Construction: la polyvalence des métiers existe déjà, disent des syndicats

MONTRÉAL — La polyvalence des métiers dans la construction existe déjà dans le travail quotidien des ouvriers, assurent des organisations syndicales du secteur.

Si le ministre du Travail, Jean Boulet, tient à accroître la productivité sur les chantiers de construction, il devrait plutôt mieux planifier les travaux, comme donneur d’ouvrage, et demander aux entrepreneurs d’en faire autant, ont-ils indiqué en entrevue vendredi.

En entrevue à l’occasion d’une manifestation sur la santé et la sécurité au travail, vendredi, la CSD et la CSN-Construction ont fait savoir qu’elles sont lasses de voir les travailleurs de l’industrie blâmés pour ce qui va mal dans le secteur, alors qu’ils n’y sont pour rien dans les retards, la mauvaise planification des travaux, la mauvaise organisation au sein d’un chantier et la hausse du coût des matériaux, par exemple.

Le ministre Boulet doit déposer sa réforme de l’industrie cet automne et les consultations préalables ont surtout porté sur des thèmes comme la polyvalence des métiers — à la demande des associations patronales — la formation écourtée pour certains métiers et les moyens d’accroître la productivité. Québec veut aussi faire entrer plus de travailleurs dans l’industrie.

Or, les syndicats font valoir que les travailleurs vivent souvent des «passages à vide» entre deux contrats de construction et que l’industrie vit une pointe de quelques mois, avant de ralentir l’hiver. Au bout de l’année, le nombre d’heures de travail n’est pas si élevé que ça, font-ils valoir.

«Il ne faut pas juste faire un ‘fast track’ pour faire rentrer du monde» dans l’industrie, parce que ces travailleurs-là n’y resteront pas longtemps, s’ils n’ont pas plus de stabilité dans le travail et s’ils ne sont pas mieux épaulés lorsqu’ils commencent dans l’industrie, a commenté Pierre Brassard, président de la CSN-Construction.

Quant à la polyvalence des métiers, «il y en a déjà de la tolérance», a assuré Luc Vachon, président de la CSD. Un charpentier-menuisier va réparer un trou qu’il a fait dans un mur en installant une porte, par exemple.

«Il y a plus de 26 000 employeurs dans l’industrie de la construction au Québec qui ont cinq employés et moins. Pensez-vous vraiment que dans ce contexte-là, tout est respecté à la lettre et qu’il n’y a pas une seule zone de tolérance? S’il fallait qu’on fasse ça, ça prendrait trois, quatre fois plus d’inspecteurs à la CCQ (Commission de la construction du Québec) pour être capable de faire respecter (le cloisonnement des métiers). Il y en a de la tolérance et c’est correct», a conclu M. Vachon.

Il reproche aux associations patronales de mettre tout ce qui va mal dans l’industrie sur le dos des travailleurs et au ministre du Travail de n’écouter que les associations patronales.