Le ministre O’Regan livre à l’OIT un plaidoyer passionné pour les droits des LGBTQ+

OTTAWA — Le ministre fédéral du Travail, Seamus O’Regan, a livré un plaidoyer passionné, cette semaine, en faveur du maintien des droits LGBTQ dans le cahier des normes internationales du travail, alors qu’une agence des Nations unies faisait face aux pressions de certains pays pour retirer cette mention.

Certains pays d’Afrique et du Moyen-Orient ont demandé à l’organe décisionnel de l’Organisation internationale du travail (OIT) de supprimer la formulation relative à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre dans le document de programme et de budget.

Le ministre O’Regan, qui est lui-même gai, a exhorté les participants à la réunion à éviter un tel recul de droits durement acquis pour des travailleurs vulnérables dans le monde.

L’OIT est une agence des Nations unies qui établit des normes internationales sur des questions telles que le travail des enfants, le droit de se syndiquer et les lois contre la discrimination.

L’agence onusienne a finalement adopté son budget après des jours de débats au cours desquels des pays comme Oman ont fait valoir, selon les procès-verbaux officiels, que l’OIT utilisait un «langage qui sème la division» et «va à l’encontre de l’universalité des valeurs humaines».

Le Pakistan a jugé la formulation existante de «litigieuse», tandis que la Libye a déclaré que cette formulation «faisait taire les points de vue» et risquait «d’interférer avec la souveraineté des États et leurs droits à défendre leurs croyances religieuses et culturelles».

La délégation canadienne à Genève s’est exprimée au nom d’un bloc de pays majoritairement européens en plaidant que l’OIT avait le devoir de protéger les groupes les plus exposés au risque d’exploitation en milieu de travail.

«Une fois les droits obtenus (…) nous ne resterons pas les bras croisés si on veut les balayer, les remettre dans le placard ou les retirer», a déclaré le ministre O’Regan aux participants. «Mon amour pour mon mari ne sera plus jamais négocié par un gouvernement. Et je peux vous dire que je ne le laisserai jamais être négocié ou rabaissé par qui que ce soit ici ou ailleurs, a-t-il déclaré lors de la réunion.

«Je suis un travailleur vulnérable. Je suis le ministre du Travail du Canada, mais je suis gai et je suis marié. Je ne pourrais pas travailler, ou je serais emprisonné, ou je serais condamné à mort, s’il m’arrivait d’avoir été né dans certains des États membres [représentés] devant moi.»

L’OIT a finalement conservé sa formulation, mais a ajouté une note indiquant que l’agence reconnaissait que certains pays avaient exprimé des positions divergentes sur cette question.

M. O’Regan a rappelé aux délégués qu’il avait fallu des décennies au Canada pour reconnaître les droits des LGBTQ et que les groupes conservateurs qui avaient mis en garde contre les conséquences désastreuses du mariage entre conjoints de même sexe avaient finalement eu tort.

«Personne ne s’est marié avec un cheval. Personne n’a échangé ses vœux avec un mouton. Les gens sont simplement devenus libres. Libres d’être ce qu’ils étaient déjà, a-t-il déclaré. Je suis né comme ça. Ça ne m’a pas été inculqué. Je n’ai pas été soigné. C’est aussi naturel pour moi maintenant que la couleur de mes yeux. C’est ce que je suis.»