Les Innus d’Essipit lancent un projet afin de protéger un immense territoire

Les Innus d’Essipit, près de Les Escoumins sur la Côte-Nord, augmentent d’un cran la pression sur Québec afin de protéger de grands pans de leur territoire ancestral.

Le Conseil de la Première Nation des Innus Essipit (CPNIE) a annoncé mercredi le lancement du projet Essipiunnu-meshkanau dont l’objectif ultime est de connecter plusieurs habitats déjà protégés afin de créer un réseau de protection et de conservation sur un immense territoire de plus de 1200 kilomètres carrés, qui comprend notamment le Parc du Fjord-du-Saguenay et qui s’étend, de là, vers l’Est.

Le chef du Conseil, Martin Dufour, fait valoir que la démarche s’inscrit dans les suites de la COP15 sur la sauvegarde de la biodiversité, à laquelle il avait participé et où des objectifs de protection de 30 % du territoire ont été réitérés par les participants. 

Les Innus estiment qu’à l’heure où les pressions de développement s’intensifient sur leur territoire, il est nécessaire de relier entre eux les noyaux de conservation afin d’avoir des habitats qui répondent aux besoins des différentes espèces ainsi qu’aux besoins alimentaires, de subsistance ou culturels de leur communauté.

Il ne fait pas de doute qu’un des objectifs importants de ce projet est de créer un espace de sécurité élargi pour la protection du caribou qui viendrait se marier au projet d’aire protégée Pipmuakan de la communauté innue voisine de Pessamit qui cherche elle aussi à donner de l’espace au grand cervidé emblématique de la région dont la survie est menacée.

Sans faire de bruit, le gouvernement fédéral est venu allonger une aide d’un million de dollars pour ce que le ministre de l’Environnement Steven Guilbeault a désigné comme «un réseau d’aires protégées connectées». Ottawa vient ainsi donner un levier additionnel aux Innus d’Essipit dans leurs discussions avec Québec.

Le gouvernement Legault répète depuis son arrivée au pouvoir qu’il est nécessaire de maintenir un équilibre entre la protection du territoire et de la biodiversité et le maintien de l’industrie forestière.

Le CPNIE prévoit déposer sa proposition à Québec dans les prochains mois et dit espérer la mise en réserve des secteurs identifiés d’ici 2025. Le Conseil dit s’attendre à ce que Québec «mette enfin en place un processus ouvert, transparent et collaboratif qui permettra de travailler tous ensemble à la mise en œuvre du Cadre mondial pour la biodiversité, incluant la participation pleine et entière des peuples autochtones ainsi que le respect de nos droits et de nos cultures».