Un jeu pour sensibiliser à l’alimentation locale en centre d’hébergement

« Merveilles de mon jardin, merveilles de ma campagne », voilà bien le nom donné au jeu de sensibilisation aux aliments locaux créé pour les résidents du Centre d’hébergement du Roseau à Victoriaville en collaboration avec le Centre d’innovation sociale en agriculture (CISA) du Cégep de Victoriaville et l’Institut national d’agriculture biologique (INAB).

Ce jeu découle du projet Plus d’ici dans nos cafétérias mené par le CISA. « Ce projet comportait différents volets, dont le développement d’une stratégie territoriale concertée pour accroître la part d’aliments locaux dans les institutions publiques et privées et dotée de plus de 35 actions portées par des acteurs locaux impliqués depuis le début. Et l’une des actions, portée par le comité de résidents du Roseau, était de concevoir un jeu sur l’alimentation locale destiné aux résidents du CHSLD », explique Aude Fournier, chercheuse au CISA.

Le comité de résidents du Roseau a été interpellé en 2023 afin de collaborer au projet. « Le comité s’est montré intéressé à s’y investir dans le but de promouvoir l’amélioration de la qualité des conditions de vie des résidents. De l’hiver 2023 jusqu’à la fin de l’automne, le comité a fourni des réponses aux questions et commentaires formulés par l’équipe du CISA », indique la présidente du comité, Sylvie Garneau.

Pour concrétiser l’idée du jeu née des réflexions des membres du comité de résidents, un partenariat a été établi avec une enseignante de l’INAB, Catherine Boissonneault et une étudiante en production légumière, Virginie Arseneau, a été mise à contribution. « Dans le cadre de mon cours de communication,  je devais développer un outil de sensibilisation à l’agriculture biologique. Mon enseignante m’avait déjà informée que Mme Garneau du Roseau voulait développer un jeu pour les résidents. On a commencé à discuter, à échanger des idées. Je voulais respecter sa vision », explique-t-elle.

L’étudiante a donc créé des fiches techniques avec l’image d’un fruit ou d’un légume au recto tandis que le verso décrit le produit, présente des informations sur sa famille botanique, sur sa floraison, sa valeur nutritionnelle, sa récolte et son utilisation.

On informe aussi du lieu de sa culture, du nom des producteurs. « Mon but était vraiment de décrire le mieux possible le produit, de trouver aussi un producteur local dans un périmètre restreint et qui pourrait fournir éventuellement des produits pour faire goûter aux résidents », souligne Virginie Arseneau qui a vu également au choix des photos, à faire en sorte que tout soit lisible et compréhensible pour la clientèle. 

Un PowerPoint a été préparé pour rendre la présentation dynamique. « Ça a bien été, commente-t-elle. Ceux à qui j’ai parlé ont été enchantés. Cela a suscité chez certains de beaux souvenirs d’enfance, une certaine nostalgie. C’est ce qu’on voulait aller chercher aussi, les faire parler de leur expérience avec les légumes et les fruits. Certains viennent du milieu agricole, ça a suscité de beaux souvenirs, de l’émotion. »

Cet atelier de jeu s’accompagnait de la dégustation d’un fruit ou d’un légume local apprêté en potage ou en dessert.

Les résidents du Roseau ont pu ainsi bénéficier de la générosité du Jardin des buttes qui a fait don de bouteilles de nectar de rhubarbe et de miel en pots pour la confection de gâteaux qui ont été servis.

Cette première édition du jeu propose 15 planches de présentation de fruits et légumes grâce à la collaboration de 13 producteurs. En plus du Jardin des buttes, la ferme-école de l’INAB, la Ferme Trotteuse Coop, la Ferme des Possibles, les Allées Champs, la Ferme maraîchère Saint-Valère, la Framboisière Luneau, la Ferme d’Evélyne, les Cueilleurs de Tingwick, les Canneberges du Roy, les Jardins Dublin, la Ferme les champs boisés et Les Cultures de chez-nous ont accepté de participer au projet.

Par ailleurs, on bonifiera graduellement le jeu en ajoutant d’autres fruits et légumes. « En 2025, on aura 15 autres fiches et 15 nouvelles sont aussi prévues en 2026 », assure Sylvie Garneau.

Soutenu par le comité des usagers d’Arthabaska-et-de-l’Érable, le comité de résidents du Roseau fera vivre le jeu ailleurs, dans d’autres centres d’hébergement de la région en l’adaptant selon les caractéristiques des participants. « Le 14 juin, nous allons à Warwick. Et avec les personnes aux prises avec des troubles neurocognitifs, des problèmes plus importants qu’ici, le jeu va se faire avec des objets », souligne Mme Garneau.

La présidente du comité de résidents du Roseau salue le travail d’équipe qui a rendu possible le projet. « Le travail de partenariat, c’est ce qui est levier de changement et de développement pour n’importe quel dossier, avance-t-elle.

C’est ce qu’illustre la démonstration de cet après-midi (22 mai). Aujourd’hui, c’était l’accessibilité de l’alimentation locale, mais en fait, on aurait travaillé sur une autre dimension des besoins de nos résidents que vous auriez trouvé la même chose, soit différentes disciplines qui font converger leurs efforts pour qu’on arrive à des résultats peu à peu. »

Au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ), qui fait partie de la démarche en lien avec la stratégie territoriale pour accroître l’approvisionnement institutionnel en aliments locaux, on reconnaît l’importance d’accorder une plus grande place aux aliments du Québec et aux produits locaux.

« On veut certainement augmenter notre pourcentage d’aliments locaux, on veut investir dans l’alimentation locale, mais aussi sur notre territoire, sur les producteurs de notre territoire. Dans chacune de nos décisions, on essaie de considérer l’impact que cela peut avoir en matière de développement durable, au niveau de la santé économique de notre région et de la santé par l’alimentation de notre clientèle desservie », indique Jessika Vigneault, nutritionniste et conseillère-cadre, alimentation et buanderie par intérim à la direction de la logistique au CIUSSS MCQ.

L’établissement, note-t-elle, a quantifié tous les achats de denrées alimentaires des dernières années. « On a établi que nous avons acheté pour 57% de denrées en provenance du Québec. Nous étions très fiers de ce résultat. Et on s’est engagé avec le ministère à augmenter de 2% notre cible pour la prochaine année, ce qui représente une dépense d’environ 250 000 $ sur notre budget total annuel de 18 M $ en denrées alimentaires », fait-elle savoir.

En raison du centre d’acquisition gouvernemental, dont fait partie le CIUSSS, en raison du processus d’appels d’offres et des contrats d’achat accordés au plus bas soumissionnaire, explique Jessika Vigneault, on ne peut acheter les produits désirés. « Sauf qu’on établit de nouveaux critères, signale-t-elle,  de même que des partenariats, du codéveloppement de produits avec l’industrie alimentaire pour que les besoins de l’industrie et de nos producteurs locaux correspondent aussi à nos besoins en milieu institutionnel. Et de plus en plus on tend à amener les aliments du Québec dans nos centres de production, distribution, au niveau menu des patients, dans les cafétérias, distributrices et collations. Donc, ce sont de petits changements qu’on apporte, mais qui, au fil du temps, croit-on, auront une portée intéressante. »