Accusé d’agression sexuelle : l’ex-préposé Léo Godin subit son procès

Au palais de justice de Victoriaville, la tenue d’un voir-dire a marqué, mercredi-avant-midi, le début du procès pour agression sexuelle de Léo Godin, cet ex-préposé de la résidence La Seigneurie Le Victorin où serait survenus les événements à l’endroit d’une résidente le 27 novembre 2022.

L’audience, présidée par le juge Bruno Langelier de la Cour du Québec, a débuté vers 11 h 10.

La procureure aux poursuites criminelles et pénales, Me Cynthia Cardinal, réclame, avec ce voir-dire, que soit admissible en preuve la déclaration vidéo assermentée de la plaignante enregistrée le 28 novembre 2022, le lendemain des faits présumés. Une vidéo d’un peu plus d’une heure.

La poursuite motive sa demande en raison de l’état de santé de la plaignante, une dame âgée de 80 ans.

Si le tribunal accédait à cette requête, cela éviterait à la plaignante de devoir témoigner. 

Or, en défense, Me Guy Boisvert s’oppose à cette demande puisque cette façon de faire ne permettrait pas de contre-interroger la plaignante. « Il n’y a aucune façon pour Monsieur de vérifier la fiabilité et la véracité de ce qu’il y a dans cette déclaration. Cette façon de procéder contrevient clairement  aux droits élémentaires de justice de Monsieur parce qu’il n’y a aucune possibilité de contredire la version. Dans ces circonstances-là, c’est hautement préjudiciable », a-t-il expliqué.

Son client, a-t-il assuré, a clairement une défense à faire valoir, une défense de consentement. « Mais pour cela, il faut être en mesure de contre-interroger la plaignante adéquatement », a-t-il soutenu. 

Comme premier témoin dans cette audience sur le voir-dire, la représentante du ministère public a fait entendre la fille de la plaignante. Elle a notamment raconté que sa mère allait somme toute relativement bien avant les faits allégués.

Par la suite, cependant, son état s’est détérioré. « Elle s’est isolée et a vécu une grande dépression », a-t-elle indiqué.

La dame a dû déménager pour se retrouver dans une ressource intermédiaire. « Elle est prise en charge de A à Z. Elle n’est plus capable de prendre soin d’elle. Elle présente aussi des problèmes cognitifs et ne me reconnaît plus lorsque je la visite une à deux fois par semaine. Je dois lui expliquer qui je suis », a-t-elle fait savoir.

Me Cynthia Cardinal de la poursuite a ensuite fait entendre la sergente-enquêtrice Cynthia Lampron de la Sûreté du Québec qui, à la demande de l’enquêtrice au dossier Isabelle Giguère, a mené l’entrevue vidéo avec la plaignante en après-midi le 28 novembre 2022.

« On avait convenu que la déclaration serait assermentée compte tenu d’une dégradation possible de son état de santé vu ses problèmes cognitifs », a souligné la policière.

Malgré une certaine fatigue, la plaignante, selon l’enquêtrice, comprenait ce qu’elle lui expliquait. « Au cours de l’entrevue, elle comprenait bien les questions et malgré une plus grande difficulté au niveau de la notion du temps, elle expliquait bien les faits, en général », a précisé Cynthia Lampron.

Puis, à 11 h 45, on s’apprêtait à présenter la déclaration vidéo de la plaignante. À ce moment, Me Guy Boisvert a interpellé le juge Langelier pour qu’il prononce une interdiction de publication concernant le contenu du document, faisant valoir les préjudices que subirait l’accusé si le tribunal n’accueillait pas en preuve la vidéo.

Le magistrat a accueilli cette demande et a prononcé une ordonnance de non-publication. L’ordonnance prévaut aussi pour la vidéo de l’interrogatoire de Léo Godin, d’une durée d’environ deux heures.

Ce vidéo devait, en principe, être présenté en après-midi. Mais à 15 h 10, le juge Langelier a ajourné le procès à jeudi matin en raison d’autres dossiers à traiter.

L’audition du voir-dire se poursuivra donc jeudi.