Caroline Naubert : du sofa aux Championnats du monde

«Pendant les années 80-90, j’étais la petite grosse de la classe. Je me faisais souvent écoeurer. J’ai continué à prendre du poids, jusqu’à peser 285-290 livres. Aujourd’hui, à 41 ans, j’ai un poids santé.»

Caroline Naubert a perdu 125 livres (sans chirurgie) et est devenue une athlète accomplie. Il lui a fallu huit ans pour se rendre là où elle est. Huit ans d’efforts et de volonté qui la mèneront, en août 2024, aux Championnats du monde de Triathlon-Multisports qui se dérouleront à Townsville, en Australie. «Never give up» (n’abandonne jamais) : c’est sa devise. Elle l’a fait tatouer sur son mollet, s’assurant ainsi de toujours l’avoir en tête!

C’est dans la discipline de l’aqua-vélo longue distance que la Bécancouroise concourra. Elle a obtenu son laissez-passer pour ces Championnats du monde lors du Trimemphré de Magog, en juillet dernier, après avoir décroché la première place dans sa catégorie d’âge. L’épreuve comprend 1,9 km de natation en eau libre, 90 km de vélo sur route, et un sprint de course à pied jusqu’au fil d’arrivée.

Caroline Naubert

«C’était une compétition difficile, sous un soleil tapant. À Magog, il y a beaucoup de côtes. Il faisait chaud. Je ne m’attendais jamais à me classer aussi bien même si, secrètement, j’espérais obtenir la place disponible pour les Championnats», confie-t-elle. 

Il s’agissait d’un retour à la compétition pour celle qui s’est initiée au triathlon en 2018. «Mon objectif, au départ, c’était de réaliser un triathlon de distance olympique en 2020, pour ensuite faire le demi-Ironman de Tremblant en 2021, avant mes 40 ans.»

La pandémie de la Covid-19 a malheureusement freiné ses ardeurs. Les compétitions ont été annulées deux ans de suite. «En 2022, après deux ans, je n’avais plus le même volume d’entraînement, et le goût de la compétition n’était plus aussi présent. Je ne me suis pas inscrite. J’ai eu le goût de faire autre chose.  Au printemps dernier, une athlète de Trois-Rivières, Marie-Sophie Jobin, m’a fait connaître l’aqua-vélo. Ça m’a redonné le goût de la compétition.» 

On connaît la suite!

Cheminement

«Je viens d’une famille pour qui le sport n’était pas nécessaire. On en faisait pour s’amuser. C’était occasionnel», raconte celle qui a changé du tout au tout après avoir eu ses trois enfants. «J’ai décidé de me remettre en forme en 2015, alors que mes enfants avaient 1, 4 et 6 ans. J’étais essoufflée et j’avais mal au dos quand je jouais au ballon et courais avec eux. Ça m’a fait prendre conscience de l’état de ma condition physique. Je ne voulais pas donner à mes enfants l’exemple d’une maman essoufflée à monter les escaliers. Alors je me suis inscrite au gym.»

Elle a perdu sa première livre après trois mois d’entraînement. Puis, elle a fait des changements alimentaires. «Je mangeais mal, et beaucoup trop. Il y avait toujours des chips, du chocolat et des bonbons quelque part. J’ai commencé à enlever ça des armoires. La première année, j’ai perdu presque 50 livres. Mais après, j’ai atteint un plateau.»

En 2016, elle a consulté une nutritionniste et modifié son programme d’entraînement. «J’ai retiré les mauvais aliments et ajusté mes portions. J’ai aussi ajouté de nouveaux sports à mon entraînement. J’ai recommencé à perdre du poids. En même temps, je constatais à quel point ma santé et mon cardio s’amélioraient. J’étais à 230 livres et j’arrivais à courir des 5 km et des 10 km. Je me disais : ça va être quoi, quand je serai sous la barre des 200 livres?»

Discipline

Motivée, elle a placé sa santé – et celle de ses enfants – dans ses priorités. «J’ai établi un horaire. C’est la clé», dit-elle, fière de transmettre à sa fille et à ses deux garçons des valeurs saines et un mode de vie équilibré. «J’ai fait des choix, aussi. Par exemple, je ne zappe plus devant la télé! C’était une habitude, avant. En l’éliminant, j’ai gagné trois heures dans ma journée!» 

En préparation pour les Championnats du monde, elle prévoit huit mois d’entraînement intensif, après les Fêtes. Endurance, vitesse, musculation; tout y passera, à raison de six jours par semaine.

Campagne de financement

Cet automne, elle part en quête de commanditaires pour l’aider à financer sa préparation et sa participation aux Championnats. «J’ai des paiements à faire dès octobre», confie-t-elle.

Mine de rien, l’aventure frôlera les 10 000 $, voire plus. «Je dois m’inscrire à Triathlon Canada, me procurer leurs vêtements officiels pour la compétition et la cérémonie d’ouverture, payer mon billet d’avion, mon hébergement, ma nourriture, sans compter les frais d’entraînement et les soins de santé, l’entretien de mon vélo, l’achat d’équipements…», énumère-t-elle.

La Centricoise a élaboré un plan de commandites gagnant-gagnant pour les entreprises locales. Elle a également créé la page Facebook Caroline Naubert – Triathlète qui lui sert non seulement à offrir une visibilité à ses partenaires, mais aussi à faire connaître son parcours.

«Je ne veux pas juste de l’argent. Je veux montrer aux gens que changer, c’est possible s’ils ont réellement envie de le faire. Il faut se donner la peine d’essayer. Ça peut être long. Ça va être dur. Mais ça se fait.»