L’avocate de Pat King fait valoir sa notoriété pour un procès loin d’Ottawa

OTTAWA — L’organisateur du «convoi de la liberté» Pat King a demandé une fois de plus au tribunal de déplacer son procès criminel hors d’Ottawa, même si d’autres personnes accusées relativement à la manifestation se sont vu refuser des demandes similaires. Le juge qui préside le procès a pour sa part affirmé qu’il était peu probable qu’il accède à cette demande.

Pat King faisait partie du groupe initial d’organisateurs, qui ont amené des poids lourds et d’autres camions dans la capitale pour protester contre les restrictions de santé publique liées à la COVID-19 au début de 2022.

L’avocate de M. King, Natasha Calvinho, soutient que son client jouissait d’une plus grande notoriété que la plupart des autres organisateurs du convoi et même que l’ex-député provincial de l’Ontario Randy Hillier, qui fait également face à des accusations liées au convoi l’hiver dernier.

Elle a tenté une deuxième fois de convaincre un juge de déplacer le procès hors d’Ottawa et a soutenu que M. King était si notoire qu’il n’aurait aucune chance d’avoir un procès équitable dans la ville.

L’organisateur du convoi James Bauder et M. Hillier avaient déclaré dans leurs propres tentatives infructueuses qu’ils estimaient qu’un jury d’Ottawa aurait des préjugés à leur encontre en raison de l’impact de l’événement sur les habitants d’Ottawa.

M. King «était et est toujours plus médiatisé que la plupart des autres personnes impliquées dans le « convoi de la liberté »», a déclaré l’avocate au tribunal.

Les exceptions, a-t-elle dit, sont les organisateurs de la manifestation Tamara Lich et Chris Barber, dont le procès pénal commun a débuté en septembre.

La Couronne a fait valoir que la situation de M. King ressemble davantage à celle de M. Bauder, dont la demande de déplacer son procès a été refusée en partie parce qu’il n’était pas une personne bien connue.

La Couronne a réclamé que la demande soit rejetée, et Me Calvinho a reconnu devant le tribunal que la demande de M. King serait une «bataille difficile» à défendre.

Un enjeu qui ne serait pas résolu en déplaçant le procès

Le juge Charles Hackland a déclaré lors de la procédure judiciaire de mardi, qui s’est déroulée par vidéoconférence, qu’il rejetterait probablement la demande, bien qu’il souhaite réfléchir plus attentivement à la question avant de rendre sa décision définitive.

Il a déclaré que la couverture médiatique ou sur les réseaux sociaux de l’accusé n’est pas le principal problème, car ce problème ne serait pas résolu en déplaçant le procès hors d’Ottawa.

«Le véritable problème est de savoir ce qu’il en est des jurés potentiels qui résident dans la région du centre-ville d’Ottawa ou qui auraient autrement pu être indirectement impliqués dans le convoi? Ce sont ces personnes qu’il faut traiter avec beaucoup de prudence, je pense, pour éviter tout risque de préjudice», a soupesé le juge Hackland.

Le convoi avait bloqué les rues de la ville, les personnes et les véhicules étant restés dans le centre-ville pendant trois semaines. Les habitants ont décrit la scène comme étant anarchique, car ils ont été soumis à des klaxons à toute heure du jour et de la nuit, à des feux à ciel ouvert dans les rues et à des vapeurs de diesel.

La manifestation a coûté 7 millions de dollars à la ville, et la police a initialement estimé qu’il en coûterait 55 millions de dollars pour patrouiller et finalement mettre fin à la manifestation.

Le gouvernement libéral a également invoqué la Loi sur les mesures d’urgence pour tenter de réprimer les manifestations à Ottawa et à plusieurs postes frontaliers canado-américains.

Pat King est accusé de méfait et d’autres accusations liées au fait d’avoir conseillé à d’autres de commettre des méfaits, d’avoir désobéi à une ordonnance du tribunal et d’entrave à la police dans le cadre de son rôle dans le convoi.

Les arguments de mardi faisaient partie d’une audience préliminaire de quatre jours sur plusieurs questions liées au cas King, dont la plupart ne peuvent pas être rapportées en raison d’une interdiction de publication.

Le procès de M. King devrait s’ouvrir fin novembre.