La CCMM relance la francisation dans les commerces montréalais

MONTRÉAL — C’est dans son commerce, son petit dépanneur ou sa boutique qu’un nouvel arrivant ou même un anglophone est dans la meilleure position pour apprendre le français, parce qu’il ne peut fermer boutique pour aller suivre des cours le jour, le soir ou même les week-ends.

Cependant, c’est aussi avec le soutien de leur clientèle francophone qu’ils arriveront à progresser.

C’est cette logique qui amène Québec à verser près de 1,6 million $ à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) pour que celle-ci relance son programme «J’apprends le français».

Mentors

Lancé en 2016, le projet consiste à jumeler des commerçants qui veulent apprendre le français avec des mentors, en l’occurrence des étudiants universitaires qui se destinent à enseigner le français. Ceux-ci seront rémunérés au taux de 23 $ de l’heure pour aller soutenir leur apprentissage du français sur place durant les heures de commerce.

Le programme, qui avait connu un vif succès entre 2016 et 2020, totalisant plus de 900 jumelages, avait évidemment été interrompu durant la pandémie. Le président de la Chambre, Michel Leblanc, affirme avoir tout près de 400 commerçants sur une liste d’attente pour obtenir le service.

Apprendre sans fermer boutique

«Ce programme de la CCMM nous permet de rejoindre un public qu’on ne rejoint pas habituellement, à savoir les gens qui sont dans les commerces», a expliqué la ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Christine Fréchette, mardi, dans les bureaux de la Chambre de commerce.

«Dans ce type de secteur, si la personne doit s’absenter de son commerce le temps d’une leçon de français, elle doit le plus souvent mettre la clé dans son commerce», a-t-elle fait valoir.

Michel Leblanc affirme par ailleurs que «ce n’est pas parce qu’ils ne veulent pas apprendre le français. Ce n’est pas par résistance», mais bien parce que des cours de francisation le soir ou la fin de semaine, ça ne convient tout simplement pas à un commerçant.

Clients: ne basculez pas vers l’anglais

Le public, ajoute-t-il, a aussi un rôle à jouer. Le programme s’accompagne d’une campagne de communication où le slogan «J’apprends le français, encouragez-moi» sera affiché dans les commerces et sur les commerçants eux-mêmes avec un macaron rouge.  

«Quand on entre dans un commerce, s’il y a une affiche, s’il y a ce petit macaron, assurez-vous, comme client, de continuer de parler en français, de parler peut-être un peu plus lentement, d’utiliser des nouveaux mots et d’être bien conscient que la personne devant vous fait un effort pour développer son français.»

Cet appel est nécessaire, dit-il, parce que «beaucoup de clients bilingues, devant un commerçant qui ne maîtrise pas encore très bien le français, vont basculer à l’anglais et là, ça défait ce qu’on veut faire.»

«Il y a un effort à faire au niveau de la communication dans la communauté qui est de dire: parlez en français, le commerçant veut l’apprendre», conclut-il.