Éoliennes de L’Érable réclame un million $ en frais de cour : intimidation, bâillon?

Le promoteur Éoliennes de L’Érable réclame pour près d’un million $ en frais de cour, quatre ans après la conclusion du procès en recours collectif intenté contre lui par deux citoyens riverains des éoliennes. 

Les deux requérants se sont plaints de troubles de voisinage pendant la construction (bruits, poussière et chemins défoncés) et pendant la mise en service de la centrale éolienne (nuisance visuelle et sonore, baisse de la valeur des résidences, impacts psychosociaux, etc.)

Le promoteur, conscient des effets négatifs de ses éoliennes en milieu habité, s’était engagé à verser une compensation financière aux riverains affectés. L’entente signée avec les municipalités sans l’approbation des citoyens concernés a été jugée dérisoire par ceux-ci. Cette entente stipulait que « les sommes versées devront servir en priorité à l’atténuation des impacts négatifs du projet… pour compenser la présence et les impacts des éoliennes sur les propriétaires…se trouvant affectés directement par le projet » (art.1.3-1.4, Entente…, 27 juin 2007). Au terme d’un procès mouvementé qui s’est étiré sur une dizaine d’années, la juge, insensible aux doléances des riverains, avait tranché en 2018 en faveur du promoteur. 

Le Comité des riverains du projet éolien de L’Érable blâme sévèrement le promoteur Éoliennes de L’Érable qui n’en est pas à ses premiers démêlés avec la justice; ses nombreuses condamnations dans son pays d’origine confirment son statut de mauvais citoyen corporatif. Rappelons que pour vendre son projet aux municipalités, le promoteur avait promis la création de 25 emplois permanents pendant 20 ans et la construction d’un bâtiment phare de plusieurs millions, l’Étoile de l’Érable. Celui-ci n’a jamais vu le jour et de trois à quatre emplois seulement ont été créés. Les maigres efforts de la part des élus pour tenter d’obtenir réparation et compensation ont échoué lamentablement recevant une fin de non-recevoir de la part du promoteur.   

Pourquoi dans le cadre d’un procès terminé il y a quatre ans la multinationale espagnole s’en prend-elle à deux citoyens irréprochables qui se sont portés à la défense du territoire et de leur qualité de vie au nom de plusieurs centaines de riverains?

Il est clair que ce coup de gueule du promoteur vise à décourager tout citoyen qui voudrait dénoncer ou s’opposer à tout projet éolien industriel en territoire habité. Cette réclamation-bâillon coïncide avec la récente annonce d’Hydro-Québec de retenir huit projets éoliens industriels en territoire habité et avec l’annonce du gouvernement de réduire l’importance de l’acceptabilité sociale afin d‘accélérer les mises en chantier d’énergie éolienne. De plus avec la récente création d’une régie inter-MRC (Érable-Appalaches-Lotbinière), le promoteur Éoliennes de L’Érable salive à l’idée d’implanter un maximum d’éoliennes industrielles supplémentaires sur le territoire. Les éoliennes projetées de 6MW-7MW, plus puissantes et hautes de 650 pieds, comparativement à 450 pieds pour les turbines actuelles de 2 MW, font craindre le pire aux riverains déjà fortement impactés par le nombre d’éoliennes le plus élevé sur le territoire d’une municipalité au Québec. (Saint-Ferdinand : 30, Sainte-Sophie : 18). 

La politique énergétique actuelle du gouvernement consacre le pacte qui unit le promoteur, les municipalités et le gouvernement, laissant le citoyen ordinaire, soi-disant au centre des préoccupations, avec peu de moyens et de ressources pour faire valoir ses droits. Et voilà qu’Éoliennes de L’Érable s’en prend à ce droit fondamental qu’est le recours collectif en exigeant une réclamation-bâillon d’un million de dollars à deux citoyens ordinaires pendant que ses éoliennes, source continue d’impacts négatifs, lui rapporteront des revenus frôlant le milliard de dollars à terme en 2033.

Claude Charron, pour le Comité des riverains du projet éolien de L’Érable