L’architecte paysagiste montréalais Claude Cormier est décédé à l’âge de 63 ans

MONTRÉAL — Claude Cormier, architecte paysagiste montréalais qui avait notamment conçu les «Boules roses» dans le Village et le monumental anneau d’acier place Ville-Marie, est décédé vendredi à l’âge de 63 ans.

Le cabinet qu’il avait fondé, Claude Cormier + associés (CCxA), a indiqué vendredi que le designer était mort à Montréal à la suite de complications liées au syndrome de LiFraumeni, «une maladie génétique rare caractérisée par une prédisposition à développer différents types de cancer».

Son cabinet décrit Claude Cormier comme «la force créatrice à l’origine de certains des espaces publics canadiens les plus aimés, les plus vibrants et les plus acclamés par la critique».

Il a notamment conçu à Montréal les parasols aux couleurs vives de la plage de la tour de l’Horloge et les arbres roses du Palais des congrès, et à Toronto la fontaine avec chiens du parc Berczy. 

Son «baldaquin» de balles en plastique roses, devenues plus tard multicolores («18 nuances de gai»), a recouvert pendant des années la rue Sainte-Catherine dans le quartier gai de Montréal.

«Les créations joyeuses et subversives de M. Cormier allient la clarté conceptuelle à un instinct étudié pour créer des lieux qui passent l’épreuve du temps», indique son cabinet dans la notice nécrologique.

«Sa capacité à concevoir des espaces publics qui attirent un large public est le fruit de multiples qualités: audace, sincérité, discipline, leadership, sens des affaires, talent pour la résolution créative de problèmes et capacité à apporter de la lumière et du rire à tous ceux qu’il rencontre et dans moult situations.»

On retrouve ses œuvres dans des endroits très fréquentés, comme la place d’Youville et le square Dorchester, à Montréal, ou la «Sugar Beach», à Toronto. Claude Cormier a également collaboré à la conception du Monument national de l’Holocauste d’Ottawa, inauguré en 2017.

Son dernier grand projet aura été l’«Anneau de Montréal» (2022), monumental cercle en acier de 30 mètres de diamètre suspendu au-dessus de l’esplanade de la place Ville-Marie, au cœur du centre-ville de Montréal. Il avait aussi conçu récemment à Toronto le «Love Park» (2017), un étang en forme de cœur sur les berges du lac Ontario, au centre-ville.

Son cabinet qualifie ces deux dernières œuvres majeures de «lettres d’amour à ses deux villes de prédilection, Montréal et Toronto». 

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a déploré cette «perte immense», dans une publication sur X (anciennement Twitter). «Claude était un visionnaire, un bâtisseur et un grand Montréalais, écrit-elle. Son œuvre architecturale est un legs qui restera dans nos mémoires à jamais.»

Coup de pouce de Phyllis Lambert

La notice nécrologique indique que M. Cormier était né au sein d’une famille modeste à Princeville, dans les Bois-Francs. Il a d’abord étudié l’agronomie à l’Université Laval avec l’intention de reprendre la ferme familiale, mais il s’est orienté vers l’architecture paysagère et a obtenu un baccalauréat à l’Université de Toronto en 1986. 

Il a ensuite étudié à l’école supérieure de design de l’Université Harvard, où il a obtenu une maîtrise en histoire et théorie du design. Selon son cabinet, l’architecte Phyllis Lambert avait accepté de financer son année d’études à Harvard, en 1994, en échange de quoi M. Cormier s’engageait à la conseiller sur la gestion paysagère de son Centre canadien d’architecture, récemment construit à Montréal.

La nécrologie indique que M. Cormier a endossé le rôle d’«ambassadeur du design pour les questions queer» dans ses projets. «Le mélange des techniques avant-gardistes et d’humour à la portée de tous caractéristique de Claude crée des endroits qui résonnent au-delà des clients et des communautés LGBTQ2S+», indique le cabinet.

Son art était ludique, mais Claude Cormier devait vivre avec la menace constante d’une mutation génétique qui avait causé des cancers mortels et prématurés chez plusieurs membres de sa famille du côté de son père. 

Selon la notice nécrologique, M. Cormier a continué à travailler avec des chercheurs en médecine pour mieux comprendre la maladie après avoir reçu, il y a quatre ans, un diagnostic de cancer du poumon, de cancer du rein et d’une forme rare de lymphome.

La notice indique que M. Cormier laisse dans le deuil sa mère, une sœur et un frère, ainsi que «sa famille de travail du CCxA» et «un très large cercle d’amis».

Note aux lecteurs: Dans une version précédente de cette dépêche, on évoquait la «sphère d’acier», alors qu’il s’agit d’un anneau d’acier.