Les États-Unis envisagent de recommencer à détenir brièvement des familles migrantes

WASHINGTON — L’administration du président américain Joe Biden envisage de recommencer à placer en détention des familles de migrants qui entrent illégalement aux États-Unis, alors qu’elle se prépare à mettre fin aux restrictions liées à la COVID-19 à la frontière américano-mexicaine.

Les responsables de la sécurité intérieure des États-Unis examinent actuellement les meilleures façons de gérer l’augmentation de migrants attendus à la frontière une fois que les restrictions sanitaires, qui sont en place depuis 2020, seront levées, en mai.

La détention serait l’une des nombreuses idées sur la table, mais aucun choix définitif n’a été fait, ont nuancé des sources proches du dossier qui ont parlé à l’Associated Press.

Si cette option était retenue, les familles seraient placées en détention durant de courtes périodes, peut-être quelques jours seulement, pendant que leurs dossiers seraient traités par le tribunal de l’immigration, a expliqué un responsable.

Ces sources se sont confiées à l’Associated Press sous couvert d’anonymat parce qu’elles n’étaient pas autorisées à révéler publiquement le contenu des discussions internes.

La porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, a refusé de commenter les «rumeurs» à ce sujet. «Je ne dis pas que oui, je ne dis pas que non», a-t-elle déclaré. Elle a également refusé de dire si le président Biden estime que la détention des familles était une pratique «humaine».

Selon la politique actuelle, les familles qui arrivent à la frontière américano-mexicaine sont libérées aux États-Unis et invitées à comparaître devant le tribunal de l’immigration à une date ultérieure. Au plus fort de la pandémie, peu de familles ont été détenues; les agents de l’immigration et des douanes utilisent plutôt ces installations pour détenir des adultes célibataires qui traversent illégalement la frontière.

Mais en raison d’un nombre record de personnes qui arrivent à la frontière mexicaine, les États-Unis ont durci leurs politiques envers les migrants. Ceux-ci se présentent à la frontière pour demander l’asile après un voyage dangereux et souvent mortel.

Une idée impopulaire

La possibilité de recommencer à détenir les familles a été accueillie froidement par les défenseurs de l’immigration, qui citent des études pour rappeler à quel point la détention peut être préjudiciable pour les enfants et les familles.

Ces défenseurs ont d’ailleurs été surpris d’apprendre que cette pratique faisait l’objet de discussions internes, puisqu’on leur avait assuré qu’elle n’était plus dans les cartons, ont-ils dit.

«On comprend que l’administration Biden cherche à trouver un équilibre entre sa mission de protéger les droits des personnes qui fuient la persécution et son désir d’améliorer l’ordre du traitement des demandes d’asile, mais la détention des familles n’a pas sa place», selon le directeur de l’Immigration Hub, Sergio Gonzales.

«Nous implorons l’administration de rejeter cette pratique honteuse et rétrograde.»

L’élu démocrate du Mississippi Bennie Thompson était tout aussi choqué.

«Non seulement ces politiques sont cruelles et préjudiciables aux enfants, mais elles n’empêchent pas les familles de voyager aux États-Unis», a-t-il martelé.

Les passages frontaliers illégaux ont chuté après que M. Biden a annoncé, le 5 janvier, que les Cubains, les Haïtiens, les Nicaraguayens et les Vénézuéliens seraient renvoyés au Mexique s’ils traversaient illégalement la frontière.

Parallèlement à cette annonce, l’administration a ajouté que jusqu’à 30 000 personnes de ces quatre pays pourraient entrer aux États-Unis chaque mois si elles postulaient en ligne.

La patrouille frontalière a arrêté 128 410 migrants à la frontière mexicaine en janvier, en baisse de 42 % par rapport à décembre, qui était le mois le plus élevé jamais enregistré. Le chiffre de février n’a pas été rendu public, mais il se situerait autour de 130 000, selon une source de l’Associated Press.

Les États-Unis ont la capacité d’héberger environ 3000 personnes dans deux centres de détention familiale au Texas.