La présidente de la Hongrie démissionne après avoir gracié un pédophile

BUDAPEST, Hongrie — La présidente conservatrice de la Hongrie a remis sa démission dans la foulée de la gronde provoquée  par la grâce qu’elle a accordée à un homme condamné pour avoir été complice d’une agression sexuelle contre un enfant.

Katalin Novák a annoncé samedi sa décision à la télévision. Elle était présidente du pays depuis 2022, la première femme à occuper ce poste, et la plus jeune.

En avril 2023, elle avait accordé un pardon présidentiel à un homme impliqué dans une affaire de pédocriminalité dans un foyer pour enfants géré par l’État. La nouvelle, révélée il y a plus d’une semaine, a indigné la population du pays.

«J’ai accordé un pardon qui a déconcerté et perturbé plusieurs personnes. J’ai fait une erreur», a-t-elle reconnu.

Cette démission illustre un rare épisode de turbulence politique pour le parti nationaliste Fidesz, au pouvoir depuis 2010. Sous la direction du premier ministre Viktor Orban, le parti a été accusé d’avoir démantelé les institutions démocratiques et d’avoir truqué le système électoral.

Mme Novak, une ancienne vice-présidente du Fidesz, était une alliée importante du premier ministre. Elle avait été ministre des Familles avant d’être élue à la présidence du pays, un poste plutôt symbolique.

Elle défendait les valeurs familiales traditionnelles et la protection des enfants.

L’ancienne présidente avait gracié un homme condamné en 2018 à une peine supérieure à trois ans de prison. Il avait été reconnu coupable d’avoir exercé des pressions sur des victimes d’agressions sexuelles commises par son supérieur, le directeur de l’établissement, pour qu’elles se rétractent.

«J’ai opté pour la clémence en avril de l’an dernier en croyant que le condamné n’avait pas abusé de la vulnérabilité des enfants à qui lui avaient été confiés. J’ai fait une erreur, a déclaré Mme Novak, samedi. Je m’excuse auprès de ceux que j’ai blessés et de toutes les victimes qui ont pu avoir l’impression que je ne les soutenais pas.»

Le scandale a aussi provoqué un autre départ, celui de Judit Varga, celle qui était ministre de la Justice à l’époque de la grâce accordée par Mme Novak. Mme Varga devait être en tête de liste du Fidesz en vue des élections européennes qui se dérouleront cet été.

Mme Varga a annoncé sur Facebook qu’elle prenait ses responsabilités et se retirait de la vie publique. Elle a aussi annoncé sa démission à titre de députée.

Quelque 200 personnes s’étaient rassemblées devant le siège social du Fidesz pour réclamer la démission de Mme Novak. Plusieurs ont exprimé leur satisfaction à la suite de la décision de la présidente, même s’ils espèrent des changements plus importants dans la gouvernance de l’État.

«Je suis heureuse qu’elle ait démissionné, mais cela ne résout en rien le problème. Elle n’était pas la principale criminelle. On doit regarder au sommet du pouvoir», a lancé une manifestante, Anna Bujna. 

Un responsable du parti, Máté Kocsis, a déclaré que Mme Novak et Mme Varga avaient pris «des décisions responsables».