Nouvelle tentative d’un alunissage privé

CAPE CANAVERAL, Fla. — Une autre société privée américaine a décollé en direction de la Lune jeudi, un mois après que l’atterrisseur lunaire d’une société rivale ait manqué sa cible et se soit écrasé au sol.

La NASA, principal commanditaire des expériences à bord, espère un alunissage réussi la semaine prochaine afin de relancer l’économie lunaire avant les missions d’astronautes.

Plusieurs technologies canadiennes se trouvent à bord.

Il est prévu, dans le cadre de cette mission, que Canadensys Aerospace Corporation fasse la démonstration de ses systèmes opérationnels d’imagerie à 360°, dont l’un a été financé en partie au titre du Programme d’accélération de l’exploration lunaire.

Canadensys a conçu et construit un observatoire astronomique lunaire. Elle a fourni des caméras opérationnelles qui font partie intégrante de cet atterrisseur lunaire et des atterrisseurs subséquents.

La firme MDA a par ailleurs été sélectionnée par Intuitive Machines pour fournir des capteurs de l’atterrisseur Ulysse. Ils aideront à mesurer la distance entre l’engin spatial et la surface de la Lune au fil de la descente.

La fusée Falcon de SpaceX a décollé au milieu de la nuit du Centre spatial Kennedy de la NASA, envoyant l’atterrisseur lunaire d’Intuitive Machines en route vers la Lune, située à 370 000 kilomètres. L’atterrisseur ressemblait à un superbe bijou en forme d’étoile à six branches ― chaque branche étant une jambe ― lorsqu’il s’est séparé avec succès de l’étage supérieur et a dérivé dans le vide noir, avec la Terre bleue loin derrière.

Si tout se passe bien, une tentative d’alunissage aura lieu le 22 février, après une journée en orbite lunaire.

Seuls cinq pays ― les États-Unis, la Russie, la Chine, l’Inde et le Japon ― ont réussi un alunissage et aucune entreprise privée ne l’a encore fait. Les États-Unis ne sont pas retournés sur la surface lunaire depuis la fin du programme Apollo, il y a plus de cinquante ans. 

«Il y a eu beaucoup de nuits blanches pour préparer ce vol», a déclaré Steve Altemus, cofondateur et directeur général d’Intuitive Machines, avant le vol. 

La société basée à Houston a pour objectif de poser son atterrisseur à six pattes de 4,3 mètres de haut à seulement 300 kilomètres du pôle sud de la Lune, ce qui équivaut à un atterrissage dans l’Antarctique sur Terre. C’est dans cette région, pleine de cratères et de falaises dangereuses, mais potentiellement riche en eau gelée, que la NASA prévoit de faire se poser des astronautes dans le courant de la décennie. L’agence spatiale a expliqué que les six expériences de navigation et de technologie embarquées à bord de l’atterrisseur peuvent aider à faciliter les choses.

L’atterrisseur Peregrine d’Astrobotic Technology, premier élément du service commercial de livraison lunaire de la NASA, est tombé en panne peu après le décollage, début janvier. En raison d’une rupture du réservoir de carburant et d’une fuite massive, le vaisseau spatial a contourné la Lune et est rentré dans l’atmosphère dix jours après le lancement, se désintégrant et s’incinérant au-dessus du Pacifique.

D’autres ont atteint la Lune avant de s’écraser.

L’atterrisseur d’une association israélienne s’est abîmé en 2019. L’année dernière, une société de Tokyo a vu son atterrisseur s’écraser sur la Lune, suivi par l’atterrissage en catastrophe de la Russie. 

Seuls les États-Unis ont envoyé des astronautes sur la Lune, Gene Cernan et Harrison Schmitt (Apollo 17) clôturant le programme en décembre 1972. C’était la fin des alunissages américains jusqu’à la tentative éphémère d’Astrobotic le mois dernier.

Intuitive Machines a surnommé son atterrisseur du nom du héros d’Homère dans «L’Odyssée». 

«Bon vent, Ulysse. Maintenant, entrons dans l’histoire», a lancé Trent Martin, vice-président des systèmes spatiaux. 

La NASA paie 118 millions $ US à Intuitive Machines pour acheminer sa dernière série d’expériences sur la Lune. La société a également trouvé ses propres clients, notamment Columbia Sportswear, qui teste une veste métallique comme isolant thermique à bord de l’atterrisseur, et le sculpteur Jeff Koons, qui envoie des figurines lunaires de 315 centimètres dans un cube transparent.

L’atterrisseur transporte également la caméra Eaglecam de l’université aéronautique Embry-Riddle, qui prendra des photos de l’atterrisseur lors de leur descente.

L’engin spatial cessera ses activités après une semaine à la surface.