Le régime d’assurance dentaire pourrait être complexe pour des personnes handicapées

OTTAWA — Le nouveau régime d’assurance dentaire du gouvernement fédéral n’a pas encore été présenté, mais des défenseurs des droits des personnes handicapées préviennent que les critères d’admissibilité pour ces citoyens pourraient être lourds, et pourraient ne pas couvrir toutes les personnes qui devraient avoir accès au programme.

Les détails du régime d’assurance devraient être annoncés cet automne, dans le but d’offrir, éventuellement, des prestations dentaires aux enfants admissibles de moins de 18 ans, aux personnes âgées et aux personnes handicapées.

Les libéraux ont promis dans leur entente de soutien et de confiance avec le Nouveau Parti démocratique (NPD) que l’assurance dentaire serait finalement offerte à toutes les personnes dont le revenu familial est inférieur à 90 000 $ par année, d’ici la fin de 2024.

Le gouvernement n’a pas précisé comment les gens devront prouver qu’ils sont handicapés pour être admissibles au régime d’assurance.

Mais le gouvernement s’appuie généralement sur la liste des personnes ayant accès au crédit d’impôt pour personnes handicapées pour déterminer qui devrait bénéficier d’autres programmes liés au handicap, a souligné Rabia Khedr, directrice nationale de l’organisation Le handicap sans pauvreté.

La liste des personnes qui ont accès au crédit d’impôt «n’est pas la meilleure sur laquelle s’appuyer», car elle ne comprend pas toujours les personnes handicapées qui pourraient bénéficier le plus du programme de soins dentaires, a-t-elle déclaré vendredi dans une entrevue.

«Cela nécessite que la personne ait rempli sa déclaration d’impôt», a-t-elle expliqué, ce que de nombreuses personnes aux revenus particulièrement faibles ne font pas.

Même celles qui remplissent leurs déclarations de revenus peuvent ne pas être admissibles ou même ne pas prendre la peine de demander le crédit d’impôt parce qu’elles n’ont pas la capacité de le faire.

«Vous devez remplir des formulaires médicaux. Les médecins peuvent même facturer des frais pour remplir ces formulaires, a-t-elle déclaré. De très nombreuses personnes souffrant de différents types de handicaps ne sont pas admissibles. Si leurs handicaps sont épisodiques, si leurs handicaps sont temporaires, ce n’est pas une chose facile d’y être admissible.»

Une étude de 2018 publiée par l’Université de Calgary a révélé que seulement 40 pour cent des adultes en âge de travailler ayant un handicap admissible étaient réellement en mesure d’accéder au crédit.

Les autrices, Stephanie Dunn et Jennifer Zwicker, ont constaté qu’il existait plusieurs obstacles à la candidature des personnes handicapées, notamment la complexité du processus de candidature et le fait que pour certaines, les coûts de candidature élevés l’emportaient sur les avantages.

Le ministre de la Santé, Mark Holland, n’a pas voulu dire si le gouvernement envisageait d’autres options pour déterminer l’admissibilité au programme, mais a déclaré qu’il aimerait que ce soit aussi fluide que possible.

«Lorsque quelque chose est médicalement nécessaire pour la santé bucco-dentaire d’une personne, nous voulons nous assurer que, quelle que soit votre situation — certainement si quelqu’un a des problèmes supplémentaires, est confronté à un handicap — qu’il y ait une flexibilité au sein du système pour garantir que les gens reçoivent les soins dont ils ont besoin», a déclaré M. Holland dans une entrevue.

Le porte-parole du NPD en matière de santé, Don Davies, soutient qu’idéalement, toute personne tombant sous le seuil de revenu et recevant une aide provinciale pour personnes handicapées serait admissible, mais il serait difficile de créer un système permettant cela en seulement un an.

«Nous préconisons une définition plus large, mais nous devons être conscients des réalités pratiques des choses», a déclaré M. Davies dans une entrevue.

Étant donné que tous ceux qui satisfont aux exigences de revenu seraient admissibles au régime de soins dentaires d’ici la fin de l’année prochaine, le problème a une courte durée de vie, a dit M. Davies.

«C’est une question politique qui a une durée de vie et des implications de 12 mois maximum», a-t-il déclaré.

Dans ce cas, Mme Khedr a déclaré que le gouvernement devrait accélérer l’admissibilité pour rendre la couverture dentaire aussi accessible que possible.

«Cela peut sauver des vies. Il en va de leur qualité de vie. Il en va de leur dignité», a-t-elle fait valoir.