Un avocat coupable de voies de fait

Richard De Serre, un avocat à la retraite de Victoriaville, a été reconnu coupable de voies de fait sur une femme âgée dans la cinquantaine.

L’avocat retraité, âgé de 73 ans, a subi son procès le 16 octobre devant le juge Rosaire Larouche de la Cour du Québec.

Au total, quatre témoins ont été entendus. Le ministère public, représenté par Louis-Philippe Desjardins, stagiaire au Directeur des poursuites criminelles et pénales, a fait entendre deux témoins, tout comme la défense.

Le magistrat, au terme du procès, a pris la cause en délibéré. Et il a rendu son jugement deux jours plus tard, le 18 octobre (jeudi). «Il l’a trouvé coupable de voies de fait. Il lui a fait bénéficier d’une absolution conditionnelle moyennant un don de 500 $ au Centre d’aide des victimes d’actes criminels (CAVAC). Il est aussi soumis à une période de probation d’un an au cours de laquelle il ne peut entrer en contact avec la victime.

Les faits reprochés au septuagénaire sont survenus le 17 novembre 2017. Comme toile de fond à l’affaire, une terre que louent, depuis 2015, la victime et son conjoint sur le chemin Craig à Tingwick. Une terre où ils font la culture des mûres.

Ce jour de novembre, le couple s’était rendu à leur culture sur la terre en location pour aller jeter un coup d’œil et constater de possibles bris puisqu’il y avait du vandalisme depuis un certain temps. «Dès la deuxième année de notre location, on a commencé à avoir du trouble», a confié le conjoint de la victime.

La dame avait pris soin, sur les conseils de la Sûreté du Québec, d’amener son appareil photo pour photographier les possibles bris, photos qui pourraient éventuellement servir d’éléments de preuve.

À un moment, alors qu’ils circulaient dans leur véhicule, ils ont aperçu un homme au milieu du chemin, un homme qu’ils ne connaissaient pas. Ils n’ont appris que plus tard qu’il s’agissait de Richard De Serre.

La victime, passagère du véhicule, a baissé sa fenêtre pour permettre la discussion. Le ton a monté. «Quand il s’est mis à gueuler, j’avais mon appareil photo. Je l’ai pris en photo. Il m’a alors grafigné en tentant de m’arracher l’appareil et il m’a prise à la gorge», a relaté la quinquagénaire secouée par les événements. «Je vois une psychologue toutes les semaines avec l’IVAC (indemnisation des victimes d’actes criminels)», a-t-elle dit.

Après l’agression, la femme et son conjoint se sont rendus au poste de la SQ. «Les policiers ont même fait venir l’ambulance. Le rapport des paramédics fait mention d’une lacération à la main, d’ecchymoses au cou et d’un traumatisme», a souligné la victime, rencontrée au palais de justice de Victoriaville.

Le couple se réjouit que justice ait été rendue. «Je lève mon chapeau au juge d’avoir bien démêlé les choses», a commenté le conjoint qui, toutefois, aurait souhaité une peine différente. «On aurait aimé que ce soit différent. Un don de 500 $ au CAVAC, mais on m’aurait demandé 5000 $ pour ne pas vivre ce que nous avons vécu, je leur aurais payé demain matin», a-t-il mentionné.

«S’il avait agressé un chien, il aurait peut-être eu davantage», a renchéri la victime, ce à quoi son conjoint a ajouté : «Tu vas voler une paire de bobette dans un magasin, tu en sortiras avec un dossier!»

«Mais je suis heureux au niveau du principe, le juge a vu clair (en le déclarant coupable», a-t-il conclu.

Par ailleurs, l’avocat retraité n’en a pas terminé avec la justice. Richard De Serre devra, de nouveau, se présenter en chambre criminelle et pénale de la Cour du Québec, le 20 novembre, pour y subir un procès dans un autre dossier pour lequel il fait face à des accusations de voies de fait et d’avoir proférer des menaces de causer la mort ou des lésions corporelles.