Blinken est de retour au Moyen-Orient pour faire progresser le plan de cessez-le-feu

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a rencontré lundi le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, lors de son nouveau voyage au Moyen-Orient.

Le numéro un de la diplomatie américaine tente d’obtenir du soutien à une proposition de cessez-le-feu qui fait face à une nouvelle incertitude, après le sauvetage spectaculaire de quatre otages israéliens détenus à Gaza lors d’un raid militaire majeur la fin de semaine dernière et d’un départ remarqué au sein du gouvernement Nétanyahou.

Sans réponse ferme du Hamas à la proposition reçue il y a 10 jours, M. Blinken a amorcé sa huitième visite dans la région depuis le début du conflit, en octobre, en rencontrant le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, un médiateur clé avec le Hamas.

Il s’est ensuite rendu en Israël pour des entretiens avec M. Nétanyahou et d’autres responsables israéliens.

M. Blinken a une fois de plus appelé le Hamas à accepter le plan, qui, selon lui, bénéficie d’un large soutien international.

Avant de quitter Le Caire pour un voyage qui le mènera aussi en Jordanie et au Qatar, M. Blinken a soutenu que le plan du président américain avait été accepté par Israël — même si M. Nétanyahou a exprimé son scepticisme.

«Je sais qu’il y a ceux qui sont pessimistes quant aux perspectives, mettant la responsabilité sur le Hamas. C’est compréhensible. Le Hamas continue de faire preuve d’un cynisme extraordinaire dans ses actions, d’un désintérêt non seulement pour le bien-être et la sécurité des Israéliens, mais aussi des Palestiniens.»

Le président Joe Biden, son secrétaire d’État et d’autres responsables américains ont salué le sauvetage des quatre otages samedi. Mais l’opération a entraîné la mort de 274 civils palestiniens, ce qui pourrait compliquer les efforts de cessez-le-feu en enhardissant Israël et en renforçant la détermination du Hamas à poursuivre les combats dans cette guerre qu’il a déclenchée le 7 octobre.

M. Blinken a affirmé aux journalistes que le plan présenté par la Maison-Blanche constituait le «meilleur moyen» de parvenir à un cessez-le-feu, de libérer les otages et d’améliorer la sécurité dans la région.

Lors de ses entretiens avec le président El-Sissi, M. Blinken a également discuté des plans de gouvernance et de reconstruction après le conflit dans la bande de Gaza.

«Il est impératif qu’il y ait un plan, et cela doit impliquer la sécurité, la gouvernance et la reconstruction», a déclaré M. Blinken.

M. Nétanyahou et son gouvernement ont toujours résisté aux appels en faveur d’un plan «du lendemain» qui empêcherait Israël d’avoir une certaine forme de présence sécuritaire sur le territoire. M. Blinken a dit qu’il exhorterait Israël à proposer d’autres avenues acceptables.

«Ce serait très bien si Israël présentait ses propres idées à ce sujet, et j’en parlerai au gouvernement, a-t-il déclaré lundi. Mais d’une manière ou d’une autre, nous devons avoir ces plans, nous devons les mettre en place, nous devons être prêts à aller de l’avant si nous voulons profiter d’un cessez-le-feu.»

Le plan en trois phases prévoit la libération d’un plus grand nombre d’otages et une pause temporaire dans les hostilités qui durera aussi longtemps qu’il le faudra pour négocier la deuxième phase, qui vise à amener la libération de tous les otages, un «retrait complet des forces israéliennes de la bande Gaza» et «une fin permanente des hostilités», selon un projet américain de résolution présenté au Conseil de sécurité de l’ONU. La troisième phase appelle à la reconstruction dans la bande de Gaza.

Le Conseil de sécurité a voté lundi pour approuver la résolution, qui salue la proposition et exhorte le Hamas à l’accepter. La résolution parrainée par les États-Unis a été adoptée par 14 voix pour, aucune voix contre et une abstention — la Russie.

Le Hamas a aussitôt salué l’adoption de la résolution et s’est dit prêt à travailler avec des médiateurs dans des négociations indirectes avec Israël pour la mettre en œuvre.

Dans l’une de ses déclarations les plus fermes à ce jour, le Hamas ajoute qu’il poursuivra sa «lutte» pour mettre fin à l’occupation israélienne et travaillera à la création d’un État palestinien «pleinement souverain».

Nétanyahou sceptique

Mais le Hamas n’est peut-être pas le seul obstacle. Bien que l’accord ait été décrit comme une initiative israélienne et que des milliers d’Israéliens aient manifesté leur soutien, le premier ministre Nétanyahou a exprimé son scepticisme, affirmant que ce qui a été présenté publiquement n’est pas exact et qu’Israël est toujours déterminé à détruire le Hamas.

Les alliés d’extrême droite de M. Nétanyahou ont menacé de faire tomber son gouvernement s’il mettait en œuvre le plan, et Benny Gantz, un centriste populaire, a démissionné dimanche du cabinet de guerre, composé de trois membres, après avoir déclaré qu’il le ferait si le premier ministre ne formulait pas un nouveau plan pour l’après-guerre dans la bande de Gaza. Au lendemain du sauvetage des otages, M. Nétanyahou l’avait exhorté à ne pas démissionner.

Lors de presque tous ses précédents voyages en Israël, M. Blinken avait rencontré M. Nétanyahou, le ministre de la Défense, Yoav Gallant, M. Gantz ainsi que le chef de l’opposition israélienne, Yair Lapid. M. Blinken devrait rencontrer à nouveau M. Gantz mardi, selon des responsables.

Malgré les visites répétées de M. Blinken — environ une fois par mois — dans la région depuis le début de la guerre, le conflit s’est poursuivi avec plus de 37 120 Palestiniens tués, selon le ministère de la Santé de Gaza, qui ne fait pas de différence entre civils et combattants dans ses bilans.

Le Hamas et d’autres militants ont tué quelque 1200 personnes lors de l’attaque du 7 octobre, pour la plupart des civils, et ont pris environ 250 personnes en otage.

La guerre a gravement entravé l’acheminement de nourriture, de médicaments et d’autres fournitures vers les Palestiniens, qui sont confrontés à une famine généralisée. Les agences de l’ONU affirment que plus d’un million de personnes à Gaza pourraient connaître le plus haut niveau de famine d’ici la mi-juillet.

En Jordanie, M. Blinken participera d’ailleurs à une conférence internationale d’urgence sur l’amélioration du flux d’aide vers Gaza.