Incendies criminels : prison ferme ou dans la collectivité, le juge devra trancher    

Au palais de justice de Victoriaville, mercredi après-midi, le juge Bruno Langelier a pris la cause en délibéré dans le dossier du Victoriavillois Michael Gosselin qui a notamment reconnu, en décembre dernier, avoir allumé deux incendies sur la rue de la Place de la Ronde à Victoriaville en octobre 2021.

Le 8 octobre, Gosselin avait allumé une chaise de bois dans un local de rangement au sous-sol d’un immeuble de 12 logements, menant à un incendie qui a causé des dommages évalués à 75 000 $.

Trois semaines plus tard, le 29 octobre 2021, le Victoriavillois a incendié le véhicule d’une dame, mais, à l’arrivée des pompiers, deux véhicules étaient la proie des flammes.

Le procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Michel Verville, a suggéré au tribunal une peine de détention ferme de deux ans moins un jour. Et en défense, Me Guy Boisvert a plutôt plaidé pour un emprisonnement dans la collectivité.

À la suite des observations sur la peine, le magistrat a fait savoir qu’il allait tenter de faire connaître sa décision le 28 mai.

En fin d’avant-midi, le représentant de la poursuite a été le premier à plaider. S’appuyant notamment sur deux décisions relevées dans la jurisprudence, il a fait valoir les séquelles chez les personnes impliquées. « Deux feux sont survenus à la même adresse. Les événements ont été traumatisants pour les personnes impliquées de l’entourage de Monsieur. Tous se sentaient visés par lui », a-t-il exposé.

Le représentant du ministère public a soulevé, comme facteurs aggravants, le contexte conjugal, l’homme ayant agi par frustration envers deux ex-amies de cœur et le mépris pour la sécurité d’autrui. « Il ne pouvait pas ignorer que l’immeuble était habité », a précisé Me Verville tout en ajoutant que le risque de récidive ne pouvait être écarté, malgré la thérapie suivie. « Le rapport présentenciel montre qu’il y a encore du chemin à faire en matière de conscientisation et de responsabilisation »,  a indiqué le procureur de la poursuite.

« Le contexte, a-t-il ajouté, favorise une peine qui tient compte des facteurs de dénonciation et de dissuasion. L’implication et la responsabilité de l’accusé sont entières. »

En défense, Me Guy Boisvert a fait valoir ses arguments en après-midi, soutenant d’emblée qu’il fallait plutôt parler de l’individu à condamner plutôt que des crimes à punir.

Notant une enfance plutôt difficile comme l’évoque le rapport présentenciel, Me Boisvert a fait état de la période de désorganisation de son client au moment des infractions. « Après 10 années de vie de couple avec la mère de ses enfants, il a vécu une séparation suivie d’une vie désorganisée. Il sortait dans les bars et consommait beaucoup », a-t-il fait savoir.

L’avocat a aussi précisé qu’au moment même de son arrestation, son client a proposé des conditions et s’est retrouvé en cheminement thérapeutique pour une durée de six mois à la Maison de thérapie Victoriaville-Arthabaska. « Il a pris part à des rencontres avec les AA (Alcooliques anonymes) pour maintenir sa sobriété et des comportements conformes à ce que s’attend la société. Depuis deux ans et demi, il a toujours respecté ses conditions, ce qui démontre une capacité de se rependre en main », a signalé Me Boisvert.

De plus, Michael Gosselin a rapidement pris rendez-vous avec l’organisme Homme Alternative pour la gestion des émotions comme le recommande le rapport présentenciel. « Le maintien de son abstinence est essentiel pour la gestion du risque. Et ce risque est aussi amoindri avec une démarche auprès d’Homme Alternative », a fait remarquer Me Guy Boisvert tout en soutenant que rien n’empêche son client de bénéficier d’une peine à purger dans la collectivité, une peine qui lui permettrait de continuer d’occuper son emploi de déménageur et ainsi de poursuivre sa réhabilitation.

Me Boisvert a fait entendre son client qui a exprimé ses excuses. « Je veux faire amende honorable et m’excuser auprès de toutes les victimes. J’étais en état de surconsommation. Mon but n’était pas de leur faire du mal. Elles n’ont pas à s’inquiéter pour le futur », a-t-il dit.

Reprenant le collier, Me Boisvert a soutenu qu’une peine de 18 mois, tenant compte de la détention provisoire, à purger dans la collectivité serait appropriée dans les circonstances. « L’alcool a induit les comportements de Monsieur. Et au niveau de la dissuasion, il a fait ce qu’il devait faire, c’est-à-dire, suivre une thérapie. Et puis, une peine dans la collectivité, avec son encadrement serré, constitue une peine sévère de nature à dissuader quiconque », a-t-il conclu.

Outre les incendies, Michael Gosselin a plaidé coupable à des accusations de menaces et de manquement à des conditions.

En début d’audience, il a également réglé un dossier de conduite avec les capacités affaiblies.

Il avait été arrêté au centre-ville de Victoriaville le 12 mars 2020 vers 18 h 30. L’alcootest avait révélé une alcoolémie de 200 mg d’alcool par 100 ml de sang.

Le juge Langelier l’a condamné à la peine minimale, une amende de 2000 $ et une interdiction de conduire pour une période de deux ans.