Les conservateurs votent contre l’idée de définancer Radio-Canada

QUÉBEC — Les militants conservateurs ont battu vendredi par une «très forte» majorité une résolution de leurs confrères albertains qui proposait de couper le financement public de Radio-Canada.

«Le compte n’a pas été fini, car c’était évident», a raconté à La Presse Canadienne une source sous le couvert de l’anonymat étant donné que cela s’est produit lors d’un «atelier sur les politiques» qui se tenait à huis clos durant leur congrès national, à Québec.

En entrevue, le lieutenant de Pierre Poilievre pour le Québec, Pierre-Paul Hus, a également confirmé l’information et expliqué que le chef conservateur et le caucus québécois ont «toujours été clairs» que Radio-Canada était «nécessaire» pour le Québec et la francophonie.

La résolution plaçait Radio-Canada sur le même pied que CBC, son pendant anglophone. Elle reprochait à la société d’État «l’avancement présumé d’agendas de plus en plus politisés dans la programmation».

Le libellé sur lequel les délégués pouvaient voter était le suivant: «Nous croyons que le contrôle et les opérations de la CBC/SRC en tant qu’entités devraient être assurés par un financement indépendant et non gouvernemental.»

Or, ce n’est que CBC que le chef conservateur Pierre Poilievre crie sur tous les toits, depuis les débuts de sa course à la direction, vouloir «définancer».

Selon M. Poilievre, les services français de Radio-Canada, et particulièrement ceux destinés aux minorités francophones du pays, devraient être épargnés puisqu’il les considère comme un service essentiel.

Son lieutenant québécois a réitéré vendredi qu’il considère CBC et Radio-Canada comme «deux éléments distinctifs».

«Le mandat, la fonction, les coûts associés à CBC versus le marché de la télévision au Canada anglais, c’est complètement différent de ce que Radio-Canada représente pour le Québec, entre autres, et la francophonie au Canada», a déclaré M. Paul-Hus.

«Haut et fort»

L’entourage de Pierre Poilievre a aussi manoeuvré contre la résolution. L’un d’eux, qui a également parlé sous le couvert de l’anonymat, a expliqué avoir partagé son message aux militants «haut et fort à qui voulait bien l’entendre».

«Plusieurs membres du caucus ont clairement exprimé leur opinion aux délégués que c’était un engagement ferme de la part du leader de ne pas toucher à Radio-Canada et on leur recommandait de voter contre», a déclaré le sénateur Claude Carignan dans une brève conversation.

Les ateliers sur les politiques peuvent se comparer à des demi-finales, en ce sens que les politiques qui franchissent cette étape ultime feront l’objet d’un vote samedi en séance plénière.

Une porte-parole du parti a indiqué que la liste des résolutions battues ne sera pas dévoilée publiquement, si bien que les journalistes devront y aller par élimination par rapport au cahier de résolutions qui a été remis en début de congrès jeudi.

Les conservateurs sont appelés à se prononcer sur une soixantaine de résolutions. L’une d’elles vise à encadrer les transitions de genre des mineurs afin de les «protéger».

Des militants veulent aussi leur interdire l’accès aux toilettes, vestiaires, refuges et prisons destinés aux femmes en plaidant le droit de ces dernières à «la sécurité, à la dignité et à l’intimité des espaces non mixtes».