Un an de prison pour un agresseur sexuel

Un individu de Chesterville, Richard Trottier, a pris le chemin de l’établissement de détention pour avoir agressé deux garçons en l’espace d’une dizaine d’années. Au palais de justice de Victoriaville, vendredi après-midi, le juge Matthieu Poliquin de la Cour du Québec l’a condamné à des peines totalisant 12 mois d’incarcération.

Richard Trottier, 63 ans, n’a pas subi de procès puisqu’en juillet 2023, il a plaidé coupable à deux chefs d’accusation d’agression sexuelle et un chef de tentative d’entrave à la justice.

Lors des observations sur la peine, le ministère public a réclamé une peine globale entre 15 et 18 mois de détention, faisant valoir que les objectifs de dissuasion et de dénonciation devaient primer en raison de la nature des gestes intrusifs et des conséquences chez les victimes.

La défense, pour sa part, a plaidé pour un emprisonnement de six mois à purger dans la collectivité, soutenant que les gestes n’étaient pas planifiés ni prémédités et soulignant que l’accusé a exprimé des remords et regrets.

En faisant connaître sa décision, le juge Poliquin a rappelé sommairement les faits. À l’hiver 2009 ou 2010, Richard Trottier a agressé sexuellement une première victime en le touchant au pénis, en l’embrassant, le déshabillant pour ensuite lui mettre son pénis dans la bouche.

Le plaignant ne désirait pas ces contacts sexuels, il a figé et en aucun temps, il n’a exprimé son consentement, a souligné le magistrat.

Il a dénoncé son agresseur environ 10 ans plus tard en avril 2022.

Richard Trottier, contacté par les policiers désireux de le rencontrer, a par la suite effectué un appel téléphonique dans le but que la plainte à son endroit soit retirée, d’où l’accusation d’entrave à la justice. « Un geste hautement blâmable qui constitue un facteur aggravant important et qui augmente son degré de responsabilité », a fait remarquer le magistrat.

Le Chestervillois a récidivé à deux occasions entre 2020 et 2021 en agressant un autre plaignant. « La première fois il s’assoit à cheval sur lui et l’embrasse avec sa langue et la seconde fois, il se place derrière et lui touche le pénis », a relaté le magistrat, ajoutant que la victime a figé, ne souhaitant pas ces contacts et n’exprimant aucun consentement non plus.

L’agresseur a été dénoncé quelques mois plus tard en octobre 2021.

Analyse

En faisant l’analyse de tous les éléments, le président du tribunal n’a pu que conclure qu’au degré de responsabilité élevé de Richard Trottier qui, pour le premier plaignant, a posé des gestes « multiples et intrusifs » sans s’assurer ni se soucier de son consentement.

Le tribunal considère aussi la période délictuelle : trois agressions sur deux victimes en une dizaine d’années constituent un facteur aggravant augmentant le degré de responsabilité de l’accusé.

Pour le juge, par ailleurs, le contexte des agressions révèle un abus de confiance puisque l’agresseur connaissait ses victimes. « Il a profité de la confiance que lui portaient les deux victimes pour abuser d’elles », a-t-il confié.

Le magistrat s’est étonné aussi de lire dans les rapports présentenciel et sexologique que « M. Trottier peine à endosser la responsabilité de ses actions et se victimise en lien avec les conséquences judiciaires qu’il vit, qu’il minimise la gravité et l’aspect délictuel des gestes posés, tout comme les conséquences potentielles pour les victimes et qu’il présente une démarche de conscientisation peu élaborée alors qu’il a plaidé coupable volontairement et de manière éclairée ».

Dans sa décision, le juge fait état des lourdes conséquences subies par les victimes, notamment l’intégrité blessée, l’intimité salie, la confiance en soi piétinée, vie sexuelle affectée de façon marquante, sentiment de culpabilité, d’indignité, anxiété, agressivité, colère, tristesse, pensées suicidaires, tentative de suicide, insomnie, fatigue, isolement, consommation d’alcool et difficultés financières.

Le magistrat relève aussi que les facteurs atténuants sont peu nombreux et ont peu d’impacts sur le degré de responsabilité de M. Trottier.

Après avoir considéré tous les éléments, le tribunal a conclu que, non seulement les infractions et les circonstances dans lesquelles elles se produisent sont graves, mais aussi que le degré de responsabilité de M. Trottier est élevé.

« Ce qui commande d’accorder priorité aux facteurs de dénonciation et de dissuasion. Cette priorité doit se traduire par la nécessité d’imposer une peine d’emprisonnement, à l’exclusion d’une peine avec sursis qui ne serait pas conforme aux principes et objectifs de détermination de la peine », a fait valoir le juge Matthieu Poliquin.

« Lorsque la gravité des infractions est importante, que les conséquences subies par les victimes sont graves et que le degré de responsabilité de l’accusé est élevé, la nécessité de dénoncer est si pressante, a-t-il soutenu, que l’incarcération est la seule peine qui convienne pour exprimer la réprobation de la société à l’égard du comportement du délinquant. »

Le besoin de dissuasion justifie aussi, a-t-il signalé, l’incarcération du délinquant.

Une peine d’emprisonnement est aussi commandée, a dit le juge, par l’objectif de susciter chez le délinquant la conscience de ses responsabilités, notamment par la reconnaissance du tort causé aux victimes et à la collectivité.

« En conclusion, la peine imposée à M. Trottier doit, en priorité, dénoncer le comportement illégal, décourager les membres du public qui pourraient être tentés de se livrer à de telles activités criminelles, le dissuader lui-même de récidiver, lui faire saisir la gravité des infractions, le responsabiliser et lui faire réaliser les torts que ses gestes ont causés. Une peine avec sursis ne permettrait pas d’atteindre ces objectifs », a souligné le magistrat.

Richard Trottier a donc été condamné à six mois de prison pour les gestes posés sur la première victime, cinq mois pour l’agression sur le deuxième plaignant et un mois pour la tentative d’entrave à la justice, toutes des peines consécutives pour un total de 12 mois.

Par la suite, il sera soumis à une période de probation de deux ans, dont 18 mois avec suivi où il devra suivre toute directive pouvant lui être demandée comme cheminement thérapeutique.

Richard Trottier se voit interdire de communiquer ou d’être en contact avec les victimes et d’en faire référence sur les réseaux sociaux. Il devra se soumettre à des prélèvements de substances corporelles pour analyse génétique et son nom sera inscrit au registre national des délinquants sexuels pour une période de 20 ans.

« Bonne chance, en espérant qu’on ne vous revoit plus devant le tribunal », a dit le juge Poliquin à Richard Trottier au moment où les constables spéciaux l’emmenaient vers les cellules du palais de justice.