Un gérant aux mains longues

Un ancien gérant de commerce, qui a commis des attouchements sexuels sur une jeune employée qu’il avait engagée à l’automne 2015, a bénéficié, jeudi, d’une absolution conditionnelle, ce que réclamait la défense, tandis que la poursuite plaidait pour un sursis de sentence.

Le Victoriavillois de 63 ans, qui avait comparu une première fois le 12 septembre 2016, a reconnu sa culpabilité, le 6 février 2017, à une accusation d’agression sexuelle.

Le gérant, a-t-on expliqué, a tenté rapidement un rapprochement avec la jeune femme de 21 ans qu’il venait d’embaucher, insistant pour lui prodiguer des massages, se coller sur elle. À une reprise, il a passé ses mains sous son gilet.

La victime, elle, figée, était incapable de le repousser. Pour éviter les manœuvres du gérant, la jeune femme retardait son entrée au travail, cumulant ainsi les retards, ce qui lui a valu son congédiement par l’accusé.

La jeune femme n’a pas dénoncé l’individu. Ce sont plutôt les policiers, à la suite d’informations obtenues, qui ont pris l’initiative de rencontrer la victime, réussissant ainsi à obtenir sa collaboration.

Dans sa déclaration, la victime a fait part des conséquences des abus sur sa vie, soulignant une rechute en matière de consommation, une période dépressive, une méfiance envers les hommes et une crainte de récidive.

Lors des représentations sur la peine, a indiqué le juge Bruno Langelier, la jeune femme a confié se sentir mieux, se disant résiliente, en paix avec elle-même, se pardonnant de ne pas avoir dénoncé et pardonnant aussi à l’accusé.

Le septuagénaire aussi a exprimé ses regrets et présenté ses excuses à la victime.

Dans son analyse de la situation, le magistrat a notamment fait valoir que les gestes commis se situent au bas de l’échelle de gravité en matière d’infractions sexuelles.

Le Tribunal considère que l’homme est bien intégré dans la société. «Il apparaît bien réhabilité depuis deux ans», a observé le juge Langelier soulignant qu’il n’était pas nécessaire d’imposer une peine dissuasive. «Il est vraisemblable qu’il ne récidivera pas. Il est dans son véritable intérêt, sans nuire à l’intérêt public, qu’il puisse obtenir une absolution», a fait valoir le président du Tribunal ajoutant qu’une condamnation pourrait mener à un congédiement et limiterait la possibilité d’un nouvel emploi.

À la suite de son arrestation, le Victoriavillois a été congédié. Il a retrouvé un nouvel emploi par la suite.

Jugeant donc qu’il constitue un élément positif pour la société, le magistrat a fait profiter au sexagénaire d’une absolution conditionnelle dans le cadre d’une période de probation de 12 mois au cours de laquelle il devra effectuer 60 heures de travail bénévole dans un délai de 10 mois en plus de verser un don de 500 $ à l’organisme Homme Alternative.

De plus, il lui est interdit d’entrer en contact avec la victime et il verra son nom inscrit au registre des délinquants sexuels pour une période de 10 ans.