La SOPFEU continue d’espérer la pluie, alors que des renforts arrivent d’Europe

Bien qu’un grand nombre d’incendies de forêt aient été maîtrisés par les combattants du feu au cours des derniers jours, la partie est loin d’être gagnée pour venir à bout des flammes qui ravagent toujours des milliers d’hectares dans le nord du Québec.

Pour espérer prendre le dessus, la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) aurait besoin d’un bon coup de pouce de Dame Nature. «La pluie est notre meilleure alliée pour prendre le pas pour la suite des choses. Il faudrait un bon 20 à 22 millimètres de pluie sur quelques jours qui nous permettrait d’éteindre pour de bon certains incendies», a fait savoir mercredi son porte-parole et conseiller stratégique à la direction générale, Sylvain Tremblay.

Actuellement, les précipitations se font rares et sont trop éparses pour avoir un effet significatif, dit-il. «C’est une situation préoccupante, poursuit M. Tremblay. Nous espérions une dépression à la fin de la journée d’hier [mardi] et en soirée qui nous aurait apporté des pluies en quantité suffisante, mais malheureusement, avec la pluie qu’on a reçue et qu’on annonce pour les prochains jours, on ne pense pas que cela va nous permettre de redescendre la situation à un niveau où on pourrait reprendre le contrôle d’ici la fin de la semaine.»

Ce faisant, certaines municipalités et communautés doivent demeurer sur un pied d’alerte, alors que de nouvelles évacuations sont envisageables si la situation ne s’améliore pas. 

«C’est clair que la situation n’est pas normalisée. Certains feux qu’on avait déclarés contenus ont progressé et on ne peut pas exclure [avec la sécheresse] que de nouveaux feux de foudre se déclenchent ou que d’autres se réactivent», prévient M. Tremblay.

Un nouvel incendie s’est pour sa part déclenché dans le secteur Fermont, où deux avions-citernes sont déployés pour tenter de le maîtriser, a fait savoir la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina.

À midi mercredi, son ministère a toutefois poursuivi sa levée partielle de l’interdiction d’accès en forêt sur les terres du domaine de l’État et la fermeture des chemins forestiers. Ce faisant, l’interdiction ne concerne désormais que certains secteurs précis, qui «correspondent maintenant aux régions où brûlent de grands incendies, soit autour de Lebel-sur-Quévillon, au nord du réservoir Gouin, au nord de Chibougamau et dans le secteur Micoua au nord de Baie-Comeau». 

Lebel-sur-Quévillon sur le qui-vive

Mercredi avant-midi, il restait environ 2800 Québécois ayant été évacués au cours des derniers jours qui n’avaient pas encore regagné leur foyer, a précisé Jean Savard, directeur général des opérations à la Sécurité civile du Québec. 

Les résidants de Normétal commençaient mercredi matin à retourner chez eux, par étapes, alors que ceux de Lebel-sur-Quévillon, qui sont au nombre de 2000, sont encore dans l’attente.

La municipalité n’est d’ailleurs pas sortie d’affaire, alors que les précipitations attendues «se sont arrêtées à ses portes», a déploré M. Tremblay.

«Autour de Lebel-sur-Quévillon, ce sont entre 300 000  et 350 000 hectares qui se trouvent en incendie à l’heure actuelle. Le feu 344 à lui seul dépasse 200 000 hectares, et tout autour, d’autres incendies forment un complexe», a précisé le porte-parole.

«Souhaitez-nous de la pluie s’il-vous-plaît», a déclaré le maire de Lebel-sur-Quévillon, Guy Lafrenière, dans sa mise à jour quotidienne sur la page Facebook de la municipalité.

«Malheureusement, on n’a pas eu de précipitations, a rappelé le maire. Il n’y a que 0,8 mm de tombés dans le secteur de notre feu, et rien dans le feu près de la mine de Windfall.»

Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, n’a pu se faire rassurant lors d’un point de presse tenu dans un couloir de l’Assemblée nationale.

«Gardez espoir, continuez d’être patients, a plaidé l’élu. La bataille n’est pas gagnée dans ce secteur, on ne peut pas prendre de risque et de dire qu’ils peuvent retourner chez eux parce que le feu est moins proche que prévu. Quand on autorise la réintégration, c’est qu’on est certains que les gens seront en sécurité.»

Du renfort bienvenu

Actuellement, près de 1200 combattants du feu sont à pied d’oeuvre pour circonscrire les quelque 110 incendies toujours actifs sur le territoire. Entre 18 et 20 avions-citernes se relaient quotidiennement et 70 hélicoptères sont aussi mis à contribution.

Un total de 282 militaires, 72 professionnels du Nouveau-Brunswick et 106 autres de la France, arrivés jeudi dernier, sont en place pour soutenir les efforts québécois contre le feu.

Mardi, une équipe de 79 personnes est arrivée des États-Unis en renfort; elle sera bonifiée d’une quarantaine d’autres membres qui sont attendus mercredi.

En après-midi mercredi, 100 pompiers portugais et 140 autres espagnols viendront prêter main-forte aux forces en place.

La plupart des effectifs envoyés de l’international demeureront sur place pour deux ou trois semaines. Il se pourrait qu’ils restent plus longtemps ou que les équipes soient renouvelées selon les besoins et les ententes à venir.

L’arrivée de ces secours est bienvenue, mais pose un immense défi sur le plan logistique, a expliqué Sylvain Tremblay.

«Il faut que ces gens-là soient logés et nourris, donc il faut du personnel de cuisine et un lieu pour les héberger, souligne le porte-parole. On a beau opérer à partir de Val-d’Or, on ne peut pas loger l’ensemble des pompiers là-bas. Il faut en envoyer plus près de Lebel-sur-Quévillon et de Normétal. En même temps, on ne peut pas répartir nos gens sur trop de sites à la fois.»

En point de presse à Québec, le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, a salué l’accueil des Québécois qui ont hébergé temporairement les évacués, notamment bon nombre de citoyens autochtones. «Dimanche et lundi, je me suis promené sur le territoire pour voir les gens évacués, et c’était extrêmement touchant de voir l’accueil qu’ils ont reçu», a-t-il souligné.

Le ministre a aussi remercié les membres des communautés autochtones qui participent activement au combat contre le feu. D’autres initiatives conjointes sont en train de se développer.

«On a annoncé une clinique médicale du côté de Val-d’Or, qui va combiner la médecine qu’on connaît et la médecine traditionnelle, a-t-il illustré. Autrement, est-ce que la connaissance du territoire des Premières Nations peut être mise à profit? Oui, et c’est ce qu’on fait.»

Selon le plus récent bilan de la SOPFEU, mercredi midi, il demeure encore 127 incendies en activité au Québec, dont 18 dans la zone nordique. Du nombre, cinq se sont déclarés mardi.

Un peu moins d’une quarantaine d’incendies sont encore considérés comme étant en progression. Ce sont près 1,2 million d’hectares de forêt qui ont d’ores et déjà été affectés par les feux cette année.