L’alpiniste Marie-Pier Desharnais signe un premier livre
L’alpiniste victoriavilloise Marie-Pier Desharnais proposera, le 21 février, un livre autobiographique intitulé « Nous sommes des montagnes ». Dans ce livre, elle partagera, entre autres, les différentes aventures qu’elle a vécues dans sa vie et sur la façon dont elle a remonté la pente à maintes reprises.
L’attente n’est que de quelques jours avant la sortie de son livre et Marie-Pier Desharnais était fébrile en parlant de sa plus récente réalisation, en entrevue avec le www.lanouvelle.net. « Je suis fébrile. J’ai travaillé sur ce projet pendant longtemps. J’ai tellement relu le livre qu’à un certain moment donné, on en perd une certaine excitation. Finalement, je crois que ma plus grande aspiration est que ça laisse un impact chez les jeunes. Je veux qu’en refermant le livre, ils soient incités à passer à l’action. Si c’est le résultat que j’obtiens, alors ce sera mission accomplie », a-t-elle exprimé.
Dans son œuvre, l’alpiniste aborde plusieurs aspects de sa vie. Que ce soit les difficultés qu’elle a vécues, les leçons qu’elle en a tirées, l’aspect familial, les belles rencontres ou les conseils qu’elle offre aux gens, tout y est. « Ça parle du moment où j’ai été frappée par un tsunami en 2004, alors que j’avais 19 ans. J’explique comment j’ai pu remonter cet épisode-là pour en devenir plus forte et faire des choses aussi intenses comme gravir certains des sommets les plus hauts et difficiles au monde. C’est vraiment un parcours sur le nombre de fois où je me suis brisé le nez et que je me suis toujours relevée », a-t-elle dit sur les thèmes abordés dans son livre, qui contient 200 pages.
Selon elle, ce sont aux gens à décider de leur propre sort s’ils souhaitent atteindre leur rêve ou non. « Je veux inciter les gens à l’action. J’avais 30 ans ou presque quand je me suis réinventée en alpinisme. Je ne connaissais rien dans les montagnes. Souvent les gens se mettent des barrières mentales parce qu’ils ne se croient pas capables de réussir un tel défi ou bien souvent c’est une question d’âge. C’est nous qui nous imposons les barrières. C’est donc à nous de les détruire. J’aspire à ce que les gens mettent leurs rêves en action une fois que le livre sera lu et à chercher l’inconfort afin qu’ils découvrent de quoi ils sont faits », a-t-elle fait valoir.
Concernant le titre de son livre, « Nous sommes des montagnes », l’alpiniste a voulu mettre en lumière sa signification forte de sens. « C’est un peu comme ça que je caricature ma vie. Tout mon parcours a été à propos de la résilience. On est fort, on est résilient et on pense souvent que nos peurs feront en sorte qu’on ne sera pas capable de mettre en action tel rêve ou tel projet, mais ce n’est pas vrai, a-t-elle insisté. On ne connaît peut-être pas les réponses sur la façon dont on va arriver à terme, mais en cours de processus, c’est de se faire confiance, de prendre les bonnes décisions et de s’adapter. Comme en montagne, on ne sait jamais de quoi notre quotidien sera composé. Tu vas toujours finir par arriver à ton objectif, non sans beaucoup de labeur et de travail, mais finalement en faisant un avec ton environnement et en écoutant les signes qui te sont donnés, tu arrives à tes fins et c’est un peu ça l’analogie du titre de mon livre. On est fort, il s’agit juste de se faire confiance. »
Une nouvelle vie
C’est à l’âge de 29 ans que la vie de Marie-Pier bascule vers l’alpinisme. La raison derrière ce changement : un simple film qui lui a fait voir la vie d’une façon différente. « J’ai vécu un tsunami à 19 ans et à 29 ans, je suis partie au Népal pour la première fois après avoir vu le film « Everest » dans lequel presque tout le monde meurt, a-t-elle dit en riant. J’étais juste fascinée. J’étais à une mauvaise période de ma vie où je me cherchais et ça faisait plusieurs années que j’étais établie au Qatar dans mon domaine professionnel. Les choses étaient beaucoup plus faciles et je m’étais adaptée. Donc, je pense que j’étais dans une période où j’avais besoin de défis », a raconté celle qui réside maintenant à Los Angeles.
Après avoir vu ce film, l’athlète est partie en sac à dos pour faire un trek au Népal. « J’ai rencontré du monde super cool. Des alpinistes qui étaient super passionnés et passionnants. Ils étaient investis d’une mission et ils avaient un feu qui brûlait à l’intérieur d’eux. Je les trouvais tellement cool juste à les écouter et je me disais que je voulais être comme eux et ainsi avoir cet effet-là sur les gens afin de les inspirer. Finalement, je suis arrivée et j’ai vu l’Everest pour la première fois et il y a quelque chose qui s’est passé au fond de moi », a-t-elle partagé.
« Même si je n’avais aucune connaissance, non seulement j’allais passer plus de temps dans les montagnes, mais je voulais gravir celles-ci et me coller ou être en symbiose avec elles. Je me suis donc fait la promesse que j’allais gravir le mont Everest un jour. Finalement, cinq ans plus tard, j’y suis arrivée. J’ai vraiment appris à partir de rien », a ajouté celle qui a escaladé le mont Kilimandjaro comme étant sa première « vraie » montagne.
Moins centrée sur soi-même, plus sur les autres
Outre l’Everest, rappelons que Marie-Pier Desharnais est la première Québécoise à avoir escaladé le K2 (deuxième plus haute montagne au monde). Au Canada, elle est probablement la première femme à l’avoir fait, mais elle n’en est pas certaine à 100% étant donné qu’une autre femme clamerait l’avoir fait. Elle est également la seule femme des Amériques à avoir grimpé le plus haut volcan sur chacun des sept continents. Malgré tout, cela reste juste des statistiques pour elle. Elle assure que « le vrai alpinisme pur et traditionnel » reste un défi entre soi-même et la montagne et qu’il n’y a pas de compétition entre les autres. Elle n’a donc pas la prétention de battre des records, mais bien d’y aller à son rythme.
À l’avenir, la Victoriavilloise souhaite se tourner vers les autres au lieu d’être axée sur elle-même.
« J’ai envie de passer plus de temps à accompagner le monde dans les montagnes. Si je peux aider les gens à avoir leur déclic et à leur faire rendre compte de leur plein potentiel par les aventures en montagne, ce serait bien. La confiance que tu obtiens en faisant ça se répercute sur toutes les autres sphères de ta vie. C’est pour cette raison que d’aller en montagne est tellement transformateur. Ma mission actuelle est de déclencher quelque chose dans leur vie comme je l’ai été auparavant », a conclu celle qui considère l’ascension du K2 comme l’une de ses plus grandes leçons d’humilité.
Notons qu’une séance de dédicaces pour le livre de Marie-Pier Desharnais aura lieu, samedi (2 mars) de 13 h à 15 h, au Renaud-Bray de La Grande Place des Bois-Francs.
Par Félix Gallant