Fermeture d’Olymel : un mélange de frustration et de tristesse
La fermeture définitive de l’usine de désossage et d’emballage de Princeville soulève un mélange de frustration et de tristesse auprès des 301 travailleurs malheureusement touchés par cette décision de l’employeur Olymel.
« C’est une page d’histoire qui se tourne aujourd’hui », a témoigné le président du Syndicat des employé d’Olymel Princeville-CSN, Steve Houle, rencontré lors de la dernière journée de production de l’entreprise, jeudi midi, montrant du doigt l’autre côté de la rue pour souligner où tout avait commencé pour l’abattoir le siècle dernier.
Celui qui a représenté les employés syndiqués au cours des vingt dernières années confirme que ça n’a pas été toujours facile et qu’il y a eu des hauts et des bas comme dans toute entreprise de cette envergure. « Mais aujourd’hui, nous passons par toute la gamme d’émotions. Ce sont des compagnons de travail et aussi des amis que l’on perd avec cette fermeture. Ce n’est pas rien », de poursuivre celui qui était lui-même à l’emploi de l’entreprise depuis maintenant 35 ans.
M. Houle dit ne pas avoir encore réfléchi à son propre avenir. « Les dernières semaines, nous les avons passées à nous occuper de gérer la fermeture et à aider le plus de travailleurs possible pour le reclassement. Dans les prochains jours, je m’accorderai deux bonnes semaines pour décanter de tout ça et voir à ce que je vais faire moi-même », de faire savoir l’homme de 56 ans qui réside à Saint-Rémi-de-Tingwick.
Des travailleurs résignés
Originaire du Nicaragua, Carlos Rodriguez était installé à Princeville et travaillait pour Olymel depuis un an et demi. L’homme de 40 ans confie que la situation n’est pas facile et il ne sait pas ce que lui réserve l’avenir. Il est en recherche d’emploi. « C’est aussi difficile de quitter des collègues que nous apprécions », a-t-il dit dans un assez bon français. « Nous avons pris beaucoup de photos entre nous avant de partir », a-t-il ajouté.
De son côté, Yvon Fortin mentionne que ce n’est pas facile de quitter une famille après 35 ans. « Il y a en a pour qui cette perte d’emploi est plus difficile que pour d’autres, mais il y a assez d’emplois pour se replacer. Pour ma part, j’envisageais déjà la retraite pour la fin de 2024. En attendant, je serai sur le chômage », d’expliquer celui qui prévoit se trouver une petite jobine deux jours par semaine et jouer dans une ligue de jeu de Cribble.
Carol Liberge en est un autre qui s’en va directement à la retraite. « Ça me fait de la peine. Il y en a plusieurs qui travaillaient ici depuis longtemps. Il y a aussi des jeunes couples qui viennent de s’embarquer pour une maison. Ce sera certainement très difficile pour eux autres. » Ce dernier stipule qu’il n’aura pas le temps de s’ennuyer à la retraite. « J’ai travaillé longtemps dans la construction et j’ai encore de bonnes compétences et il y a toujours des travaux à faire. »
Lucas Decelles de Saint-Albert est de son côté âgé de 33 ans. Il était à l’emploi d’Olymel depuis maintenant sept ans. « J’ai d’autres projets. Je pensais déjà à quitter l’entreprise quand les dirigeants ont annoncé la fermeture. Ça faisait en quelque sorte bien mon affaire. Je prévois retourner à l’école pour étudier en camionnage ou comme opérateur de machinerie selon les tests que j’ai passés avec la firme qui s’occupe de nous pour le reclassement. » Celui-ci a également précisé que le dernier dîner avec les membres de son quart de travail a quand même été émotif. « C’était chaleureux de se dire au revoir une dernière fois. »
Serge Auger, 60 ans de Victoriaville, était lui aussi à l’emploi d’Olymel depuis sept ans. Il souligne avoir passé huit entrevues intéressantes en vue de se trouver un nouvel emploi. «Je ne suis vraiment pas inquiet de me trouver autre chose. Même Olymel m’a offert un poste à son usine de Yamachiche. C’est certain que je vais y aller pour voir si j’aime ça », a-t-il indiqué.
Enfin, nous avons eu la chance de rencontrer Raymond Bazin de Princeville. L’homme de 67 ans travaillait à l’abattoir depuis 40 ans. « C’est terminé. Je m’en vais tout simplement à ma retraite et je vais pouvoir fêter ça parce que j’ai remporté l’un de nos derniers moitié-moitié », nous a-t-il dit en nous exhibant ses 400 $.
Finalement, rappelons que la direction disait avoir annoncé à contrecoeur la fermeture de son usine de Princeville en septembre dernier, une décision difficile, mais nécessaire, avait-elle fait savoir. Mentionnons aussi qu’en mars 2022, la vocation de cette ancienne usine d’abattage et de découpe de porcs avait été modifiée et les opérations orientées alors vers des activités à valeur ajoutée. Olymel fera connaître plus tard ses intentions quant à la disposition des installations et des terrains de l’usine de Princeville.