal Guillaume Tremblay, qui s’est fait porte-parole de la GRC toute la semaine pour tenir les médias et la population informés, revenait lui aussi sur les lieux pour la première fois depuis le passage de l’incendie.

«Ça va être déchirant pour les gens qui vont revenir ici», soupire-t-il.

Troisième arrêt, la rue Bonsai à Yankeetown. M. Meldrum pointe un pare-feu d’environ cinq mètres de large coupé par de la machinerie lourde du ministère provincial des Ressources naturelles.

C’est là que les pompiers ont empêché les flammes de se propager, dit-il.

«Si l’incendie avait progressé au-delà de ce point, des propriétés dans la région de la rue Pockwock et dans la banlieue de Bedford auraient été en danger.»

Pas terminé

Pendant ce temps, le feu de Barrington Lake, dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, a continué de brûler de façon incontrôlable mardi, même si la région a connu de fortes pluies dans les dernières heures.

Dave Rockwood, un responsable des communications au ministère des Ressources naturelles de la province, a confirmé que le feu n’a pas pris de l’ampleur depuis samedi.

Mais même si la région du comté de Shelburne a reçu environ 95 millimètres de pluie ces derniers jours, le sol n’est toujours pas assez humide.

Certains ordres d’évacuation obligatoires ont été levés dans les régions de Barrington et de Shelburne. L’hôpital Roseway, à Shelburne, devait aussi rouvrir après son évacuation survenue mercredi dernier.

Si l’interdiction provinciale des déplacements et des activités en forêt a pris fin, elle reste en vigueur pour le comté de Shelburne et toutes les autres zones d’évacuation de la province. Une interdiction provinciale des feux à ciel ouvert demeure aussi en vigueur.

Lors d’une séance d’information en après-midi, le ministre des Ressources naturelles, Tory Rushton, a reconnu qu’il est difficile d’estimer l’étendue des dommages causés par l’incendie de Barrington Lake en raison de son ampleur.

À 250 kilomètres carrés de superficie, ce feu de forêt est le plus important enregistré dans l’histoire de la province.

«Honnêtement, il va falloir que tout le monde se prépare à entendre le nombre de maisons que nous avons perdues», a-t-il avoué, laissant entendre que les plus récents chiffres augmenteront dans les prochains jours.

Le plus récent bilan fait état 60 maisons et chalets détruits, tout comme 150 autres structures dans le comté de Shelburne, à environ 200 kilomètres au sud-ouest d’Halifax. Ces chiffres étaient légèrement en hausse par rapport aux informations fournies précédemment.