Voies de fait sur policiers : il obtient une absolution conditionnelle

Après avoir reconnu sa culpabilité à des accusations de voies de fait sur un citoyen et de voies de fait sur deux policiers, un homme de 29 ans de la région des Laurentides a obtenu, mardi matin, une absolution conditionnelle.

Les faits reprochés à l’individu remontent à un peu plus d’un an, en juin 2017, au Quillorama de Victoriaville.

Ce soir-là, il y avait fête en vue d’un mariage, un enterrement de vie de garçon. Deux groupes s’y trouvaient. «L’accusé, qui était intoxiqué par l’alcool, a frappé un autre homme d’un coup de poing. Les policiers ont été appelés. Ils ont été nombreux à intervenir. L’accusé a résisté à son arrestation en plus de pousser l’un d’eux et de donner un coup de poing à un autre», a relaté, dans l’exposé des faits, le procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Jean-Philippe Garneau.

Me Jean-Philippe Garneau, procureur aux poursuites criminelles et pénales (Photo www.lanouvelle.net – Archives)

Finalement, quatre policiers ont dû intervenir pour maîtriser l’individu qui a alors été arrêté.

Dans ses observations sur la peine, Me Jean-Philippe a fait valoir qu’il était dans l’intérêt véritable de son client d’éviter d’avoir un dossier criminel en matière de violence, lui qui a récemment démarré une entreprise de soudure mobile.

«Un dossier criminel me nuirait pour obtenir des contrats sur des chantiers gouvernementaux. J’ai déjà travaillé auparavant sur des chantiers et ils

effectuent des enquêtes de sécurité», a indiqué le jeune homme au juge Simon Ricard de la Cour du Québec.

Questionné sur son comportement par le magistrat, l’homme a confié qu’il était intoxiqué et que la situation avait dégénéré «un peu vite».

Mais il a soutenu que, depuis les événements, il fait preuve de sobriété. «Comme pour ma condamnation (en 2014) pour conduite avec les capacités affaiblies, j’en ai tiré des leçons. Avec ma compagnie, je vois tout le positif. Je me suis repris en main. Je ne veux pas gâcher tout ça», a-t-il exprimé.

Aux préoccupations soulevées par le juge Ricard quant à sa consommation d’alcool et à sa possible agressivité, l’homme a manifesté son intention de poursuivre dans la sobriété, du moins de ne pas consommer de façon excessive. «Quant à l’agressivité, ça ne fait pas partie de mon passé, et ça ne fera pas partie de mon avenir», a-t-il noté.

En réponse au magistrat, l’accusé a confié qu’une absolution constituerait pour lui «une bonne tape sur les doigts» en plus d’une invitation à une sérieuse réflexion pour éviter que quelque chose de sérieux ne survienne.

En plaidant pour une absolution conditionnelle avec un don monétaire, Me Anctil a reconnu que son client, ce soir-là, a pris une bien mauvaise décision alors qu’il était en état d’ivresse. «Ce soir-là, il a dépassé ses limites, mais il ne présente pas un schème de violence. Depuis les événements, il a toujours respecté ses conditions. On constate aussi une réelle et claire réhabilitation. Il démontre une reprise en main et constitue un actif pour la société. De plus, le risque de récidive est très faible», a exposé l’avocat.

Me Jean-Philippe Anctil de la défense (Photo www.lanouvelle.net)

«Il est dans son intérêt véritable sans nuire à l’intérêt public de lui faire bénéficier d’une absolution conditionnelle. Un public bien informé ne trouverait pas déraisonnable une telle décision», a soutenu Me Anctil.

Du côté de la poursuite, Me Jean-Philippe Garneau a précisé qu’il n’en faisait pas une suggestion commune puisque, selon lui, le juge a mis le doigt sur le bobo en se questionnant sur la consommation d’alcool. «Et puis, des voies de fait sur des agents constituent un facteur aggravant», a-t-il signalé.

Après avoir entendu l’accusé et les deux procureurs, le juge Simon Ricard a conclu, devant la preuve qui lui a été présentée, qu’une absolution conditionnelle s’inscrivait dans l’intérêt véritable du jeune homme. «Vous avez démarré votre entreprise, vous êtes relativement jeune. Vous n’avez qu’un seul antécédent. Et un dossier criminel pourrait vous nuire concernant l’accès à des chantiers», a souligné le magistrat.

De plus, même si le législateur invite les tribunaux à accorder une attention particulière aux critères de dissuasion et de dénonciation quand on s’en prend à des policiers ou des gens liés au système judiciaire, le juge Ricard a conclu qu’une absolution n’allait pas à l’encontre de l’intérêt public. Un public bien informé de l’ensemble des circonstances ne trouverait pas déraisonnable une telle décision.

Ainsi, le président du Tribunal lui a accordé une absolution conditionnelle. De plus, dans le cadre d’une probation de 12 mois, l’homme devra effectuer, dans un délai de cinq mois, un don de 500 $ à l’organisme Homme Alternative.

Et même si l’accusé estime ne pas avoir de problème avec l’alcool, le juge lui interdit d’en consommer ou d’en posséder pour une période de six mois