«Des feux brûlent toujours sur nos territoires traditionnels»

SAGUENAY, Qc — Les Cris appellent les gouvernements à en faire plus pour protéger les forêts contre les feux, alors que le premier ministre Justin Trudeau a rendu visite mercredi à des sinistrés ainsi qu’à des militaires qui ont combattu les incendies, à Saguenay.

«Les feux continuent de brûler nos territoires traditionnels», a déploré le vice-chef de la communauté sinistrée d’Oujé-Bougoumou, Lance Cooper, qui réclame davantage d’avions-citernes et de pompiers pour combattre les incendies qui seront plus fréquents dans les années à venir. 

Au cours d’une visite éclair à Saguenay, M. Trudeau est allé encourager les derniers évacués de cette localité crie située à plus de 300 km au nord-ouest de Saguenay, près de Chibougamau. 

Pas moins de 250 d’entre eux avaient trouvé refuge au cégep de Chicoutimi, 150 à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) et il n’en restait plus que quelques dizaines dans un gymnase surchauffé du cégep qui allaient rentrer chez eux mercredi.

En matinée, lors d’une conférence de presse à la base de l’Aviation royale canadienne de Bagotville, M. Trudeau a indiqué que le Canada pourra compter aussi cet été sur les renforts de pompiers étrangers.

«L’aide internationale, c’est une situation durable», a déclaré M. Trudeau dans un hangar de la base, en compagnie de la mairesse de Saguenay, Julie Dufour.

Au cours d’un briefing avec le premier ministre, la colonelle Marie-Christine Harvey a indiqué que 1467 pompiers étrangers étaient déployés ou sur le point de l’être.

Elle a fait part au premier ministre d’une «légère dégradation» de la situation dans les dernières 24 heures, mais d’une «météo favorable» – avec des précipitations – au cours des deux prochaines journées. 

«Le gouvernement canadien doit apporter une assistance additionnelle à la SOPFEU (Société de protection des forêts contre le feu), pour obtenir davantage d’avions-citernes ou si des infrastructures supplémentaires sont nécessaires, et pour embaucher davantage de pompiers», a plaidé Lance Cooper, en entrevue avec La Presse Canadienne, au cégep de Chicoutimi. 

Des pompiers de plusieurs pays, dont les États-Unis, le Portugal et l’Espagne, prêtent main-forte à leurs collègues québécois. Le premier ministre a indiqué qu’il y avait un décalage dans la saison des incendies avec ces pays, ce qui permettait aux pompiers internationaux de venir aider au Canada, et vice-versa.

Les Forces armées canadiennes sont aussi sur le terrain pour aider. M. Trudeau s’est d’ailleurs longuement entretenu avec des militaires de Bagotville, mais aussi de la base de Valcartier, qui ont lutté contre les brasiers et apporté du secours aux populations. 

Le chef du gouvernement a laissé entendre qu’il fallait protéger les familles et les institutions dans les prochaines «années qui vont être difficiles».  

«Avec le temps, il y aura de plus en plus de feux de forêt», a convenu M. Cooper en entrevue. 

Oujé-Bougoumou est maintenant hors de danger, hormis la fumée qui continue d’incommoder. Les incendies sont loin de la communauté, mais continuent de ravager des hectares de forêt.   

Dans son allocution devant les évacués et les bénévoles, le premier ministre a convenu qu’il fallait apprendre avec les partenaires autochtones à être des «gardiens» de ce territoire.   

«Les gouvernements doivent faire tout en leur possible pour que nos terres soient sûres, parce que des incendies continuent de ravager nos territoires ancestraux, dont nous dépendons pour notre alimentation, notre culture, notre mode de vie», a exigé le vice-chef.

Dans son discours, Lance Cooper a abondamment louangé l’accueil des Saguenéens qui ont rapidement mis en place des infrastructures d’accueil dignes des professionnels de l’humanitaire pour les Cris de cette localité, évacués pour la première fois de leur histoire. 

«Nous allons revenir vous visiter, pour une nuit peut-être, mais pas pour huit», a-t-il dit à la blague, soulagé comme ses concitoyens de pouvoir enfin rentrer chez lui.