Le SRCS enquêtera sur le climat de travail dans son bureau de Colombie-Britannique

VANCOUVER — Le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) procédera à l’évaluation du climat de travail de son bureau de Colombie-Britannique à la suite de « graves allégations » soulevées par des lanceuses d’alerte qui affirment avoir été agressées sexuellement et harcelées par un officier supérieur.

Le SCRS affirme que l’agent qui était «impliqué» dans les allégations — rendues publiques dans le cadre d’une enquête menée par La Presse Canadienne cette semaine — a été démis de ses fonctions.

Une policière affirme qu’elle a été violée neuf fois en 2019 et 2020 par un collègue plus expérimenté alors qu’elle se trouvait dans des véhicules de surveillance, et une deuxième policière affirme qu’elle a été agressée sexuellement par le même homme, bien que les patrons aient été avertis de ne pas le mettre en contact avec de jeunes femmes.

Une déclaration du directeur du SCRS, David Vigneault, indique que les accusations de «lieu de travail toxique» ne peuvent pas être prises à la légère, et qu’une évaluation du climat en milieu de travail aura lieu au bureau de la Colombie-Britannique pour éliminer les «obstacles potentiels à un lieu de travail sûr, sain et respectueux».

Le communiqué indique que lorsque l’agence a entendu parler pour la première fois des allégations, elle a lancé une enquête indépendante «sans délai».

La déclaration reconnaît qu’une culture toxique existait au sein du service qui permettait aux «comportements inappropriés» de «s’aggraver», et que cette culture a été présente pendant trop longtemps.

Récemment, l’une des victimes alléguées d’agressions sexuelles et de harcèlement au quartier général de la Colombie-Britannique avait dit espérer que leurs prises de parole auront «allumé la mèche» pour un changement dans ce «milieu sombre et inquiétant».

La dénonciatrice explique qu’elle et ses collègues veulent «forcer un changement» au Service canadien du renseignement de sécurité. Elles affirment y avoir été victimes d’agressions et de mauvais traitements de la part de supérieurs hiérarchiques masculins au sein de l’unité de surveillance physique de l’agence en Colombie-Britannique.

Allégations «dévastatrices»

Le premier ministre Justin Trudeau a qualifié jeudi leurs allégations de «dévastatrices» et déclaré que tout le monde devrait se sentir en sécurité au travail, même si les tâches sont secrètes.

M. Trudeau a assuré jeudi que «l’ensemble du gouvernement» suivait «de très près» les questions soulevées par les femmes, qui ne peuvent pas être nommées en raison d’une loi qui interdit toute identification d’agents secrets.

Le premier ministre était invité à commenter l’enquête de La Presse Canadienne qui citait des agentes du SCRS. 

Une collègue des deux femmes appuie leurs allégations selon lesquelles il s’agissait d’un milieu de travail toxique. Elle espère maintenant que les autres victimes auront désormais «le sentiment de pouvoir raconter leur histoire et d’être entendues».

«Nous n’avons eu aucun soutien à l’interne, a-t-elle dit. Je parle au nom de nous toutes quand je dis que je suis très heureuse que nous ayons allumé une mèche et que nous ayons été les lanceuses d’alerte dans un milieu aussi sombre et inquiétant.»

Elle soutient qu’elle et ses collègues espèrent maintenant que les déclarations de M. Trudeau ne sont pas que des paroles en l’air et mèneront à un changement réel au sein du SCRS.

Les agentes qui affirment avoir été agressées estimaient qu’elles ne pouvaient pas s’adresser à la police, en partie parce qu’elles étaient contraintes au silence par la Loi sur le SCRS, qui rend illégale toute identification d’agents secrets. Cette infraction est passible d’une peine maximale de cinq ans de prison.

Par ailleurs, ces femmes affirment que le mécanisme interne de traitement des plaintes au SCRS les a laissé tomber et que des officiers supérieurs ont intimidé et harcelé en toute impunité de jeunes agentes de surveillance en Colombie-Britannique.