Ensemble en affaires et dans la vie

Véronic Duguay et Antoine Descôteaux, parents d’un enfant de deux ans et demi et d’un autre en route, s’activent depuis environ cinq ans à leur entreprise de rembourrage démarrée à même le sous-sol de leur résidence à Saint-Louis-de-Blandford. Mais en 2022, le couple décide de « se lancer pour vrai » avec Le fauteuil et sa bergère qui occupe maintenant des espaces au Hublot, l’incubateur industriel de la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région.

« Il y avait de l’ouvrage, mais on y est allé aussi au feeling intérieur », exprime Véronic Duguay qui a enseigné le rembourrage à l’École nationale du meuble et de l’ébénisterie du Cégep de Victoriaville, là même où elle a fait sa formation.

L’entreprise Le fauteuil et sa bergère évolue tant dans le secteur résidentiel que commercial. Les avenues sont multiples : des divans aux fauteuils en passant par les chaises de cuisine, les banquettes de restaurant, les sièges d’autos, de motos, de motoneiges, de bateaux et de véhicules récréatifs (VR), entre autres. « En fait, peu importe, dès qu’il y a du tissu, on peut intervenir. Dans les cinémas, par exemple, il y a des panneaux d’insonorisation et les sièges », observe Véronic.

L’entreprise dessert, non seulement une clientèle régionale, mais certains clients viennent d’un peu partout et d’aussi loin que Rimouski et Gatineau.

Véronic et Antoine connaissent des périodes achalandées. C’est le cas au printemps. « D’avril à la Saint-Jean, c’est une période intensive avec les propriétaires de bateaux, de VT et de roulottes avant le début de la saison. Ensuite ça repart à l’automne vers la mi-septembre, note Véronic. Des clients

font refaire leur bateau pour être prêts l’année prochaine ou leur roulotte avant de partir pour le sud. »

Selon la période de l’année, le temps d’attente peut varier. En général, le délai se situe d’un à deux mois. « Ça commence déjà à réserver pour les mois d’avril et mai », fait remarquer Véronic Duguay.

De l’art

Le métier de rembourreur fait appel bien souvent à l’art, à la créativité, à l’invention. « J’aime bien, à la toute fin, constaté le résultat final et d’être fier du travail, d’observer tout le parcours réalisé du début jusqu’à la fin. C’est la grosse paie », exprime Antoine Descôteaux, électrotechnicien de formation et mécanicien également.

Véronic aussi, qui possède une vaste expérience de couturière, ayant longtemps travaillé comme étudiante pour l’entreprise familiale Confection Aventure de Warwick, peut laisser libre cours à son talent. « J’ai une cliente pour qui j’ai réalisé quatre projets. Elle me fait confiance. Certains nous exposent des photos, des couleurs et nous demandent de faire quelque chose », note-t-elle.

Véronic cite en exemple le propriétaire d’un bateau vieux d’une trentaine d’années désireux qu’on le rende plus moderne. « On nous montre des photos et les tissus choisis. On doit réaliser les patrons et tout changer pratiquement. Ça s’appelle du développement », souligne-t-elle.

Autre exemple, celui d’un client qui avait entièrement restauré un bateau tout en bois. « Il était vide, sans aucun siège ni coussin. Il fallait créer l’intérieur de l’embarcation de A à Z », se souvient-elle.

Ce travail de création, explique Antoine Descôteaux, nécessite d’ordinaire quelques essais. « C’est le jeu de l’essai erreur. Quand on a le feu vert du client, on réalise parfois des versions un, deux et trois avant le produit fini. »

Il y a certes le résultat qui compte, mais aussi le parcours avec le client. « C’est plaisant, confie Antoine. On développe des affinités, le client se sent impliqué. Il est informé à chaque étape de ce qu’on décide de faire dans le cas de projets plus spéciaux. »

L’avenir

Véronic Duguay et Antoine Descôteaux ne regrettent aucunement de s’être lancés dans l’aventure.

« J’ai bien envie de faire grandir l’entreprise, de répondre à la demande, de contribuer à un réflexe chez les gens, qu’ils sachent qu’il existe une option quand ils se demandent quoi faire avec leurs meubles qu’ils considèrent finis », fait valoir Antoine.

« Nous n’avons, à la maison, que des meubles restaurés des années 1990. Ils sont comme neufs, ça ne paraît pas de l’extérieur », précise-t-il.

La restauration et le rembourrage permettent de prolonger la vie des meubles. Si la demande est moindre qu’il y a 20 ans, constate Antoine, la tendance redevient plus en vogue. « Les gens se lançaient dans le neuf. C’était moins cher que le rembourrage. Mais la qualité va en diminuant. »

Des études, évoque Véronic, démontrent que les divans duraient une quinzaine d’années il y a 15 ans. Aujourd’hui, des signes de dégradation ou d’usure apparaissent trois ans plus tard.

Redonner vie au mobilier comporte ses avantages et permet d’éviter des coûts environnementaux. « La restauration et le rembourrage peuvent coûter environ le même prix qu’un produit neuf, mais il durera encore 15 ans plutôt que trois », indique Véronic Duguay.

L’entrepreneuriat

La vie d’entrepreneurs, par ailleurs, amène son lot de défis, et particulièrement pour un couple. « On n’a pas de répit. Ce n’est pas toujours facile, mais ça va bien », assure Véronic.

Aux intéressés par l’entrepreneuriat, Antoine Descôteaux les prévient : « Attache ta tuque. Les gens qui n’ont pas d’expérience dans la gestion d’une entreprise doivent apprendre vite. Tu dois prendre parfois des décisions rapidement. Mais ça s’apprend le métier d’entrepreneur », expose-t-il.

« Cela requiert de la volonté et de la passion, ajoute Véronic. Pour le reste, on apprend, comme on dit, beaucoup sur le tas en espérant faire le plus de bons coups possible. »

Pour Antoine, il s’agit d’une vie professionnelle motivante. « Bien sûr, il y a certains risques, mais aussi des possibilités. Et la croissance est au rendez-vous, tant personnelle que professionnelle, formule-t-il. Tu te développes, tu dois constamment te remettre en question. Et il n’y a pas de place pour l’orgueil. »

L’entreprise qu’ils dirigent a fait comprendre à Véronic et Antoine qu’ils doivent faire face à des imprévus, être en mesure de les gérer. « En fait, on doit être capable de s’adapter rapidement aux situations qui se présentent parce que ça ne se passe jamais comme prévu », constate-t-elle.

L’expérience montre aussi, affirme Antoine, que les grandes décisions n’amènent pas toujours les plus gros changements. « Ça peut être aussi insignifiant que de dire bonjour à la bonne personne ou encore une rencontre ou un coup de fil au bon moment », conclut-il.

L’entreprise est présente sur Facebook (FauteuilBergere).