La défense au procès Lich-Barber souhaite obtenir des courriels de la police

OTTAWA — Les avocats de deux organisateurs du prétendu «convoi de la liberté» ont repris leur argumentaire, vendredi, dans une bataille juridique sur l’accès aux documents internes du Service de police d’Ottawa. 

La défense conteste la thèse de la police selon laquelle certains de ces documents seraient protégés par le «secret professionnel de l’avocat».

Tamara Lich et Chris Barber subissent leur procès pour leur rôle dans la manifestation contre les mesures sanitaires liées à la COVID-19 qui a paralysé des rues d’Ottawa pendant trois semaines à l’hiver 2022. 

Ils font face à de multiples accusations, notamment méfait, conseil à d’autres de commettre des méfaits et intimidation. La Couronne cherche à prouver que ces deux organisateurs de premier plan ont eu une influence sur les gestes des manifestants.

Le procès a été fréquemment retardé en raison de problèmes liés à l’admissibilité des preuves.

Les avocats de la défense souhaitent obtenir les courriels qui montrent quelles preuves les policiers ont été invités à remettre dans le cadre de cette affaire, ainsi que toute instruction donnée aux policiers concernant la mise à jour du logiciel de leurs téléphones portables à la fin de la manifestation.

Cette mise à jour du logiciel a peut-être supprimé les messages entre M. Barber et l’agente de liaison de la police Nicole Bach, qui était considérée comme l’un des principaux contacts de l’organisateur du convoi.

En réponse à sa requête, la défense n’a reçu que des courriels fortement caviardés. La Couronne et la police d’Ottawa soutiennent que ce caviardage a écarté des informations non pertinentes au dossier ou protégées par le secret professionnel de l’avocat.

La Couronne, les avocats de la défense et ceux de la police d’Ottawa ont présenté à la juge leurs arguments juridiques sur les documents toute la journée de jeudi et en début de journée vendredi.

Témoignage d’un sergent  

Vendredi après-midi, l’audition des témoins à ce procès a repris avec à la barre le sergent Jordan Blonde, un policier décrit comme un contact «secondaire» de M. Barber. M. Blonde a décrit des scènes «hostiles» qui ont mené à l’opération policière visant à déloger de force les manifestants du centre-ville d’Ottawa.

Il a raconté au tribunal que la police avait tenté de distribuer des avis aux manifestants pour qu’ils «quittent paisiblement» le centre-ville les 16 et 17 février 2022. Une personne a alors pris le dépliant et l’a jeté dans les toilettes au milieu de la rue Wellington, qui longe la colline du Parlement.

Le sergent Blonde a aussi déclaré que le 17 février, environ trois semaines après le début de la manifestation, il a été témoin d’une scène où des manifestants se comportaient de manière hostile. Il a indiqué que la police s’était retirée d’un secteur situé à quelques pas de la colline du Parlement.

La police a amorcé «l’opération démantèlement» le lendemain, 18 février, lorsque le gouvernement fédéral a eu recours à la Loi sur les mesures d’urgence. Le sergent Blonde a déclaré vendredi qu’il avait parlé à plusieurs personnes dans la manifestation qui étaient «très insistantes pour se faire arrêter».

Il a également décrit un avant-poste de participants au convoi rassemblés dans un stationnement près d’un stade de l’est de la capitale fédérale, domicile de l’équipe de baseball des Titans d’Ottawa. Il a déclaré y avoir vu des saunas, des tentes, des cordes de bois, des piles de réservoirs de propane et une soixantaine de véhicules. «Des gens vivaient dans ce stationnement. C’était un spectacle assez étrange», a raconté le sergent Blonde. 

Les avocats des coaccusés ont ensuite déclaré au tribunal qu’ils ne veulent pas contre-interroger M. Blonde tant que la juge Heather Perkins-McVey ne se sera pas prononcée sur les documents de la police réclamés par la défense.

Le procès devrait reprendre mardi avec la suite de l’interrogatoire du sergent Blonde par la Couronne.