La guerre entre Israël et le Hamas alimente la radicalisation, selon des observateurs

CALGARY — La guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par le groupe terroriste lorsqu’il a attaqué le territoire israélien le 7 octobre, alimente la radicalisation des esprits, disent des observateurs.

Selon Amarnath Amarasingam, un professeur de religion et de sciences politiques à l’Université Queen’s, en Ontario, il est difficile de déterminer comme réagir à un tel conflit, même si la colère peut être une réaction légitime.

Il constate que ce conflit a une étrange capacité à court-circuiter l’habituel engagement des gens envers les droits de la personne.

«Les extrémistes de deux côtés ont tendance à tergiverser, à taire, à écarter ce que leur côté fait comme jamais dans les autres conflits», lance le Pr Amarasingam.

Il déplore que les crimes et les discours haineux des deux côtés de la barricade.

«La cause palestinienne a toujours été un élément fondamental des griefs qui alimentent la propagande des djihadistes. Cela n’a pas changé, mais on constate une plus grande propagande de groupes comme al-Qaïda ou Daech pour utiliser le plus récent conflit à des fins de recrutement.»

Chris Boudreau, une Albertaine dont le fils est mort en combattant avec des islamistes en Syrie, s’inquiète de cet essor de la radicalisation depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.

«C’est ce que les extrémistes font: ils profitent de la colère et ce feu intérieur, lance-t-elle. La détresse est un sentiment puissant, la peur est un sentiment puissant. Malheureusement, les émotions humaines prennent souvent le dessus sur la logique.»

Selon elle, la colère qui gronde rend les jeunes encore plus vulnérables.

«C’est chacun pour soi. Si on observe l’état d’esprit de tout le monde, on constate qu’il n’y a plus de résilience et les gens éprouvent des difficultés. C’est une mine d’or [pour les extrémistes], ajoute Mme Boudreau qui vit maintenant en France. Le recrutement est plus aisé, car il est plus facile d’enflammer les gens pour qu’ils se joignent à une cause.»

Syed Soharwardy, fondateur du groupe Musulmans contre le terrorisme et du Conseil suprême islamique du Canada, combat le radicalisme depuis plusieurs années.

Il dit que l’actuelle situation est différente de l’époque où Daech tentait de recruter des jeunes désillusionnés.

M. Soharwardy, qui condamne l’attaque du Hamas tout en déplorant que l’Occident n’ait pas critiqué vigoureusement les représailles israéliennes, raconte qu’au cours des dernières semaines, il a demandé à des jeunes de ne pas marcher sur les routes de la violence et de s’exprimer de façon positive, comme en écrivant des lettres aux médias et en contactant des politiciens.

«Il est si difficile de leur plaire qu’il faut garder son contrôle. Ils m’écoutent, mais je peux lire sur leur visage que mes réponses ne leur plaisent pas. Je n’ai jamais vu notre jeunesse aussi en colère, même après le 9 septembre. C’est pis que lorsque Daech tentait de nous laver le cerveau. On moins, ils savaient que le Daech, c’était une bande de bandits.»

M. Soharwardy croit aussi que les manifestations qui se sont déroulées à l’échelle du pays ont donné un exutoire aux jeunes 

«Si on cessait ces rassemblements, si on jetait tout ça sous un tapis, cela serait très, très dangereux. Il est très important qu’ils puissent se défouler d’une manière pacifique.»